Activités du SIPAZ (de la mi-mai à la mi-août 2020)
08/10/2020DOSSIER : La quatrième transformation … militaire ?
28/12/2020E n août, Mike Ryan, le directeur du Département des Urgences Sanitaires de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’ampleur de la pandémie par COVID-19 pourrait être sous-estimée au Mexique vu le peu de tests qui y sont pratiqués. Il a également exprimé sa préoccupation face aux différences quant à la mortalité, ceci quand les personnes de bas revenus ont 5 fois plus de chance de mourir que celles plus aisées. En novembre, le Mexique comptait plus d’un million de cas et plus de 100 mille morts.
En septembre, le président Andrés Manuel López Obrador a présenté son second rapport de gouvernement en affirmant que “nous sortirons de la pandémie avec un meilleur système de santé”, Un autre thème abordé a été celui de la crise économique provoquée par la pandémie : “le pire est derrière nous et nous sommes en train de nous redresser ; nous sommes en train de récupérer les emplois qui ont été perdus, nous sommes en train de retrouver, petit a petit, la normalité productive et nous commençons a nouveau à croître”, a-t-il dit. Cependant, d’autres sources indiquent que plus de 100 mille entreprises ont fait faillite cette année, sans soutiens ni programmes de la part des autorités. La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) a averti que 500 000 entreprises supplémentaires pourraient disparaître dans les 6 prochains mois. Selon les données de l’INEGI, le Produit Intérieur Brut (PIB) a chuté de 18,9%.
En octobre, plusieurs organisations civiles ont publié le deuxième rapport « Situation des communautés autochtones et comparables face à l’urgence sanitaire causée par le virus SRAS-CoV-2 ». Elles ont signalé une augmentation significative des cas et des décès en comparaison avec leur rapport de juillet : une communauté sur trois a présenté des cas et 35% des malades ont dû être hospitalisés. Cependant, il a été révélé que le pourcentage de communautés qui prennent des mesures de protection est passé de 43% à 25%, ce qui s’explique – en partie – par le besoin économique de reprendre le travail. “La méfiance des peuples autochtones vis-à-vis des institutions de santé, les soins qui y sont fournis et l’importance qu’elles accordent à la vie des indigènes sont des réalités profondément enracinées”, indique le rapport. Le suivi a révélé des inquiétudes concernant la précarité de l’emploi et la “grande avancée du contrôle territorial des cartels de la drogue”.
Quelques avancées législatives en matière de droits de l’homme …
En septembre, le Mexique a reconnu la compétence du Comité des Nations Unies sur les disparitions forcées pour recevoir des cas individuels. Le Centre des droits de l’homme Miguel Agustín Pro a déclaré que “ceci ne profitera pas seulement aux cas individuels (…); Avec les recommandations structurelles que cet organe peut émettre (…), les institutions de l’État elles-mêmes seraient renforcées pour affronter, de manière réellement efficace, la crise des disparitions”. Depuis le début du gouvernement d’AMLO, 1.257 tombes clandestines ont été découvertes et 1.957 corps ont été exhumés, un fait qui pour le gouvernement « est dû à l’intensification des efforts de recherche ». Les autorités considèrent que d’autres avancées incluent le fait qu ‘“il y a eu une diminution significative des disparitions forcées commises par les autorités. Plus de 90% des cas sont associés au crime organisé”.
En septembre, la loi générale visant à prévenir, à prendre en charge et à réparer de manière intégrale les déplacements internes forcés a été approuvée, bien que le ministère des Finances ait indiqué qu’il n’y avait pas de fonds pour cela. Quelques jours auparavant, dans le cadre de la 106e Journée mondiale des migrants et des réfugiés, la dimension épiscopale de la pastorale de la mobilité humaine de l’Église catholique a demandé aux autorités de s’attaquer à “ce phénomène qui, au Mexique, prend de l’ampleur chaque jour à cause de l’insécurité et de la violence générées par le crime organisé (par le meurtre, la disparition, le recrutement forcé, l’extorsion, le vol, la dépossession, les menaces, le harcèlement ou l’intimidation et la peur); ou à cause de l’extrême pauvreté, de l’abandon dans lequel vivent de nombreuses communautés autochtones en particulier et, à de nombreuses occasions, des suites de catastrophes naturelles”.
En novembre, le Sénat a ratifié l’Accord d’Escazú, qui vise à garantir les droits d’accès à l’information, la participation des citoyens et l’accès à la justice en matière d’environnement. Il s’agit d’un instrument international signé au Costa Rica par 24 pays en 2018. “Il est très important pour le Mexique car il établit des dispositions sur la production, la diffusion et l’accès aux informations environnementales et aborde la création d’un environnement sûr et propice pour les défenseurs des droits de l’homme en matière d’environnement”, ont souligné les Nations Unies.
… Et, encore, de nombreux problèmes à résoudre …
En août, AMLO a accusé les organisations civiles d’avoir reçu de l’argent de fondations étrangères pour s’opposer aux mégaprojets de son administration (l’un d’entre eux étant le train maya). Les organisations mentionnées ont répondu que “les mégaprojets ont exploité et détruit les territoires des peuples autochtones, réduisant leur autonomie, leurs écosystèmes et la jouissance de leurs droits humains. Les personnes et groupes de défense autochtones qui se sont opposés aux mégaprojets ont été victimes de multiples attaques et intimidations qui, dans certains cas, ont conduit à leur emprisonnement et même à leur exécution”. Dans le cas du train maya, elles ont précisé qu’“il représente de graves risques et des impacts environnementaux, sociaux, économiques et patrimoniaux, comme l’ont averti plusieurs communautés, universitaires, organisations et même certaines instances du gouvernement fédéral. De même, il n’a pas été décidé par le peuple maya (…) mais une consultation a été menée sans respecter les normes internationales”. Elles ont également dénoncé la “campagne pour délégitimer le travail des organisations civiles, par le biais d’attaques contre les organisations autochtones et de défense des droits humains ; et, récemment, à travers une campagne médiatique qui cherche à faire croire que la coopération internationale est illégale”. Elles ont finalement exigé des excuses publiques, ainsi que la garantie des droits humains des défenseurs.
En août, le journal Animal Politico a révélé que la plupart des éléments de la Garde Nationale, qui selon la loi devrait être une institution civile, ne sont ni des civils ni des membres de la police, mais des militaires transférés des forces armées. La continuité de la militarisation suscite de vives inquiétudes, en particulier après la publication, en mai de l’année dernière, de l’Accord établissant que les forces armées pourront d’accomplir des tâches de sécurité publique (voir Dossier). Renforçant la même inquiétude, en octobre, le général Salvador Cienfuegos, ministre de la Défense durant l’administration du président Enrique Peña Nieto, a été arrêté aux États-Unis, sur ordre de l’Agence contre le trafic et la distribution de la drogue de ce pays. AMLO a annoncé que “tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire, qui agissent au sein du gouvernement ou de la Défense nationale, seront suspendus et renvoyés”. Cependant, il a affirmé être « absolument convaincu que les Forces armées du Mexique sont des institutions fondamentales pour le développement de notre pays ».
En septembre, un groupe de proches de personnes disparues a occupé les locaux de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), à Mexico, pour exiger que justice soit faite. D’autres collectifs et organisations se sont joints a cette manifestation y compris dans d’autres états mexicains. Les manifestant.e.s ont changé le panneau officiel de la CNDH pour mettre à sa place “Casa de Refugio Ni Una Menos”, afin de faire pression sur les autorités pour que celles-ci reconnaissent la violence sexiste et mettent en œuvre des mesures de réponse. La solidarité s’est intensifiée après l’expulsion, à Ecatepec, des femmes qui occupaient les bureaux de la Commission des Droits de l’Homme de l’État du Mexique (Codhem). Peu de temps après, la Ministre à l’Intérieur et la directrice de la CNDH ont promis de prêter attention au plaidoyer des représentant.e.s des groupes de victimes.
En octobre, suite à une réorientation de certains fonds pour faire face à la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie et malgré les questionnements, la Chambre des députés a approuvé la suppression de plusieurs trusts publics, y compris ceux destinés à la réparation des victimes et au mécanisme de protection des journalistes et des défenseur.e.s des droits humains.
L’EZLN annonce qu’elle sortira du Mexique pour “parcourir le monde” en 2021
En octobre, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) a annoncé qu’en avril 2021, plusieurs délégations zapatistes partiraient “pour parcourir le monde (…) ne cherchant ni la différence, ni la supériorité, ni l’affront, encore moins le pardon ou la pitié. Nous irons chercher ce qui nous rend égaux”. Le communiqué explique que “nous regardons et entendons parler d’un monde malade (…), fragmenté en millions de personnes étrangères les unes aux autres, déterminées à leur survie individuelle, mais unies sous l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de profit, ceci alors même qu’il est clair que cette route va à l’encontre de l’existence de la planète Terre elle-même”. Le premier continent à visiter sera l’Europe. Les zapatistes comptent atteindre la capitale espagnole le 13 août 2021, 500 ans après la dite “Conquête” de l’actuel Mexique. “Nous allons dire au peuple espagnol deux choses simples : qu’ils ne nous ont pas conquis. Que nous continuons dans la résistance et la rébellion”, a déclaré l’EZLN. “Qu’ils n’ont pas à nous demander de leur pardonner quoi que ce soit. Assez de jouer avec le passé lointain pour justifier, avec démagogie et hypocrisie, les crimes actuels et en cours : le meurtre d’activistes sociaux (…) ; les génocides cachés derrière les mégaprojets”, a-t-elle ajouté.
CHIAPAS : catastrophe sur catastrophe
En novembre, une déclaration d’urgence a été émise au Chiapas, en raison des fortes pluies causées par la dépression tropicale “Eta”, qui a causé plus de 20 morts, plusieurs inondations et glissements de terrain. Ceci s’ajoute à une longue liste de problèmes, déjà exacerbés par les impacts sanitaires, économiques et sociaux de la pandémie.
Au cours des derniers mois, les situations de violence ont augmenté : en septembre, trois personnes ont été tuées et six blessées suite à une « attaque« , selon certains médias, et une « confrontation« , selon d’autres, qui a eu lieu à Tila, entre ejidatarios et résidents non conformes. Depuis cinq ans, les ejidatarios ont récupéré, par voie légale, leurs droits territoriaux, et la mairie a été transférée à El Limar. Le Vicaire de Justice et Paix du diocèse de San Cristóbal a rappelé qu ‘“il y a près de trois semaines, un groupe d’habitants de Tila a construit des barrages à l’entrée principale et dans d’autres endroits proches de la ville. (…) Nous savons qu’il existait l’intention d’un processus de dialogue et de négociation pour chercher une solution au conflit, mais apparemment la situation est devenue incontrôlable”. L’ejido de Tila a rapporté que la situation de violence a explosé lorsqu’un « groupe d’ejidatarios a cherché a enlever les barrages et a été reçu par des coups de feu ».
Autre cas : malgré la signature d’un pacte de non-agression en juillet, des attaques répétées avec des armes à feu ont continué d’être signalées entre les municipalités d’Aldama et de Santa Martha, Chenalhó, ceci suite à un conflit agraire de 60 hectares, qui a déjà fait environ 25 morts, des dizaines de déplacés et de blessés. En août, une vidéo a été publiée montrant un présumé groupe civil armé de la municipalité de Chenalhó. Le Centre des droits de l’Homme Frayba a réitéré que “le gouvernement du Chiapas a ignoré la crise humanitaire dans la région des Hauts Plateaux en étant permissif avec les groupes armés civils paramilitaires de Chenalhó ». De son côté, le Comité des droits humains Digna Ochoa impute la violence “aux groupes armés qui opèrent du côté de la municipalité d’Aldama”.
Également dans les Hauts Plateaux du Chiapas, en octobre, trois ans après le déplacement forcé de plus de 5.000 personnes, le Comité Chalchihuite a dénoncé qu’à Chalchihuitán “les attaques paramilitaires de Chenalhó continuent et Rutilio Escandón Cadenas, actuel gouverneur du Chiapas, n’a pas respecté ni leurs demandes, ni les recommandations de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, ni les mesures de précaution de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme”.
D’autre part, en août, deux entrepôts de café de bases de soutien de l’EZLN ont été incendiés dans la communauté de Moises Gandhi, municipalité d’Ocosingo, par des membres présumés de l’Organisation Régionale des producteurs de Café d’Ocosingo (Orcao). Ceci s’est produit dans le cadre du différend entre les deux organisations quant aux terres récupérées en 1994. En novembre, le Comité de Bon Gouvernement (JBG) Nuevo Amanecer en Resistencia y Rebeldia por la vida y la Humanidad a dénoncé “l’enlèvement et la torture d’une autre base de soutien zapatiste” par des membres de l’Orcao. Il a mentionné que des organisations de défense des droits de l’homme ont été témoins de la violence dans la région par le biais d’une caravane humanitaire et de documentation, qui a visité Moisés Gandhi et Nuevo San Gregorio en octobre. Cette caravane a observé les « attaques, menaces et harcèlement perpétrés par les groupes armés » et a rapporté que « pendant que la caravane faisait le tour de la zone, plus de neuf coups de feu ont été entendus ». Face à l’enlèvement, une manifestation a eu lieu à Mexico pour “répudier cette nouvelle agression paramilitaire contre les bases de soutien zapatistes, dénoncer la complicité des gouvernements municipaux, étatiques et fédéraux avec les assaillants, et exiger que le gouvernement de López Obrador mette un terme à ‘la guerre contre les zapatistes’ et contre les communautés autochtones qui s’opposent à ses mégaprojets”. La personne kidnappée a été libérée le lendemain.
Autre situation de violence : en octobre, des ejidatarios de San Sebastián Bachajón ont manifesté contre la construction d’une caserne de la Garde Nationale (GN) à Chilón. Ils ont averti que « lorsque le mouvement zapatiste s’est produit (…), le gouvernement fédéral de l’époque a installé des bases militaires dans différentes communautés (…) résultant en un taux élevé de meurtres, de femmes violées, de femmes enceintes et abandonnées, de séparation des mariages, d’enfants abandonnés, ainsi qu’en une augmentation de l’alcoolisme, de la toxicomanie et de la prostitution, et la propagation du crime organisé et de l’insécurité”. Ils ont exigé la destitution immédiate du président municipal de Chilón et du commissaire communal de San Sebastián Bachajón « pour avoir signé un accord pour installer une base de la Garde Nationale (…) sans consulter les habitants ». Selon le Frayba, environ 300 policiers et éléments de la Garde nationale ont réprimé la manifestation pacifique, deux personnes ont été arbitrairement privées de leur liberté et d’autres ont été blessées.
L’impunité : origine des violences actuelles ?
En septembre, un acte de reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le cas du massacre d’Acteal (1997) a eu lieu a Mexico. Y a assisté un groupe de victimes qui a décidé de signer cet accord de règlement à l’amiable dans le cadre du procès intenté devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) en 2005. Le sous-secrétaire aux droits de l’homme, Alejandro Encinas, a admis que cette attaque avait été perpétrée par “des groupes paramilitaires avec la complaisance des autorités”. Il a indiqué que cet Accord bénéficie 18 victimes décédées et 12 survivants, et protège « les droits de ceux qui attendent une résolution de fond de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme ».
Contrairement à ce qui a été exprimé par le ministère des Affaires étrangères lors de ce même événement, dans le sens que cet accord « mettra fin au processus contentieux devant la CIDH« , un autre groupe de victimes, la société civile Las Abejas de Acteal et 44 organisations de 10 pays, ont exprimé que cet accord de certaines victimes est une “décision légitime que nous n’avons pas l’intention de juger”, mais ils ont demandé “d’éviter la construction d’une image erronée”, qui laisserait croire que “l’affaire est déjà résolue”. Ils ont également exprimé leur “inquiétude concernant les 15 années de contentieux de cette affaire devant la CIDH avec une lente progression visible et une usure énorme pour les victimes et leurs familles”.
Plus tard, la société civile Las Abejas de Acteal a affirmé que “des excuses publiques ne suffisent pas”. Elle a exprimé aux autorités : « Si vous étiez vraiment si intéressé par la paix et l’égalité, pourquoi continuez-vous à garantir l’impunité aux paramilitaires ? Pourquoi y a-t-il encore des morts et des blessés par balles de gros calibre à Aldama et Tila? » Elle a déclaré : “s’il n’y a pas de punition, s’ils ne voient pas les conséquences négatives des crimes qu’ils commettent, les paramilitaires continueront à s’enhardir”.
OAXACA : Défense de la Terre Mère, au cœur de multiples processus de défense des droits de l’Homme
Selon des informations publiées en octobre, la société canadienne Minaurum Gold a demandé l’autorisation d’explorer 6.410 hectares de la forêt des Chimalapas pour extraire de l’or et du cuivre. Plus de 300 personnalités du monde académique et artistique, ainsi que 60 organisations civiles ont souligné que « nous ne pouvons pas permettre que le désir d’enrichissement d’une minorité privilégiée et les demandes excessives de matières premières de la société industrielle servent de prétexte pour mettre fin à un patrimoine aussi précieux ». Elles ont averti que « ces activités extractives généreraient d’énormes impacts environnementaux dans l’un des endroits les plus riches en biodiversité de la planète ». Les autorités de San Miguel Chimalapa ont également exprimé clairement leur rejet de l’exploitation minière sur leur territoire.
En octobre, un an après la signature des accords entre la Commission Nationale de l’Eau (CONAGUA) et 16 communautés zapotèques des vallées centrales de la Coordination des Peuples Unis pour le soin et la défense de l’eau (Copuda), cette organisation a fermé symboliquement les bureaux de la Conagua pour signaler le non-respect de ces accords. Ceux-ci prétendaient “reconnaître les droits territoriaux des communautés et leur participation à la gestion des eaux souterraines par le biais de règlements communautaires internes”.
Toujours en octobre, des Zapotèques de Unión Hidalgo ont déposé une plainte civile devant le tribunal de Paris contre Électricité de France (EDF) pour “violations multiples de leurs droits humains” et ont demandé la suspension du projet de parc éolien de Gunaa Sicarú. Ils ont affirmé que les habitants de la zone n’avaient pas été consultés. Ils ont reproché à l’entreprise d’avoir contribué à « une escalade de la violence contre les défenseurs des droits humains (…) par des groupes proches d’EDF « .
Par ailleurs, en août, deux ans après la déclaration de l’Alerte de violence de genre (AVG) dans 40 municipalités de l’état, le Groupe d’études sur les femmes « Rosario Castellanos » (GESMujer) a averti qu’avec 458 cas depuis le début de l’administration du gouverneur Alejandro Murat, celle-ci « est en train de devenir celle caractérisée par la plus grande violence féminicide de l’histoire récente ». 243 des cas se sont produits depuis le début de l’AVG. 62% des meurtres violents de filles et de femmes se sont produits dans des municipalités couvertes par l’alerte, « ce qui reflète qu’en raison du manque d’actions énergiques (…), il n’a pas été possible d’arrêter la violence féminicide et, plus encore, qu’elle s’étend aux communes non considérées à risque”. GESMujer a déclaré que « l’AVG est un mécanisme qui permet de rendre visible (…) les niveaux élevés de violence à l’égard des femmes et des filles, mais aussi de rendre visibles les graves lacunes institutionnelles ».
GUERRERO : Entre dénonciations et manifestations
Le mois de septembre a marqué le sixième anniversaire des graves violations des droits de l’homme commises contre les élèves de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, y compris la disparition forcée de 43 d’entre eux. Dans ce cadre, AMLO a promis que les responsables seraient punis. Il a donné des détails sur les progrès, tels que les actions de perquisition, les 80 personnes arrêtées en plus des mandats d’arrêt contre des membres de l’armée, de la police et des fonctionnaires. L’ONU-DH a reconnu “les importantes avancées accomplies”, tout en encourageant “l’État mexicain à intensifier ses efforts afin de parvenir à une clarification complète de l’affaire”. En novembre, José Martínez Crespo, le premier militaire prétendument lié à celle-ci, a été arrêté.
Par ailleurs, en septembre, des organisations civiles ont demandé aux autorités de mettre fin à la criminalisation du Centre régional de défense des droits de l’homme “José Ma. Morelos y Pavón”. Elles ont rappelé que le président municipal de Leonardo Bravo avait opposé son veto à l’entrée des membres du Centre à Chichihualco, « où cette organisation accompagne depuis plus d’un an et demi des familles déplacées par la violence et la présence du crime organisé ». Elles ont exprimé leur inquiétude face aux déclarations “de fonctionnaires qui, sur la base de discours de haine (…), cherchent à discréditer le travail des organisations et des individus qui défendent les droits de l’homme”.
En septembre, le Front Guerrero pour nos disparus a publié une lettre qu’il a adressée aux autorités dans laquelle il détaille les conditions qu’ils ont vécues, le manque de sécurité pour les défenseurs, le manque de protection des journalistes et l’obstruction à l’accès à la vérité et la justice, l’arrêt des recherches et des enquêtes, ainsi que le manque d’attention aux victimes.
De même, en septembre, 2.000 personnes indigènes et afro-mexicaines ont manifesté à Chilpancingo, pour exiger la reconnaissance constitutionnelle de leurs droits par l’approbation du projet de loi présenté en décembre de l’année dernière. Elles ont dénoncé que la Garde nationale avait retenu les manifestants à l’entrée de Chilapa de Álvarez pendant 30 minutes, afin qu’ils n’atteignent pas la capitale.
En octobre, un an après le meurtre du dirigeant du Front Populaire de la Montagne (FPM) Arnulfo Cerón, un rassemblement a eu lieu à Tlapa pour demander justice. Le Centre des droits de l’homme Tlachinollan a souligné que “plusieurs auteurs matériels et certains intellectuels sont poursuivis pour cet horrible crime. Cette attaque (…) a démontré l’impunité avec laquelle le crime organisé a enlevé, tué et fait disparaître des personnes. « Il a affirmé que “le défi pour les autorités sera de (…) profiter du contexte de l’affaire Arnulfo pour créer les conditions qui empêchent le crime organisé de reprendre racine dans la Montaña avec son flot de violence et de morts”.