Les déplacés de Chenalhó : faibles espoirs de retour
29/12/1998SYNTHÈSE : Actions recommandées
31/05/1999DOSSIER II : Rencontre avec Gandhi, un appel à l’imagination…
En octobre 1998, une exposition sur la vie et les pensées de Gandhi a été réalisée à l’initiative du SIPAZ à San Cristóbal de las Casas, Chiapas (voir également le bulletin précédent, 3ème année, N°4). L’exposition, organisée dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire de sa mort et intitulée Rencontres avec la vérité, incluait des photos et des textes reflétant la vie et la philosophie de Gandhi, qui a lutté pacifiquement pour obtenir l’indépendance des Indes en 1947.
Parallèlement à l’exposition, nous avons proposé différentes activités culturelles et de réflexion, incluant des ateliers de méditation, une pièce de théâtre, la présentation de vidéos, une soirée de musique et de poésie. Plusieurs organisations et universités commanditaient ces événements et nous avons été aidés par près de soixante-dix bénévoles. En moyenne, entre 100 et 200 personnes de tous âges ont assisté aux différentes activités proposées. Un soin particulier avait été apporté pour inviter une vaste gamme de secteurs, en particulier, les femmes, les enfants, les étudiants et les indigènes. Au cours des semaines précédentes et pendant toute la durée de l’exposition, des présentations ont été faites dans différentes écoles et universités pour sensibiliser les étudiants à la vie de Gandhi et à sa lutte non-violente. Plus de 800 enfants d’école primaire, ainsi que des déplacés appartenant à l’organisation « Las Abejas », ont pris part aux près de trente visites guidées de l’exposition que nous avons réalisées.
Dans le cadre de l’exposition, un des événements qui a le plus retenu l’attention du public fut la série de conférences qui examinaient les relations entre la philosophie gandhienne et la situation qui prévaut au Chiapas. A ce propos, un des conférenciers, Gustavo Esteva, a dit: « Dans les conditions actuelles du Chiapas, du Mexique et du monde, rien n’est plus pertinent que de mettre en relation le zapatisme et la lutte autochtone avec la figure de Gandhi, cet homme extraordinaire, le plus remarquable du vingtième siècle, celui considéré par quelques-uns comme le philosophe du 21e siècle. »
D’après Esteva, il est important de réfléchir sur l’option gandhienne parce que «la non-violence préconisée par Gandhi est une forme politique d’organisation sociale. Ni Gandhi, ni les zapatistes ne savent quelle sera la forme de cette société ; ils ne savent pas comment elle se réalisera concrètement, quelles seront les institutions, les structures qui permettront cette forme d’organisation sociale qui n’a jamais existée sur la planète. Parce que si, comme le disait Gandhi, « la non-violence est aussi vieille que les collines », il est également certain que cette forme d’organisation de la vie sociale n’a jamais existé en aucune partie du monde. Pour cette raison, s’il s’agit d’idéaux personnifiés, s’il s’agit de ne pas penser à un futur lointain et à une certaine utopie pour pouvoir ensuite la vivre, il s’agit alors d’avancer vers des idéaux en donnant des formes concrètes à l’organisation sociale, des formes qui s’appuie sur la non-violence. »
Face à la stagnation du processus de paix, il est toujours plus pertinent et important d’ouvrir l’imagination à de nouvelles formes de lutte non-violente. Un autre conférencier, Raphaël Landerreche (de SERPAJ-Tabasco) a dit à cet égard: « Je pense que ceux qui disent qu’il n’existe pas de chemin pour construire la paix, ce qu’ils ont perdu en réalité, c’est l’espérance. Celui qui dit aujourd’hui qu’au Mexique, la seule voie possible est celle des armes ne le dit pas après avoir réalisé une analyse rationnelle, mais parce qu’il a perdu tout espoir d’un cheminement vers la paix, il choisit l’autre voie simplement comme une autre option face à son manque d’espoir et non, j’insiste, comme une véritable proposition viable. Ne pas choisir la voie des armes se fonde sur le bon sens, et s’appuie également sur la philosophie de la non-violence, qui dit qu’il n’est pas sage de se battre avec les armes avec lesquelles l’ennemi est expert, qu’il n’est pas sage de laisser l’ennemi choisir le terrain sur lequel il peut lutter (…). Ils n’ont pas les armes de la vérité, de l’autorité morale, du soutien populaire, alors nous pouvons répondre que ces armes sont celles avec lesquelles nous pouvons lutter de façon non-violente. »
Pour assurer un suivi et répondre à l’intéret suscité par cet événement exceptionnel, SIPAZ offre des espaces de réflexion aux membres des ONG, des groupes religieux de différentes églises et des écoles, etc. (voir l’article sur nos ateliers dans ce bulletin).
« Ce cycle de conférences et cette exposition nous ont donné un bol d’air dans ces moments difficiles, une lumière et un guide qui nous rafraîchissent la mémoire du « où et comment travailler », si nous voulons que les choses changent « pour le bien commun et pour toujours ». »
(Margarita)
« Merci, merci beaucoup de nous avoir apporté une grande inspiration sous la forme de cette exposition sur Gandhi. » (Ronald)
« Je me sens très touchée et profondément reconnaissante envers les personnes qui ont rendu possible pour nous, ici, à San Cristóbal, l’accès à cette philosophie. »
(Gabriela)