BULLETIN URGENT : Répression du Magistère à Oaxaca
21/06/2016DOSSIER: la réforme de l’éducation et la lutte des enseignant(e)s – Clés pour comprendre le mouvement
19/09/2016Les manifestations du mouvement des enseignant(e)s pour obtenir un dialogue avec le ministère de l’Intérieur sur la réforme de l’éducation approuvée en 2013 se sont inscrites dans un contexte de répression et de violence croissantes.
La 19 juin, à Nochixtlán (Oaxaca), les forces de police ont violemment réprimé les enseignant(e)s et d’autres personnes de la société civile organisées contre la réforme de l’éducation. Au total, neuf personnes ont été tuées, quarante cinq blessées par balles et deux autres sont toujours portées disparues.
Ces incidents ont permis l’ouverture d’un dialogue entre le ministre de l’intérieur, Miguel Ángel Osorio Chong, et des représentants du syndicat des enseignant(e)s. Seuls deux accords ont étés passés: enquêter sur l’affaire Nochixtlán et procéder à la réparation du préjudice porté aux familles des victimes. A aucun moment il n’a été question de revenir sur la réforme de l’éducation afin de la modifier. C’est pourquoi les manifestations et les barrages routiers organisés par les enseignant(e)s au Oaxaca et au Chiapas n’ont pas cessé. De plus, le corps enseignant des états du Guerrero et du Michoacán était sur le point de se joindre au mouvement.
Il faut souligner que les répressions perpétrées par les forces de l’ordre ont été à l’origine de la mort d’un enseignant au Chiapas en 2015 et de deux autres au Guerrero en 2016. Des organisations des droits de l’Homme ont dénoncé l’utilisation systématique des forces de l’ordre, l’augmentation des campagnes médiatiques de dénigrements et de criminalisation des enseignant(e)s, ainsi que la détention arbitraire d’au moins 75 personnes – parmi lesquelles se trouvaient plusieurs leaders syndicaux. Une partie des détenu(e)s a été transférée dans une prison de haute sécurité où sont incarcérés les coupables de graves délits.
Au moment de clôturer ce bulletin, en raison de la posture du gouvernement, fermement décidé à ne pas revenir sur la réforme de l’éducation, peu d’avancées avaient été obtenues (voir Dossier).
Le secteur de la santé: aussi en grève
A San Cristóbal de las Casas (Chiapas), depuis le 7 juin, environ trois mille travailleurs et travailleuses du secteur de la santé sont en grève en raison de la rupture de stock de matériel médical, du manque de personnel et afin de réclamer de meilleures prestations sociales. Le personnel en grève a maintenu un sit-in prolongé devant les établissements hospitaliers. Au moment de la clôture de ce bulletin, le personnel en grève n’avait toujours pas reçu de réponse à ses demandes.
Le 22 juin est entré en vigueur la première phase du nouveau Système Universel de la Santé, lancé par Enrique Peña Nieto en 2013. A cette occasion, le secteur de la santé a appelé à une grève nationale et, dans environ 70 villes, des manifestations ont eu lieu pour rejeter ce nouveau système. Le mouvement #Yosoymédico17 (#Je suis le 17ᵉ médecin) – initié en 2014 dans la ville de Guadalajara, Jalisco, en soutien à 16 médecins accusés de négligence – a dénoncé que ce nouveau système cherche, en réalité et de manière déguisée, à privatiser le secteur de la santé.
Dans le cadre de ces manifestations, entre le 17 et le 21 juin, l’organisation Articule 19 a enregistré 16 agressions contre des journalistes qui couvraient les événements au Oaxaca et dans la ville de Mexico. Le meurtre de Elpidio Ramos Zárate du journal El Sur, à Juchitán, au Oaxaca, ainsi que 4 autres tentatives d’homicides ont aussi été rapportés.
D’autres conflits sociaux
Selon la revue Proceso, il existerait plus de 250 conflits sociaux dans tout le pays liés, pour la plupart, au Plan National d’infrastructure (PNI) lancé en 2013. Ce plan prévoit la construction de méga projets et de centaines de travaux publics tels que la construction de 16 nouveaux gazoducs et 21 projets électriques, des parcs d’énergie éolienne, hydro et thermo électrique. Pour s’opposer à ces plans au moins 52 mouvements sociaux et communautaires ont vu le jour. Les membres de ces mouvements sont souvent victimes de répressions et d’agressions. Action Urgente pour les Défenseurs des Droits de l’Homme, la Campagne Nationale contre la Disparition et le Comité Cerezo, considèrent que ces répressions et agressions font partie « d’une stratégie de contrôle social de la population.» Dans ce contexte, au début du mois d’avril, 179 organisations et collectifs ont lancé la Campagne Nationale en Défense de la Terre Mère et du Territoire, depuis Mexico.
Élections dans un climat de contestation
Le 5 juin dernier, les élections de gouverneurs dans douze états, de maires dans 2 445 municipalités, de députés locaux et des députés de la ville de Mexico ont eu lieu. Des experts affirment que les résultats des ces élections révèlent le panorama politique des élections présidentielles de 2018. Ils soulignent qu’aucun parti n’a obtenu plus de 30% des voix.
Le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), actuellement au pouvoir, a remporté 5 des 12 postes de gouverneur. Il a perdu dans des états qui durant 90 ans n’avait pas connu d’autres couleur politique au profit du Parti Action Nationale (PAN) qui a gagné 7 postes de gouverneur (dont 3 en alliance avec le Parti de la Révolution Démocratique (PRD)). Certains analystes considèrent que les résultats sont le fruit d’un vote à l’encontre du PRI afin de sanctionner sa corruption, son incapacité à mettre fin à l’insécurité et à la crise économique.
Le PRD a subi un sévère revers électoral. Le mouvement de Regénération National (Morena) n’a pas non plus obtenu de poste de gouverneur. Cependant, il est devenu la première force politique dans la ville de Mexico avec 36.2% des voix lors de l’élection de l’assemblée constituante. Les élections ont été marquées par un taux d’abstention très élevé: 71,7%.
Les campagnes se sont caractérisées par la rivalité acharnée et déloyale entre candidats et par le peu de transparence quant à leur frais de campagnes. De plus, dans l’état de Tamaulipas, considéré comme le plus violent de tout le pays, 59 personnes ont retiré leurs candidatures par peur de représailles du crime organisé.
L’affaire Ayotzinapa: sans résultats
Le Groupe Interdisciplinaire des Experts Indépendants (GIEI) a terminé son travail au Mexique. Dans son dernier rapport il a révélé plusieurs incohérences et omissions dans l’enquête du Bureau du Procureur Général de la République (PGR) sur l’affaire Ayotzinapa. Le GIEI a déclaré que «la lenteur pour répondre aux demandes du GIEI, le retard quant à la recherche de preuves, […] le fait de ne pas enquêter sur d’autres pistes, ne peuvent pas êtres interprétées comme de simples obstacles improvisés ou partiels. Ils font preuves de barrières structurelles» Le GIEI a confirmé la présence d’agents de la police fédérale et du 27e bataillon militaire d’Iguala lors de la disparition. Il a signalé que la PGR a remis des preuves douteuses: les ossement découverts dans la décharge de Cocula sont apparus à la suite d’une visite non reportée des lieux. De plus, on y a aussi retrouvé 42 cartouches de balles, amoncelées dans un même endroit.
Le 27 avril, l’ambassadrice des États Unis auprès des Nations Unies, Samantha Power, a exhorté le Mexique à «la sérieuse prise en compte de toutes les recommandations du rapport.» Elle a insisté sur le fait qu’ «au delà de l’affaire des 43 étudiants, le rapport met l’accent sur l’importance cruciale des efforts que doit faire le Mexique pour rendre des comptes et pour renforcer la validité de l’état de droit.» Cette exigence vient s’ajouter à celles que d’autres gouvernements étrangers et organisations multilatérales avaient également faites au Mexique au cours des mois précédents.
En juin, des milliers de personnes ont manifesté dans la ville de Mexico, lors de la Journée Officielle pour Ayotzinapa et pour la défense de l’éducation publique. Des milliers d’enseignant(e)s ainsi que d’autres organisations sociales et syndicale ont accompagné la marche. Les manifestants avaient convié tous les secteurs qui reprochent au gouvernement sa déficience administrative.
Peu de temps après, les membres des familles des 43 élèves d’Ayotzinapa ont été victimes d’une agression lors d’un déplacement entre Cuernavaca et la ville de Mexico. Des individus ont lancé des pierres sur le bus dans lequel ils se trouvaient et ont réussi à briser deux vitres. Leur avocat a ajouté qu’ils avaient fait auparavant l’objet de menaces de mort verbales et écrites.
Quant aux droits de L’homme: pas de résultat non plus!
Au mois de mai, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a publié un rapport spécial qui révèle qu’il y a plus de 35 000 personnes qui ont été déplacées dans le pays, victimes de violence. L’ombudsman, Luis Raúl González Pérez, indique que le chiffre pourrait être bien plus élevé car « l’information n’est pas complète, ni mise à jour ni et ne peut être vérifiée.» Sinaloa, Michoacán, Guerrero et Chihuahua seraient les états où les expulsions sont les plus nombreuses dues à la criminalité organisée.
Le Congrès n’a pas encore promulgué la loi sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou humiliants. Des organisations civiles critiquent un tel retard et rejettent ladite « miscelanea pénale », un ensemble d’initiatives de reformes de plusieurs codes et lois qui pourraient favoriser la torture.
Trois soldats impliqués dans l’exécution de Tlatlaya (perpétrée dans l’état de Mexico en juin 2014 et au cours de laquelle 22 civils ont perdu la vie) ne seront pas jugés car le procureur chargé de l’affaire a estimé que les preuves sont insuffisantes. Près de 90 organisations ont affirmé qu’ « au Mexique la justice pour les victimes de violation des droits de l’Homme et abus de la part des militaires est très loin d être une réalité. »
A la fin du mois de juin, le Réseau de Documentation des Organisations qui défendent les migrants (Redodem) a présenté son rapport Intitulé Migration, en transit au le Mexique: visage d’une crise humanitaire internationale. Ce rapport révèle que Veracruz, Oaxaca et le Chiapas sont les états les plus violents contre les migrants. Il souligne le fait que le Mexique ne remplit pas ses obligations de respect des droits de l’Homme des personnes en transit.
Des reformes interprétées par des analystes comme un risque de répression majeure
En mars, la Chambre des Députés a adopté la Loi Réglementaire de l’article 29 de la Constitution. Cette loi permet au président de la République et au Congrès de suspendre les garanties constitutionnelles en cas de trouble de l’ordre public. Il est à craindre, face à ce dispositif, que la moindre manifestation se transforme en un motif d’annulation du droit a la liberté de réunion, de protestation et d’expression, ainsi qu’à la vie privée, à l’information, à la libre circulation et à la communication.
En avril, la Chambre des Députés a présenté une reforme du Code de la Justice Militaire et un nouveau Code Militaire de Procédures Pénales qui permettraient la fouille des domiciles particuliers et la mise sur écoute des appels téléphoniques privés. De plus, cette reforme établit que les militaires seront innocents jusqu’à preuve du contraire.
Oaxaca : au delà du mouvement des enseignant(e)s
Le Bureau du Procureur Général de Oaxaca a enregistré 182 homicides volontaires de janvier à mars, la plupart perpétrés dans la région de la Costa (région côtière). Selon EDUCA, au Oaxaca, « les campagnes électorales (…) se mesurent aux nombre de morts qui en résultent, mais elles présentent désormais un nouvel aspect: la participation active du crime organisé dans le processus électoral. »
Au Oaxaca, il existe aussi de nombreux conflits pour la terre, le territoire et les ressources naturelles. Deux études d’EDUCA, réalisées à partir d’informations officielles, démontrent qu’il existe 35 sites d’exploitation minière, 407 concessions minières où l’activité n’a pas encore débuté et presque une cinquantaine de projets hydroélectriques encore à l’état d’étude préalable. Les peuples concernés par ces projets continuent de s’organiser pour défendre leur terre. Par exemple, au mois d’avril à Ixtepec le premier Forum régional pour la protection de la vie et du territoire a eu lieu dont le slogan était «Sans or et sans argent on peut vivre, sans eau non!»
La participation électorale à Oaxaca a été d’environ 59 %. Alejandro Murat Hinojosa de l’alliance du PRI PVEM et PANAL a été élu au poste de gouverneur avec 32 % des suffrages. Suite à cette victoire des centaines de citoyen(ne)s ont manifestés leur mécontentement lors de l’événement » Oaxaca est en deuil » au cours duquel ils brandissaient une pancarte s’interrogeant « Être gouverneur avec 18 % des voix, c’est ça la démocratie qu’on nous offre? »
L’impunité persiste. L’assassinat de Bety Cariño et Jyri Jaakkola n’a pas été résolu. Le veuf de Bety Cariño à déclaré que justice sera faite uniquement lorsque la totalité des personnes impliquées dans l’assassinat seront arrêtées. Pour le moment 4 ont été détenus, 9 autres sont encore en liberté. L’affaire a été présentée devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH).
Chiapas: un autre état sous tension
Tout au long du mois d’avril, des membres du Mouvement Pedrano de Chenalho ont manifesté à plusieurs reprises contre la maire, Rosa Perez Perez. Ils exigent qu’elle soit relevée des ses fonctions car elle n’a pas tenu ses promesses de campagne. Ils ont assiégé la mairie, les locaux du Système de Développement intégral de la Famille (DIF), le péage de l’autoroute de Tuxtla Gutierrez à San Cristobal de las Casas et ils ont bloqué tous les accès routiers de la ville. Ils ont même fermé les portes du Congrès avec des chaînes et cadenas durant plusieurs heures alors que des employés se trouvaient à l’intérieur.
Le 25 mai, un groupe de personnes de Chenalho qui portait des cagoules, a violemment fait irruption dans les locaux du diocèse de San Cristóbal de Las Casas où une négociation sur la destitution de la maire avait lieu. Eduardo Ramírez Aguilar, le président du Congrès de l’état du Chiapas et le député Carlos Penagos ont été pris en otage et emmenés à Chenalho afin d’être exhibés sur la place centrale.
Les auteurs de la prise d’otage ont alors revêtu Eduardo Ramírez Aguilar de la robe typique des femmes de Chenalho, afin de l’humilier. Le jour suivant, les deux fonctionnaires d’états ont été libérés suite à l’annonce du Congrès d’accepter le licenciement de la maire et de nommer comme successeur son conseiller municipal, Manuel Santiz Alvarez. La violence de ce conflit à causé la mort de deux personnes, dont une enfant. De plus, 80 familles de la communauté Puebla «contre la démission de Rosa Perez Perez ont été agressées et leurs maisons ont étés incendiées» et 14 familles de la Société Civile des Abejas ont dû quitter leurs domiciles.
Dans les villes de Oxchuc, Ixtapa et Frontera Comalapa des conflits similaires ont éclaté suite aux élections. Le Tribunal Électoral du Pouvoir Judicaire de la Fédération (TEPJF) a ordonné la démission de sept conseillers de l’Institut Electoral et de la Participation Citoyenne. Il leur est reproché de ne pas avoir respecté les règles d’égalité des sexes durant les dernières élections. Ils auraient aussi engagé une entreprise afin qu’elle développe un système électronique de vote depuis l’étranger. Ce système aurait permis à plus de 17 000 pseudos électeurs du Chiapas de voter en ligne alors qu’ils se trouvaient en dehors du pays.
Au mois de mai, des milliers d’indigènes de Simojovel ont manifesté pour exiger la paix et la sécurité dans leur région. Ces manifestations font suite aux violentes attaques subies de la part d’un groupe d’environ 100 à 150 personnes du PRI et de la Confédération Nationale des Paysans (CNC). Des membres du Peuple Croyant ont désigné comme responsables, ceux qui ne cessent de les harceler depuis des années car ils s’opposent au trafic de drogue, à la corruption, à la vente d’alcool et à l’exercice du pouvoir des caciques.
S’agissant de la question de la terre et du territoire, au mois d’avril, les familles déplacées du village Primero de Agosto ont dénoncé la mise en place de clôtures autour de leurs terres, celles d’où ils ont été déplacés en février 2015. Ils ont aussi déclaré avoir reçu des menaces de la part des ejidatarios (propriétaires de lopins de terre de manière collective) de Miguel Hidalgo et membres de la Centrale Indépendante des Ouvriers Agricoles et Paysans – Historique (CIOAC-H) qui « avaient des armes à feu, des machettes et portaient tous des casquettes jaune du PRD (sic.)». Les ejidatarios de Tila ont dénoncé les provocations d’un groupe d’une centaine de personnes qui a tiré des coups de feu avec des armes de gros calibre. Ce groupe a des « lien avec la mairie et le groupe paramilitaire Paix et Justice ». Le Centro ProDH a signalé que ce même groupe a attaqué «deux dispositifs sécuritaires que les propriétaires avaient mis en place sur la route d’accès à Tila», a fait pression sur des habitants pour qu’ils rejoignent leur mouvement sous peine de brûler leurs maisons. Les ejidatarios ont dénoncé qu’au mois de juin, l’un d’entre eux a été blessé par un policier et qu’ils continuent de recevoir de menaces de la part de ceux qui s’opposent à la sortie de la mairie de Tila.
Au mois d’avril, d’une part, le pèlerinage commémoratif du massacre de la communauté indigène Viejo Velasco et en défense de la Terre Mère a eu lieu. D’autre part, les communautés de Los Llanos et San José, dans la municipalité de San Cristóbal de las casas, ont annoncé l’obtention d’un amparo (document juridique de protection) contre le projet de construction de l’autoroute San Cristóbal de Las Casas-Palenque.
Au mois de mai, la paroisse de Zinacantán a aussi organisé un pèlerinage contre la privatisation de l’eau et celle de leur source, menacées par la construction d’un barrage hydroélectrique.
Parmi les autres problématiques en matière des droits de l’Homme, au mois d’avril, le Front National de Lutte pour le Socialisme (FNLS) a fait part de la disparition de Fidencio Gómez Sántiz, dans la municipalité d’Altamirano, et de l’assassinat d’Héctor Sántiz López de El Carrizal, dans la municipalité d’Ocosingo. Le FNLS a imputé cette disparition et les assassinats de ces membres ainsi que de 4 autres personnes d’Ocosingo à un conflit d’«intérêts oligarques» lié aux ressources naturelles dans ces territoires.
Des organisations sociales ont dénoncé la disparition de Maximiliano Gordillo Martínez, un jeune homme de 18 ans, originaire de la commune Tzinil, dans la municipalité de Socoltenango. Alors qu’au mois de mai il se rendait à Playa del Carmen pour y chercher du travail, il a été détenu par des personnes s’étant fait passer pour des agents de l’Institut National de la Migration (INM) et des policiers qui ne se sont pas identifiés officiellement. Il n’avait pas de carte d’identité mais il voyageait avec son acte de naissance et son numéro d’identification afin de prouver sa nationalité mexicaine. L’INM a nié avoir enregistré Maximiliano dans son système informatique et n’a fourni aucune autre information afin d’aider à sa recherche. Des organisations des Droits de l’Homme craignent que cet incident puisse correspondre à un nouveau mode opératoire de la délinquance organisée.
Guerrero: la violence demeure à l’ordre du jour
Durant le trimestre en cours, plusieurs organisations ont porté plainte dans l’état de Guerrero. D’après le quotidien La Jornada, dans la nuit du 30 avril, 7 membres du Conseil des Ejidatarios et Communautés Opposés au barrage hydroélectrique de la Parota (CECOP) près d’Acapulco « ont été blessés par balle, par jets de pierre et roué de coups par deux jeunes du village La Concepcion. » Les agresseurs auraient un lien avec des hommes d’affaires du secteur minier, qui exploitent le fleuve Papagayo, et contre qui une partie de la communauté est organisée.
Après presque trois ans passés en prison, six membres de la Coordination Régionale des Autorités Communautaires – Police Communautaire (CRAC-PC) de Ayutla de los Libres ont étés libérés. Ils avaient été arrêtés en 2013, en même temps que Nestora Salgado, commandante de la Police Communautaire de Olinalá. Cette dernière a été libérée au mois de mars 2016. Le Centre des Droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan et la CRAC-PC- Maison de la Justice de San Luis Acatlán ont dénoncé ces détentions. Ils estiment que les détenus ont été « injustement incarcérés pour défendre le système de sécurité et de justice de la CRAC-PC ». En fait, ils « exerceraient simplement leurs fonctions d’autorité, droit, reconnu par la Constitution, les lois et traités internationaux
». A ce jour, au moins trois autres membres de la CRAC-PC sont encore détenus. Depuis sa libération, Nestora Salgado García ainsi que sa famille ont été victimes d’agressions et de menaces. Au mois de mai, la maison de Saira Rodriguez Salgado, fille de Nestora, a été mitraillé. Saira s’était vu auparavant retirer les mesures de protections policières que lui avait accordées le Mécanisme de Protection des Personnes Défenseures des Droits de l’Homme et des journalistes.
La Cour Suprême a mis un frein au processus d’organisation des peuples contre l’exploitation minière, en suspendant l’amparo promu par la communauté Indigène de San Miguel del Progreso. Cette communauté après avoir obtenu l’annulation des concessions minières sur ses terres, avait contesté, pour aller plus loin encore, le caractère inconstitutionnel et inconventionnel de la loi minière. Les habitants de cette communauté et le Centre des Droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan ont dénoncé qu’autant le ministère de l’économie que les entreprises d’exploitation minière ont cherché à éviter à tout prix que la Cour Suprême revienne sur la loi minière en vigueur.
L’impunité reste à l’ordre du jour, avec le massacre de El Charco (perpétré il y a 18 ans) et celui de Aguas Blancas (il y a 21 ans). Plus récemment, dans le cadre de l’affaire d’Antonio Vivar Díaz, exécuté arbitrairement durant la journée électoral du mois de juin 2015, aucune enquête n’a été diligentée. Ce même jour, des dizaines d’autres personnes ont fait l’objet d’arrestations arbitraires et ont été traités de façon cruelle et inhumaine.