Activités de SIPAZ (Mai – Juillet 2000)
31/08/2000Avant 1994
29/12/2000SYNTHÈSE : Actions Recommendees
Pablo Salazar Mendiguchía, candidat de l’Alliance pour le Chiapas, a été élu gouverneur du Chiapas le 20 août. Il a gagné avec 51,5% des votes et Sami David, candidat du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), a obtenu 45,7% des suffrages. Cette défaite a représenté un revers inattendu pour le PRI, parti qui domine la politique du Chiapas depuis des décades.
Comme beaucoup de leaders d’opposition au Mexique, Salazar fut militant du PRI durant toute sa vie politique, occupant différents postes au Chiapas ou au niveau fédéral, jusqu’à sa sortie de ce parti en 1999 pour prendre la tête de la campagne de l’opposition pour le poste de gouverneur. Une des principales raisons de cette rupture a été l’incapacité du PRI à faire face au conflit du Chiapas. Comme sénateur du PRI, Salazar fut membre de la Commission de Concorde et Pacification (COCOPA), une instance législative de soutien au processus de paix au Chiapas. Il y a joué un rôle important dans la rédaction de la proposition de loi visant à finaliser les accords de San Andrés signés par le gouvernement mexicain et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) en 1996. Le président Ernesto Zedillo a rejeté la proposition de la COCOPA et a présenté une contre proposition. Aucune des deux ne fut soumise au vote, et le dialogue reste suspendu depuis 1996.
Salazar a mené sa campagne électorale de manière notable, sa candidature étant soutenue par une alliance de l’opposition qui incluait pratiquement tous les partis d’opposition du Chiapas.
Sa plate-forme de propositions de changement a réussi à convaincre une population doutant de pouvoir rompre l’hégémonie du PRI dans la vie politique du Chiapas. Dans la mesure où les enquêtes lui donnaient un avantage considérable, croissait la préoccupation que le PRI, connu au Chiapas pour ses actions violentes et son recours à la fraude, n’accepterait pas la défaite. Les peurs ont augmenté à l’approche des élections, du fait de l’augmentation des disputes agraires et d’actions paramilitaires dans différentes régions.
Finalement, malgré les dénonciations de pressions, l’intimidation et les irrégularités de divers types, en règle générale, la journée électorale s’est déroulée de manière pacifique, le scrutin a été transparent et le PRI a reconnu la volonté populaire. De son coté, l’EZLN a gardé le silence durant la campagne et l’abstentionnisme a été clairement plus important dans les zones zapatistes.
Malgré l’important soutien électoral reçu, Salazar devra gouverner avec une majorité au Congrès de l’état et des mairies encore aux mains du PRI. En même temps, il ne lui sera pas facile de maintenir la cohésion entre les différentes forces qui ont soutenu sa candidature. Et les défis à relever sont énormes : combattre la pauvreté et la marginalisation, promouvoir le développement économique, contrôler la violence politique et reconstruire le tissu social. D’un autre coté, son engagement de gouverner en incluant d’autres secteurs comme les indigènes et les paysans, donne l’espoir d’un nouveau type de politique au Chiapas.
La victoire de l’opposition au Chiapas a été facilitée par celle de Vicente Fox en Juillet. Quand il prendra possession de son poste le 1° décembre, Fox sera le premier président n’appartenant pas au PRI en 71 ans. Aucun parti n’aura la majorité dans les deux chambres du Congrès. Dans la nouvelle chambre des députés, le Parti d’Action National (PAN) a 213 sièges, le PRI 210 et le Parti de la Révolution Démocratique (PRD) 44. Au Sénat, le PRI a 59 sièges, le PAN 46 et le PRD 15.
Un des défis les plus grands pour Fox et Salazar sera le conflit au Chiapas. Fox a indiqué qu’ une de ses premières actions comme président sera d’envoyer la proposition de la COCOPA au Congrès. Il a aussi manifesté son intention de reprendre le dialogue avec l’EZLN et de réduire la présence massive de l’armée au Chiapas (actuellement, quelque 70.000 soldats, un tiers de l’armée fédérale). Mais l’approbation de la proposition de la COCOPA rencontrera des difficultés auprès du nouveau Congrès et Fox n’a pas dit clairement s’il ferait tous les efforts nécessaires pour obtenir un résultat favorable. Quant à la présence militaire au Chiapas, il s’agit d’un sujet de polémique. Fox considère le retour des zapatistes à la table du dialogue comme une condition au retrait de l’armée. De son coté, l’EZLN n’a pas répondu aux offres de l’équipe de Fox, mais dans le passé, elle a déjà posé des conditions préalables à la reprise d’un dialogue: ces conditions se doivent au manque de confiance dans le processus de paix (quand les accords signés n’ont pas été respectés) et partent de la nécessité urgente de mettre fin à l’oppression des communautés indigènes (présence militaire).
Le nouveau gouverneur, bien qu’il ne puisse pas ordonner le retrait de l’armée, ni résoudre le conflit avec l’EZLN, peut contribuer à générer la confiance et améliorer les conditions nécessaires pour un véritable dialogue.
Pendant ce temps, la plus récente d’une série d’enquêtes de l’ONU sur la situation des Droits Humains au Mexique, illustre la préoccupation internationale pour cette région ; en août, Erica Irene Daes, Présidente du Groupe de travail sur les Populations Indigènes de l’ONU, a informé la Sous Commission des Droits Humains sur sa visite en avril 2000. Son rapport signale que la militarisation des communautés indigènes et l’utilisation croissante de l’armée dans des opérations de police contribuent à créer une ambiance de peur et de violations des Droits Humains, incluant le droit à la vie, à l’intégrité physique et à la protection contre la détention arbitraire.
Actions recommandées
- Féliciter le Président élu Vicente Fox pour sa victoire et son intention annoncée de présenter au Congrès de l’Union la proposition de la COCOPA pour mettre en œuvre les Accords de San Andrés y reprendre le dialogue avec l’EZLN.
- Observant le manque de consensus au Congrès sur le projet de la COCOPA, exhorter Fox à faire les efforts nécessaires pour assurer l’approbation de la législation conformément au texte et à l’esprit des Accords de San Andrés.
- Considérant que la présence massive de l’armée occasionne de fortes tensions dans les communautés indigènes intercéder pour que le Président élu retire, immédiatement après sa prise de possession, un nombre significatif de campements militaires de la zone où leur présence provoque des tensions plus fortes. Faire remarquer que cette action ne servira pas simplement à réduire les tensions mais aussi comme un moyen pour générer la confiance, ce qui améliorera les conditions pour la reprise du processus de paix.
- Diffuser ces informations –comme ce rapport- sur la situation actuelle du Chiapas.
ECRIRE A :
(jusqu’au 1° décembre)
Lic. Vicente Fox
Reforma 525, Colonia Lomas de Chapultepec
Código postal 11000 México DF, México
Fax: (int-52)(5)520 7125
(après le 1° décembre)
Lic. Vicente Fox
Presidente de la República
Palacio Nacional
06067 México, DF, México
Fax (int-52)(5)515 4783