2008
01/01/2009ACTUALITÉ : Mexique – droits humains et sécurité, un casse-tête impossible ?
30/04/20092008
7 janvier : des habitants des communautés Atoyaquillo et Pasto Real, parmi lesquels les veuves, mères et survivants du massacre d’Aguas Blancas, manifestent devant les bureaux du Procureur Général de la République (PGR). Ils demandent qu’on leur explique la raison pour laquelle l’investigation commencée en 2002 par le bureau spécial pour les Mouvements Sociaux et Politiques du Passé (Femospp) n’a pas été terminée. Cependant, le procureur n’accepte de les recevoir et ils sont reçus par un fonctionnaire de bas niveau.
8 janvier : suivant la recommandation de la Commission Nationale des Droits humains (CNDH), le responsable de la Santé du gouvernement de Guerrero, Luis Barrera Ríos, annonce que les 14 indiens mixtèques de la communauté de El Camalote, municipalité d’Ayutla de los Libres, qui avaient été stérilisés en 1998 seront indemnisés.
10 janvier : des enseignants sortis de l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa bloquent les portes du Congrès local, ce qui provoque la suspension de la première session de 2008. Ils demandent aux députés et au gouverneur Zeferino Torreblanca Galindo de mettre fin aux procès contre 18 personnes arrêtées au péage de La Venta.
Janvier : A deux reprises, des membres du Comité Communautaire pour la Défense du Peuple de Xochipala ont bloqué l’entrée des mines Los Filos, El Bermejal et la Unidad Nukay qui se trouvent dans la communauté de Mezcala, municipalité Eduardo Neri. Ces mines appartiennent à l’entreprise canadienne Luismin. Les manifestants exigent le paiement de 2 millions 600 mille pesos en indemnisation des dommages écologiques.
7 février: Pendant la visite au Guerrero de la Haute Commissaire des Nations Unies pour les Droits humains, Louise Arbour, diverses organisations sociales et indigènes présentent une longue liste de dénonciations, parmi lesquelles le fait que le gouverneur du PRD Zeferino Torreblanca Galindo a « criminalisé la lutte sociale ». Arbour leur répond qu’au Guerrero, « de même qu’à d’autres endroits, il existe une longue histoire d’exclusion, de pauvreté et de violations des droits humains ».
10 février: Le corps de Lorenzo Fernández Ortega, membre de l’Organisation du Peuple Indigène Me’pháa (OPIM), enlevé le 9 février, est retrouvé dans le chef lieu de la municipalité d’Ayutla de los Libres. Il présente des signes de torture. Il s’agit du frère d’Inés Fernández Ortega, violée par des membres de l’Armée Mexicaine en mars 2002.
11 février: Le commandant de la neuvième Région Militaire , Sergio Magaña Mier, informe que la présence militaire (par le biais de barrages et de fouilles) continuera au Guerrero, particulièrement dans les régions Montagne, Costa Chica et Costa Grande, afin de combattre le trafic de drogues. Il nie que ces activités réalisées par l’Armée Mexicaine violent les droits humains des indigènes.
28 février: Le sous procureur de Justice de Guerrero, Jesús Alemán del Carmen, reconnait qu’il existe une enquête ouverte contre six policiers ministériels accusés d’avoir torturé les assassins présumés du journaliste Amado Ramírez pour que ces derniers se déclarent coupables.
5 mars: Le Front Étatique contre la Répression et l’Impunité au Guerrero est créé. Les groupes participants exigent du gouvernement de l’état d’ouvrir des enquêtes dans le cas des personnes disparues et la réouverture des cas liés aux massacres de El Charco et de Aguas Blancas.
14 mars: Les rapporteurs spéciaux de l’Organisation des Nations Unies pour les droits humains et les libertés fondamentales des peuples indigènes, Rodolfo Stavenhagen, et pour un logement adéquat, Miloon Khotari, recommandent au gouvernement fédéral de suspendre la construction du barrage La Parota car il ne garantit pas le respect des garanties des personnes affectées.
24 mars: Depuis la Montagne de Guerrero, des dizaines d’indigènes annoncent leur intégration à l’Armée Révolutionnaire du Peuple Insurgé (ERPI) et alertent: « nous n’allons pas attendre jusqu’en 2010 pour faire la révolution au Guerrero; ici, dans la Montagne, nous la faisons déjà. Depuis ici, nous allons défendre le pétrole et nos ressources naturelles. Par le biais d’actions de combat, nous allons exiger des enseignants, des médecins et des hôpitaux. Nous ne croyons aucun parti politique, ni le gouverneur Zeferino Torreblanca ni Felipe Calderón ».
1er avril: L’Organisation du Peuple Indigène Me’phaá (OPIM) dénonce que des policiers sont entrés violemment dans la maison d’un de leurs membres, Óscar Moreno, située dans la communauté de Cruz Quemada, municipalité de Tecoanapa, Costa Chica de Guerrero. Ils cherchent à l’arrêter et l’impliquer dans l’embuscade qui a eu lieu dans la communauté de El Salto, municipalité de Ayutla de los Libres, au cours de laquelle cinq personnes ont été tuées, 4 d’entre elles étant des policiers municipaux.
2 avril: Selon Amnesty International, Miguel Ángel Tornez Hernández est arrêté et torturé par la police étatique judiciaire dans la municipalité de Ayutla de los Libres, dans le cadre d’une enquête sur le vol et le meurtre de quatre policiers et d’un civil. Un jour avant son arrestation, plusieurs membres de sa famille avaient également été arrêtés et l’une de ses sœurs torturée.
3 avril: Près de 20 organisations de droits humains présentent auprès du Tribunal Collégial de Guerrero un document qui soutient le recours constitutionnel dans le cas du barrage de La Parota. Ce recours cherche à empêcher sa construction en affirmant qu’elle violerait des normes internationales protégeant les droits humains et l’environnement.
4 avril: Des membres de l’Organisation des Peuples Indigènes Me’pháa (OPIM) dénoncent l’existence de groupes paramilitaires dans la Costa Chica de Guerrero. L’OPIM les accuse de l’assassinat de personnes de l’opposition et plus de 10 attaques perpétrées au cours des semaines antérieures, apparemment sous la protection de l’Armée Mexicaine et du maire Homero Lorenzo Ríos (PRD).
5 avril: L’Organisation Paysanne de la Sierra del Sur (OCSS) dénonce la présence de groupes paramilitaires dans la Costa Grande, en particulier dans les municipalités de Petatlán, Atoyac de Álvarez y Coyuca de Benítez.
7 avril: Des membres de la famille de Miguel Ángel Tornez Hernández portent plainte auprès de la Commission de Défense des Droits humains (Coddehum) de Guerrero contre la Police d’Investigation Ministérielle, la Police Étatique , la Police Fédérale Préventive et le Ministère Public pour « arrestations arbitraires et torture » dont ils ont souffert le premier avril, après l’embuscade au cours de laquelle quatre policiers et un civil ont été tués.
10 avril: Abad Flores Herrera, ex commissaire et actuel conseiller de la Coordination Régionale de la Police Communautaire, est arrêté de manière illégale à Marquelia par des agents de la Police d’Investigation Ministérielle.
15 avril: Des autorités de la communauté indigène me’phaa de Colombia de Guadalupe, à Malinaltepec, dénoncent avoir été intimidées durant les opérations de l’Armée, l’Agence Fédérale d’Investigations (AFI), la police de l’état et la Police d’Investigation Ministérielle, sous prétexte de démanteler une bande de délinquants.
18 avril: Cinq membres de l’Organisation du Peuple Indigène Me’phaa (OPIM) sont arrêtés à Ayutla de los Libres, accusés de l’assassinat d’un homme commis le premier janvier. D’autres mandats d’arrêt sont lancés contre 10 membres reconnus de l’OPIM, y compris son président, Cuauhtémoc Ramírez.
28 avril: La Coordination Régionale des Autorités Communautaires (CRAC) exige le retrait de l’Armée mexicaine, l’Agence Fédérale d’Investigation (AFI) et à la Police d’Investigation Ministérielle (PIM) des communautés appartenant à la municipalité d’Ayutla. Elle avertit le gouverneur Zeferino Torreblanca, que l’Organisation des Peuples Indigènes Me’phaa (OPIM) n’est pas seule et qu’elle compte sur « tout le soutien de la Police Communautaire « .
13 mai: des membres des familles et victimes de la « Guerre Sale » exigent la présentation en vie de 80 personnes disparues en 1970 et 1974 dans la région. Le Secrétaire du gouvernement, Guillermo Ramírez Ramos, répond aux manifestants qu’il prendra les mesures nécessaires pour donner un suivi à leur demande.
4 juin: des centaines de membres du Front des « Ejidos » (terres communales), Communautés et Organisations Sociales de l’État de Guerrero occupent les bureaux du Ministère de la Réforme Agraire du Ministère des Communications et Transports et du Bureau du Procureur Agraire. Ils exigent une réponse à leurs demandes d’œuvres de drainage, d’eau potable, des concessions pour les transporteurs et la solution de dix conflits agraires.
7 juillet: Des experts du Bureau du Procureur Général de la République (PGR) et de l’équipe argentine d’Anthropologie médicale (EAAF) commencent des travaux d’excavation dans les ex baraques militaires d’Atoyac de Álvarez (Région Costa Grande), où l’on suppose que les corps de personnes disparues durant la « Guerre Sale « pourraient avoir été enterrés. La décision de réaliser ces excavations a été prise suite à la pression exercée par l’Association des Membres des Familles des Personnes Disparues du Mexique (AFADEM) et de la Commission Interaméricaine de Droits Humains, entre autres.
10 juillet: des membres de l’Agence Fédérale d’Investigations (AFI) entrent dans les bureaux de la Radio Ñomdaa, dans la communauté de Xochistlahuaca pour démonter leur équipe de transmission. Des personnes travaillant sur ce projet de radio ainsi que plusieurs autres membres de la communauté réussissent à refouler les agents sans qu’aucun incident grave ne se produise.
11 juillet: un juge fédéral accorde un recours constitutionnel en faveur de la communauté na´savi (mixtèque) de Mini Numa, de la municipalité de Metlatónoc (l’une des plus pauvres du Mexique). Cette communauté avait exigé une protection depuis le plus haut niveau fédéral de la justice face à la violation de leur droit à la santé. Depuis un certain temps, les habitants avaient sollicité la construction d’un centre de santé, ainsi que l’envoi d’un médecin et de médicaments. Suite à l’absence de réponse de la part du gouvernement, entre 2005 et 2007, on a enregistré la mort de 6 personnes (parmi lesquelles quatre enfants) qui auraient pu être évitée. Trois autres communautés de la Région Montagne (Los Llanos, Yuvinani y Atzompa) décident de se joindre à la lutte pour le droit à la santé réalisée par Mini Numa.
31 juillet: Le Secrétariat de Santé du gouvernement étatique indemnise 14 indigènes de la communauté El Camalote , municipalité d’Ayutla de los Libres, qui avaient été stérilisés en 1998 et 2001. Le Centre des Droits Humains de la Montagne Tlachinollan réitère la nécessité de garantir la présence d’un médecin et de médicaments dans le centre de santé qui a été installé dans la communauté, ainsi que le début d’un procès administratif contre les membres de la brigade de santé qui avaient fait pression pour que les victimes acceptent d’être stérilisées.
9 août : dans la communauté La Mesa , région Tierra Caliente, un membre de la police est tué et deux autres sont blessés suite à un affrontement entre la police et un groupe d’individus à la tête duquel se trouvait Monje Solís, accusé d’appartenir à l’ERPI (Armée Révolutionnaire du Peuple Insurgé).
17 août : Des membres du CECOP ainsi que d’autres organisations sociales se réunissent à Acapulco et réfutent les commentaires du Ministre de l’Intérieur le 31 juillet (ce dernier avait alors affirmé que le projet hydroélectrique de La Parota se ferait « avec d’autres interlocuteurs »).
1er septembre : les enseignants du Guerrero réalisent un sit-in devant les édifices gouvernementaux de Chilpancingo pour rejeter l’Alliance pour la Qualité de l’Éducation (ACE), un accord passé entre le président Felipe Calderón et la dirigeante du Syndicat National des Travailleurs de l’Éducation (SNTE), Elba Esther Gordillo.
5 septembre : des enseignants occupent cinq radios pendant une heure (4 à Chilpancingo et une à Tixtla) afin de diffuser leurs demandes: l’annulation de l’Alliance pour la Qualité de l’Éducation (ACE) et que le gouverneur Zeferino Torreblanca Galindo leur accorde une audience.
17 septembre : plus de mille enseignants occupent les édifices du PRD et du Congrès local à Chilpancingo. Le gouverneur Zeferino Torreblanca Galindo affirme être prêt à une consultation pour remanier l’ACE et reconnait que certains aspects de cet accord n’étaient pas favorables au corps enseignant du Guerrero.
23 septembre : Près de deux mois après un affrontement entre un groupe armé dirigé par Pascual Monje Solís et la police, le gouvernement du Guerrero informe que son corps a été trouvé au bord de la rivière Balsas, dans la municipalité de Zirándaro, région Tierra Caliente. Monje Solís était un ex militaire; le gouvernement le considérait comme lié à la guérilla d’Omar Guerrero Solís (le commandant Ramiro), l’Armée Révolutionnaire du Peuple Insurgé (ERPI).
30 septembre : près de 5000 enseignants appartenant à la Coordination Étatique des Travailleurs de l’Éducation au Guerrero (CETEG) et au Syndicat Unique des Fonctionnaires de l’État (SUSPEG) occupent plusieurs installations gouvernementales, parmi lesquelles celles du Ministère de l’Education.
5 octobre : le PRI sort grand vainqueur des élections locales dans la majorité des régions du Guerrero. Il gagne la mairie d’Acapulco ainsi que celle de la capitale, Chilpancingo. Ce parti gagne également 11 districts et trois de plus en alliance avec le Parti Vert Écologiste du Mexique (PVEM), ce qui lui permettra d’avoir la majorité au sein du Congrès local.
15 octobre : durant la célébration de son 13ème anniversaire, la Police Communautaire et le Conseil Régional des Autorités Communautaires (CRAC) affirment avoir réussi à éradiquer le trafic de drogues dans les 72 communautés où ils sont présents. Onze communautés des municipalités d’Ayutla de los Libres et de Marquelia sont également sur le point d’être incorporées à ce système de justice d’un autre type.
15 octobre : Livia Lizbeth Larumbe Radilla, une juge fédérale d’Acapulco accorde un recours constitutionnel à quatre des cinq membres de l’Organisation du Peuple Indien Me´phaa (OPIM) actuellement emprisonnés à Ayutla de Los Libres.
28 octobre : Le gouvernement du Guerrero refuse de se réunir avec des membres de la Coordination allemande pour les Droits Humains au Mexique qui souhaitaient aborder la problématique des cinq membres de l’Organisation du Peuple Indien Me´phaa (OPIM).
5 novembre : Plus de deux mille enseignants occupent le Congrès local et affirment qu’ils ne bougeront pas avant d’avoir obtenu une réponse positive à leurs demandes.
6 au 8 novembre : La Rencontre Populaire « Eau, Énergie et Alternatives Énergétiques » se tient dans la communauté d’Aguacaliente, appartenant aux Biens Communaux de Cacahuatepec, de la municipalité d’Acapulco. Les participants viennent aussi d’autres régions du Guerrero, ainsi que des états de Campeche, Chiapas, Chihuahua, Distrito Federal, Estado de México, Jalisco, Nayarit, Oaxaca, San Luis Potosí et Veracruz. La déclaration finale réaffirme l’importance de l’unité entre les luttes menées contre les méga projets de production d’énergie ainsi que ceux liés à l’exploitation minière dans tout le pays, ceci afin de limiter les impacts nocifs de ces projets comme les expulsions de peuples entiers ainsi que les conséquences pour l’environnement et les familles dans les régions affectées.
14 novembre : L’Organisation des Écologistes de la Sierra de Petatlán et Coyuca de Benítez dénonce la présence de 200 militaires dans la communauté de La Morena: ils les accusent d’avoir saccagé quatre maisons où se trouvaient seulement des femmes et des enfants qu’ils auraient menacés de mort. Les militaires recherchaient les frères Felipe, Javier et Alejandro Torres Cruz, mais n’ont donné aucun chef d’accusation et ils ont menacé leurs épouses au cas où elles ne voudraient pas dire où ils se trouvaient.
11 novembre : Amnesty International (AI) Mexique émet un bulletin de presse par le biais duquel cette organisation sollicite la libération inconditionnelle des 5 membres de l’OPIM. Elle souligne que le bureau du Procureur Général de la République a fait appel face au recours constitutionnel accordé par une juge fédéral en faveur de 4 des 5 prisonniers, ceci sans pour autant présenter de nouvelles preuves. Le responsable pour le Mexique, Rupert Knox déclare que ceci « illustre une tendance commune des abus contre les droits humains au Guerrero ».
18 novembre : environ 15 mille enseignants manifestent à Acapulco où une commission est finalement reçue par le gouverneur de l’état, Zeferino Torreblanca Galindo.
10 décembre : Máximo Mojica, dirigeant de l’organisation sociale « Tierra y Libertad » (Terre et Liberté), sa femme María Ángeles Hernández Flores, et son neveu Santiago Nazario Lezma sont emprisonnés et accusés de prise d’otage et meurtre. Ils avaient été arrêtés le 3 décembre dernier. Le Collectif contre la Torture et l’Impunité dénonce qu’ils se sont déclarés coupables après avoir été torturés.