2007
01/01/2008ACTUALITÉ : Mexique, turbulences à l’horizon?
29/02/20082007
6 janvier : David Salgado Aranda, de 9 ans, originaire de la municipalité de Tlapa, meurt, renversé par un tracteur alors qu’il travaillait dans un champ de tomates de l’entreprise Agricole Paredes, comme le reste de sa famille. Selon le Centre de Droits humains de la Montagne, l’entreprise a refusé d’indemniser la famille. Cette mort a soulevé le thème du travail infantile au Mexique et a également attiré l’attention de l’opinion publique sur les conditions de travail de milliers d’ouvriers journaliers dans le pays.
8 janvier : des habitants de El Carrizalillo, municipalité Eduardo Neri (Zumpango) ferment les principales entrées de l’entreprise minière installée sur leurs terres afin d’exiger un meilleur prix pour la location de celles-ci et pour s’assurer que l’entreprise canadienne en question réalise effectivement les œuvres publiques qu’elle a promis au village.
8 janvier : Les examens pratiqués par la Commission Étatique de Défense des Droits Humains (Codehum) permettent de conclure que les trois personnes arrêtées dans le cas de l’assassinat du député local José Jorge Bajos Valverde (PAN) ont été torturées dans la prison d’Acapulco. Tlachinollan affirme que ces dénonciations s’ajoutent aux plus de 10 cas de torture avérés au Guerrero entre 1997 et 2002. Tous ces cas restent impunis.
25 janvier : une centaine de policiers étatiques et municipaux de Zumpango expulsent de manière violente les personnes qui avaient fermé l’entrée de la mine de El Carrizalillo. 70 personnes sont détenues pendant 4 heures, y compris des femmes et des enfants. Deux femmes sont aussi blessées.
Février : 7600 membres de l’armée, la Marine, la Police Fédérale Préventive et l’Agence Fédérale d’Investigation participent au programme fédéral « Opération Conjointe Guerrero » contre le trafic de drogues.
5 février : en dépit de la mise en place de l’« Opération Conjointe Guerrero », quatre policiers, un agent du Ministère Public et deux secrétaires sont exécutés lors de deux attaques dans les installations de la Police d’Enquête Ministérielle (PIM).
22 février : Un jour après que l’entreprise minière canadienne Luismin ait appelé le président Felipe Calderón et le gouverneur Zeferino Torreblanca à faire valoir l’Etat de droit face à la fermeture des principales entrées de sa mine par les habitants de El Carrizalillo, l’armée mexicaine installe un barrage à moins de 3 kilomètres de l’endroit où la manifestation se trouve.
23 février : le Rapporteur Spécial de l’ONU pour les Droits humains des Migrants, Jorge Bustamante, affirme que le gouvernement du Mexique reste indifférent devant le thème du travail des enfants qui prévaut dans les champs agricoles (se référant à la mort de David Salgado, enfant journalier mort au début de l’année).
20 mars : des organismes civils de droits humains et des activistes du Mexique et de 16 pays demandent au président Felipe Calderón, au gouverneur Zeferino Torreblanca et au Secrétaire de la Sécurité Publique, de ne pas utiliser la force publique dans le cas de El Carrizalillo. Les personnes insoumises, désormais organisées en une Assemblée Permanente du Carrizalillo réaffirment leur décision de maintenir la mine de Luismin fermée jusqu’à ce qu’elles obtiennent une réponse intégrale à leurs demandes.
30 mars : le Tribunal Unitaire Agraire (TUA) à Acapulco annule l’acte d’assemblée d’août 2005 durant laquelle les paysans de Cacahuatepec autorisaient la Commission Fédérale d’Electricité (CFE) à les exproprier de leurs terres, et se prononce en faveur des paysans des Biens Communaux de Cachuatepec, opposés à la construction de La Parota.
1er avril : un accord est finalement passé entre l’Assemblée Permanente des Propriétaires et Travailleurs de El Carrizalillo et l’entreprise minière Luismin. Cet accord cherche à construire une relation plus équitable entre l’entreprise et les propriétaires par le biais d’une augmentation du prix de location de la terre, l’installation d’un service d’eau potable, le pavement du chemin qui conduit au village et la construction d’un hôpital communautaire. L’entreprise s’engage également à retirer toutes les demandes légales présentées contre les membres du mouvement de résistance.
7 avril : Le journaliste de Guerrero Amado Ramírez Dillanes, correspondant de la télévision Televisa à Acapulco est assassiné par trois coups de feu.
15 et 16 juin : Le centre de Droits Humains de la Montagne Tlachinollan célèbre son treizième anniversaire en réalisant le Forum « Sur les Chemins de la Résistance ». Plus de 400 personnes de 17 organisations sociales et les représentants de 40 communautés y participent et partagent leurs formes de résistance en ce qui concerne la défense du territoire afin d’articuler leurs luttes pour que leurs droits fondamentaux comme personnes et comme peuples soient respectés.
17 juin : Un conflit agraire autour de 456 hectares entre les peuples autochtones de Moyotepec et El Capulín se complique quand trois paysans de Moyotepec sont assassinés.
9 août : David Valtierra, coordinateur de la radio communautaire Ñomndaa (La Voix de l’eau) de la municipalité de Xochistlahuaca est arrêté par la Police Ministérielle dans la ville d’Ometepec. David Valtierra est connu pour sa lutte en faveur de la municipalité autonome Sulja ainsi qu’en faveur de la radio Ñomndaa qui transmet en langue Amuzgo.Il a dénoncé diverses actions de la part de la maire Aceadeth Rocha dans la municipalité de Xochistlahuaca.
10 août : David Valtierra est libéré sous caution.
25 août : Arturo Duque Alvarado est arrêté. On l’accuse de faire partie de l’Armée Révolutionnaire du Peuple Insurgé (ERPI), de terrorisme et de trafic d’armes.
Août 2007 : Rocía Mesino, autorité du PRD à Atoyac porte plainte pour tentative d’homicide contre le maire d’Atoyac, Pedro Brita García, lui aussi du PRD. Rocío Mesino est la sœur de Miguel Angel Mesino qui a été assassiné en septembre 2005 et est une des dirigeantes de l’Organisation Paysanne de la Sierra Sur (OCSS). Le maire nie ces accusations.
A partir du 30 août : les personnes s’opposant à La Parota se déclarent en résistance permanente pour empêcher la construction du barrage hydroélectrique. Cette décision part du fait que lors d’une assemblée communautaire réalisée selon les us et coutumes réalisée le 12 août à Cacahuatepec, plus de trois mille participants ont décidé de manière unanime de voter contre ce projet.
5 septembre : peu avant l’audience devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH), durant laquelle sa femme devait déclarer avoir été violée par des soldats en 2002, Fortunato Prisciliano Sierra déclare avoir reçu des menaces, harcèlement et agressions de la part de personnes au service du 48ème Bataillon de l’Armée Mexicaine. La Commission demande au gouvernement mexicain de prendre des mesures de protection urgentes pour lui et sa famille.
28 septembre : le dirigeant du Conseil Régional pour le Développement du Peuple Me phaá de la variante lingüistique Bathaa, Cándido Félix Santiago, est arrêté par la Police à Tlapa. Il est accusé de mutinerie pour avoir interrompu un défilé présidé par le gouverneur Zeferino Torreblanca Galindo dans le cadre de la commémoration de la naissance de Vicente Guerrero.
8 octobre : la Commission Fédérale d’Électricité (CFE) déclare qu’elle ne fera pas marche arrière dans son projet de construire un barrage hydroélectrique à La Parota, près d’Acapulco.
13 octobre : le fondateur et actuel conseiller de la Police Communautaire et de la Coordination Régionale des Autorités Communautaires (CRAC), Cirino Placido Valerio, est arrêté deux jours avant l’anniversaire de la Police Communautaire. Il est libéré le jour même.
15 octobre : le frère du gouverneur Zeferino Torreblanca, Alberto Torreblanca Galindo, entame un procès contre 5 journalistes et le journal « El Sur » pour « préjudice moral »: ceux-ci avaient diffusé des informations signalant qu’il bénéficierait de contrats du Secrétariat de l’Éducation de Guerrero qui n’avaient pas fait l’objet d’un appel d’offres. Alberto Torreblanca demande un paiement de 10 millions de pesos pour réparation des dommages.
22 octobre : des représentants indigènes de 28 communautés des municipalités tlapanèques de Atlamajaltcingo del Monte, Metlatónoc et Tlapa occupent les installations du Congrès de l’état et forment un parlement indigène pour exiger la présence d’enseignants bilingues dans leurs régions ainsi que pour demander l’annulation de 17 mandats d’arrêt existant contre leurs leaders. Ils exigent aussi la fin de la répression contre les activistes sociaux.
7 novembre : lors d’une manifestation, Manuel Olivares Hernández, directeur du Centre Régional des Droits Humains « José María Morelos y Pavón », et 15 autres personnes sont arrêtés par la police de la municipalité de Chilapa. Manuel Olivares était présent pour donner un suivi aux possibles violations des droits humains durant la manifestation. Ils sont tous libérés sous caution deux jours plus tard (10 mille pesos pour Manuel Olivares et 4000 pour les autres).
14 novembre : plus d’une centaine de membres de la Police Préventive Étatique (PPE), ainsi que des éléments du Ministère de l’Intérieur vêtus en civil, expulsent plus de 800 étudiants qui manifestaient devant le Congrès de l’état en faveur de l’École Normale Rurale de Ayotzinapa. Cette école a été fondée il y a plus de 80 ans et a déjà formé des générations d’enseignants parmi lesquels Lucio Cabañas Barrientos et Genaro Vázquez Rojas. Le Centre des Droits Humains de la Montagne Tlachinollan dit qu’il y a eu au moins 250 blessés (l’un d’entre eux gravement).
30 novembre : une manifestation en faveur de l’École Normale Rurale de Ayotzinapa au niveau du péage de La Venta, est violemment réprimée par des membres de la Police Fédérale Préventive (PFP) et de la Police Étatique du Guerrero.
2 décembre : le Ministère Public ouvre un procès contre 18 des 57 étudiants de l’École Normale Rurale Raúl Isidro Burgos de Ayotzinapa, qui manifestaient au niveau du péage de La Venta (autoroute du soleil). Les étudiants sont accusés de mutinerie, attaques aux voies de communication et « appropriation de biens privés » (du fait des bus qu’ils avaient « séquestrés« ).
4 décembre : le Rapporteur spécial pour la situation des droits humains et libertés fondamentales des indigènes de l’Organisation des Nations Unies, Rodolfo Stavenhagen, et Miloon Kothari, le rapporteur spécial pour un logement digne réalisent une visite non officielle aux communautés qui pourraient être affectées par la construction du barrage hydroélectrique de La Parota. Ils se réunissent avec les autorités de Guerrero et avec la Commission Fédérale d’Electricité. Miloon Kothari lance un appel urgent pour que les droits économiques et sociaux des communautés soient respectés.
7 décembre, la Chambre des Députés demande au Ministère de l’Éducation Publique (SEP) et au gouverneur de Guerrero, Zeferino Torreblanca, de prendre en compte les demandes des enseignants et étudiants de l’Ecole Normale de Ayotzinapa.
10 décembre : le Comité des membres des familles et Amis des Personnes Disparues, Séquestrés et Assassinés de Guerrero exige la présentation en vie de huit personnes qui ont disparu entre février et juin. Il dénonce également que le gouvernement de Zeferino Torreblanca se caractérise par son manque de respect des droits humains.
11 décembre : des représentants de l’Assemblée Populaire des Peuples de Guerrero (APPG) et le gouverneur Zeferino Torreblanca Galindo acceptent de réviser les cas de 43 activistes sociaux en prison.
18 décembre : Arturo Duque Alvarado, qui avait été arrêté en août pour liens présumés avec l’ERPI est libéré sous caution.