Activités de SIPAZ (Julliet – Octobre 1999)
30/11/19991995
03/02/20001824-1999
3 février 1824 : Création de l’état de Oaxaca
1858-1872 : Benito Juárez, indien zapotèque de Oaxaca occupe la présidence du Mexique.
Début du XXème siècle : Originaires du Oaxaca, adversaires et critiques du système, les frères Enrique et Ricardo Flores Magón fondent le Journal « Regeneración », une des rares publications qui s’attaquent à la dictature de Porfirio Díaz (d’ailleurs lui aussi originaire du Oaxaca). A l’époque, la cause « Magoniste » gagne de nombreux adeptes dans tout le Oaxaca et continue d’avoir une influence dans cet état à ce jour.
Mars 1967 : par le biais d’une résolution présidentielle, 28 communautés du Chiapas s’installent dans 594 hectares de la région de Chimalapas, des terres considérées historiquement comme appartenant au Oaxaca. Le conflit qui commence alors reste sans solution à ce jour.
1977 : un conflit au départ universitaire s’étend à la société du Oaxaca en général, étant donné que d’autres problèmes sociaux, syndicaux, agraires et politiques étaient aussi en jeu : par exemple, le conflit syndical des entreprises Oaxaca-Pacifique et Estrella del Valle où il existait une grève, les augmentations du tarif des transports publics dans l’Isthme, l’arrestation de dirigeants paysans et urbains, etc. Un scénario d’ingouvernabilité dégénère en une situation de forte division sociale.
Février 1977 : une manifestation est réprimée à Juchitán. Plusieurs paysans sont assassinés. A San Juan Lalana, la police étatique assassine des paysans qui protestaient face à la prison municipale suite à l’arrestation de plusieurs habitants du village. Face à la situation chaotique existante dans l’état du Oaxaca, le Congrès fédéral envoie une Commission de Législateurs pour mieux connaître la situation.
2 mars 1977 : alors que cette Commission se trouve encore au Oaxaca, une manifestation d’étudiants et de travailleurs est réprimée par la police qui tire sans aucune discrimination sur les manifestants, avec un bilan de deux morts et une douzaine de blessés par balles.
3 mars 1977 : la ville est pratiquement occupée par l’armée. Le gouvernement fédéral oblige le gouverneur à démissionner ainsi qu’aux recteurs universitaires de l’époque, parmi lesquels Martínez Soriano (un acteur dont on entendra à nouveau parler dans les décennies suivantes, y compris dans le cadre de la crise de 2006). Le gouvernement fédéral nomme alors un gouverneur provisoire avec le soutien de la Chambre locale des députés, le Général Eliseo Jiménez Ruiz. Celui-ci venait de désarticuler la guérilla de Lucio Cabañas dans l’état voisin du Guerrero (voir aussi dates importantes du Guerrero). On dénonce qu’il a introduit au Oaxaca une partie fondamentale de ses méthodes, en particulier un appareil répressif irrégulier connu sous le nom de « Brigade Blanche » (particulièrement active en 1977, 1978 et 1979) et qui poursuivait les personnes supposément « subversives » dans tout le territoire national. Des milliers de personnes sont arrêtées de manière illégale ; certaines sont exécutées et d’autres sont portées disparues jusqu’à ce jour. Ces faits font partie de ce que l’on a coutume d’appeler la « guerre sale » (dans les années 60 et 70).
Entre 1980 et 1985, le gouverneur Pedro Vázquez Colmenares réussit à jouer un rôle déterminant dans la contention des mobilisations populaires. Il instaure également sept délégations du gouvernement, une par région, pour représenter le pouvoir exécutif et rapprocher les instances de gouvernement principalement des mairies afin de les aider en matière de conseil légal, technique, administratif et financier, ainsi que pour recevoir des demandes, propositions, suggestions et plaintes de la part de la société civile. Il joue également un rôle important dans l’avancée du projet touristique des Baies de Huatulco. Il renonce à son poste de gouverneur lorsqu’il est nommé Directeur Général des Aéroports et Services AuxiliairesEn 1985, alors qu’il était député fédéral, Jesús Emilio Martínez Álvarez (PRI) est désigné Gouverneur provisoire de Oaxaca.
A partir de 1986, Heladio Ramírez López d’origine mixtèque et avec une longue carrière au sein du PRI est élu gouverneur du Oaxaca. Il avait commencé sa vie politique parmi les cadres paysans du PRI. C’est un sexennat d’apparente tranquillité. Cependant, il existe des dénonciations qui signalent qu’il développa progressivement un réseau de faveurs et complicités.
Août 1990 : le gouverneur de l’état présente auprès de la Chambre des Députés locale son projet de reformes en matière de droits indigènes.
1991 : les propriétaires de terres communales des Chimalapas lancent un processus de réconciliation agraire en invitant les propriétaires des ejidos du Chiapas à se convertir également en propriétaires communaux.
1992 : Diodoro Carrasco Altamirano (PRI) est élu gouverneur.
27 janvier 1993 : création de la Commission Étatique des Droits Humains de Oaxaca.
Début 1994 : le Mouvement pour l’Unification et la Lutte Triqui (MULT), une organisation autochtone de la région sud-ouest de l’état de Oaxaca se solidarise avec l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), qui s’est soulevé le 1er Janvier 1994 au Chiapas. Préoccupé par la possibilité d’une présence zapatiste au Oaxaca, le gouvernement créé l’Union pour le Bien-être social de Région Triqui (UBISORT), d’affiliation priiste et considérée comme groupe paramilitaire par ses adversaires, ceci pour limiter l’influence croissante du MULT.1994 : construction de la Centrale Éolienne de La Venta (Isthme de Tehuantepec).
30 août 1995 : le Congrès de l’état approuve la réforme du Code des Institutions Politiques et Procédures Électorales de Oaxaca afin de reconnaître les us et coutumes autochtones.
28 juin 1996 : un groupe armé apparait au Guerrero: l’Armée Populaire Révolutionnaire (EPR), lors de la commémoration du massacre de Aguas Blancas. Une centaine d’hommes et de femmes armés coiffés de cagoules rendent public leur ‘Manifeste de Agua Blancas’, où ils dénoncent la même violence institutionnelle que celle qui régnait du temps où Lucio Cabañas Barrientos et Genaro Vázquez Rojas avaient pris les armes contre l’exploitation et l’oppression : ‘Face à la violence institutionnalisée, la lutte armée est un recours légitime et nécessaire du peuple pour restituer sa volonté souveraine et rétablir l’État de Droit’. Une de leurs principales demandes est la justice. Ce même jour, dans la nuit, un affrontement armé se produit entre un groupe de l’EPR et la police judiciaire de l’état à Zumpango del Río. Trois policiers sont blessés.
29 août 1996 : deux mois après cette première apparition publique à Aguas Blancas, Guerrero, l’EPR réalise une nouvelle attaque à La Crucecita, Huatulco, Oaxaca, et dans 5 autres états du Mexique. Cet affrontement apparent va servir de prétexte pour justifier la répression contre les Indiens de la Région Loxicha, dans la Sierra Sur de Oaxaca : on a depuis dénoncé les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, les assassinats, les vols, les viols de femmes et les harcèlements contre des habitants innocents en les rendant coupables d’un grand nombre de délits d’ordre fédéral et en les accusant d’une relation supposée avec l’EPR. Selon les organisations sociales, au cours des années suivantes, on dénombre pour le moins 200 arrestations illégales, 150 cas de torture, 32 perquisitions illégales, 22 exécutions extrajudiciaires, 22 disparitions forcées, 137 personnes emprisonnées pour des raisons politiques et de conscience et un nombre indéterminé d’abus sexuels, de harcèlement, de menaces de mort et de procès pénaux irréguliers.
18 décembre 1996 : une violente opération policière et militaire est réalisée dans la communauté Zapotèque de Asunción Lachixila, Municipio de Santiago Camotlán dans le Rincón Bajo de la Sierra Juárez. Plus de 300 militaires, policiers judiciaires et de la Police préventive font irruption dans cette communauté débarquant de 38 véhicules et trois hélicoptères, armés de mitraillettes. Ces communautés appartenaient à l’Union Indigène Zapotèque Chinanteca Emiliano Zapata (UIZACHI-EZ). Les policiers et militaires réquisitionnent les maisons, brutalisent des femmes et personnes âgées et arrêtent 7 paysans sans mandat d’arrêt.
A partir du 10 juin 1997 : les femmes, épouses et enfants des prisonniers de la région Loxicha installent un sit in face au palais du gouvernement de la ville de Oaxaca pour demander une application impartiale de la justice, ainsi que le châtiment des responsables des arrestations illégales et des exécutions extrajudiciaires.
8 janvier 1998 : un groupe de l’EPR se scinde pour créer l »Armée Révolutionnaire du Peuple Insurgé’ (ERPI), un mouvement qui se voulait plus proche de la base quant à la prise de décisions. L’ERPI rassemble le secteur le plus important de militants et leaders de l’EPR au Guerrero. Il réalise des actions militaires et politiques. C’est le groupe armé le plus proche de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) en termes idéologiques.
18 avril 1998 : à Tuxtepec, 16 membres du Conseil Indigène Populaire Ricardo Flores Magón (CIPO-RFM) sont arrêtés avec l’aide de plus de 500 membres de la police judiciaire, préventive et de l’armée. Au même moment, 25 personnes sont arrêtées dans la Présidence Municipale de Putla de Guerrero de même que 5 autres membres de cette organisation à Puerto Escondido.
Fin 1998 : José Murat (PRI) est nommé gouverneur de Oaxaca.
1999 : un groupe armé nommé Conseil Régional Ouvrier, Paysan, Urbain de Tuxtepec (CROCUT) apparaît dans la Région du Papaloapan. On l’accuse d’être un groupe paramilitaire, de recevoir la protection des hauts fonctionnaires étatiques et fédéraux, de porter des armes de gros calibre d’utilisation exclusive de l’armée, ainsi que de commettre impunément une série de délits.