Observation nationale et internationale des droits de l’Homme dans le cadre du “Voyage pour la vie, chapitre Europe”
26/04/2021DOSSIER : Les jeunes au Mexique – une approche de leurs perspectives et opinions
15/06/2021
L e 6 juin, des élections auront lieu au Mexique au cours desquelles 500 sièges à la Chambre des Députés, et plus de 20 300 postes locaux, dont 15 gouverneurs, seront soumis à suffrage. Elles se dérouleront en pleine pandémie de COVID-19. Un an après le début de l’urgence sanitaire, on recense plus de 2 500 000 cas et plus de 220 000 morts. Bien que les chiffres officiels soient en baisse et que la vaccination progresse, l’urgence sanitaire perdure.
Une autre caractéristique omniprésente dans ce processus électoral est la violence politique. À la mi-mai, 563 attaques contre des politiciens et des candidats avaient déjà été recensées. 83 d’entre eux ont été assassinés (dont 63 d’un parti autre que le parti au pouvoir dans leurs états respectifs), selon le cabinet de conseil Etellekt. La pénétration du crime organisé dans les campagnes est signalée comme l’un des facteurs de ces taux élevés de violence, mais ce n’est pas le seul. Ces élections sont « intermédiaires », coïncidant avec le milieu du mandat de six ans d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO) du parti Mouvement de Régénération Nationale (Morena), et seront un indicateur pour définir la continuité de son projet intitulé Quatrième transformation. Il y a une grande tension entre les différents secteurs politiques en faveur ou contre ce projet.
Dans des éléments d’analyse, l’organisation Services pour une éducation alternative (Educa) a déclaré dans un bulletin : « Le débat qui existe est de savoir si Morena a vraiment promu les changements que le pays exige. Il existe un doute fondé quant à savoir si ce à quoi nous sommes confrontés est vraiment une transformation de la vie publique. D’une part, Morena a attaqué certains secteurs qui bénéficiaient de grands privilèges dans le passé : un secteur du monde des affaires, de la presse et des médias, la « bureaucratie dorée ». Des actions d’importance vitale ont été promues au profit des plus démunis de ce pays, telles que l’augmentation du salaire minimum, le soutien aux jeunes, aux personnes handicapées et aux personnes âgées, et certains programmes sociaux. Cependant, d’un autre côté, (…) les forces armées ont été renforcées, les mouvements sociaux comme les mouvements écologistes et les mouvements de femmes ont été réprimés, des institutions comme la CNDH (Commission Nationale des Droits de l’Homme), le TEPJF (Tribunal Électoral du Pouvoir Judiciaire Fédéral) et le Pouvoir Judiciaire ont été cooptés. Des organisations de la société civile, des journalistes indépendants et des défenseurs des droits humains, qui été qualifiés de ‘conservateurs’ par le Palais national, sont agressés. »
Défenseur.e.s des droits humains et journalistes : vulnérabilité
Le Mexique se classe au quatrième rang des pays les plus meurtriers au monde pour les défenseur.e.s des droits humains. En 2020, 19 défenseur.e.s ont été tué.e.s. Il faut souligner qu’un des facteurs de vulnérabilité provient des remises en question de leur travail de la part du président lui même. A titre d’exemple, en mars, le président López Obrador a déclaré que « dans les gouvernements précédents, des massacres ont été permis et les défenseurs des droits humains de la soi-disant société civile sont restés silencieux face à ceux-ci, y compris les organismes des Nations Unies et les défenseurs des droits humains de l’OEA [Organisation des États Américains]». Les organisations civiles ont défendu les actions de l’ONU-DH et de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), et ont exigé que leur travail soit respecté.
Toujours en mars, AMLO a affirmé que l’organisation en faveur de la liberté d’expression Article 19 « est financé par des étrangers, toutes les personnes qui sont en relation avec Article 19 appartiennent au mouvement conservateur qui est contre nous ». Dans ce même cadre, il a critiqué les États-Unis pour s’être prononcé sur les violations des droits de l’homme au Mexique, y compris les attaques contre les journalistes, ceci dans le rapport annuel du Département d’État dans lequel il est indiqué que « bien que les journalistes mexicains jouissent de la liberté de critiquer le gouvernement, le président les discrédite publiquement, ce qui a amené les communicateurs à recevoir des attaques et des menaces sur les réseaux sociaux ». En 2020, 692 attaques contre des journalistes et des médias ont été enregistrées.
Face à ces critiques directes,l’ Article 19 a condamné l’intention de López Obrador de « nous discréditer et nous disqualifier sans aucun fondement », en déclarant que l’organisation dispose d’un financement international, ce qui est de notoriété publique. Il s’est interrogé sur le fait que depuis qu’il a pris le pouvoir, le président fait usage d’« un exercice déformé du droit de réponse », en l’utilisant « comme disqualification et ce qu’il génère est un effet inhibiteur ». Plus de 160 organisations civiles et journalistes ont exprimé leur soutien au travail d’Article 19. « Les propos du président contre les organisations de la société civile, les médias, les communicateurs, les communicatrices et les journalistes contribuent à la polarisation existante dans le pays et à la situation de vulnérabilité dans laquelle ils se trouvent », ont-elles souligné.
8M : des milliers de femmes manifestent pour réclamer une vie sans violence
Le 8 mars, dans le cadre de la Journée internationale de la femme et malgré la pandémie, des milliers de femmes ont manifesté dans divers états mexicains pour réclamer une vie sans violence. Ces manifestations ont eu lieu à un moment de désaccord avec l’administration d’AMLO. Lors de sa conférence du 7 mai, le président a encore déclaré que les mouvements féministes sont « des groupes manipulés par les conservateurs et leurs revendications sont des attaques politiques » (voir article).
Le 8, les commissions du Sénat ont approuvé, entre autres, la suppression du Bureau du procureur général (FGR) de la liste de institutions appartenant au Système national de prévention, d’assistance, de punition et d’éradication de la violence à l’égard des femmes, afin de soit disant « préserver son autonomie ».
Dans les avancées, en avril, la loi Olympia a été approuvée. Elle établit des dispositions pour sanctionner les violences numériques. Des collectifs féministes d’au moins 10 états, présents à l’extérieur du Parlement, ont explosé de joie en apprenant la décision.
Réforme de la FGR : un retour en arrière pour les droits humains
En avril, le Sénat a approuvé la publication de la nouvelle loi sur le fonctionnement du bureau du procureur général (FGR). Le Centre Agustín ProDH a déclaré qu’elle implique « un grave retour en arrière, ce qui préoccupe de larges secteurs de la société civile, des groupes de familles des victimes, des universitaires et experts en matière de droits de l’homme ». « Elle élimine les droits des victimes, annule les instances de responsabilité, érode les contrôles pour la nomination des procureurs et dissocie le FGR des mécanismes de coordination interinstitutionnelle (…) sous prétexte d’autonomie », a-t-il dénoncé. De nombreux groupes de familles de victimes, notamment celles de disparition, se sont également prononcés contre la décision et dénoncent avoir été exclus du débat.
La loi a même été critiquée par des fonctionnaires de haut niveau. La présidente de la Commission nationale de recherche, Karla Quintana, a exprimé que « ce qu’elle fait, c’est limiter et nier les droits des victimes (…). Elle nie le pouvoir d’attraction des affaires et le complique même pour que le FGR ne soit pas obligé de le faire. Cela nous ramène des décennies en arrière par rapport à ce qui a été obtenu en matière de droits humains. En général, la question de l’autonomie dans la loi montre une incompréhension totale du terme, ce que je ne pense pas être une erreur, c’est complètement intentionnel ».
Peuples autochtones : entre attention et contradictions
En avril, la loi de consultation des peuples et communautés autochtones et afro-mexicaines a été approuvée, ce qui devrait permettre à ces secteurs d’« exprimer leur opinion sur les projets administratifs et législatifs qui pourraient (les) affecter ». Cependant, il a également été approuvé qu’« il n’y aura pas d’augmentation du budget pour cette question au cours de l’exercice en cours ». En fait, cela empêche la mise en œuvre de la loi que certains opposants ont qualifiée de « simulation ».
En mai, le président s’est rendu à Quintana Roo, où il a présenté ses excuses aux peuples mayas pour les griefs historiques qu’ils ont subis. « Nous offrons ici nos excuses et affirmons que nous n’oublierons jamais les habitants du Mexique profond », a-t-il ajouté.
Cependant, dans une lettre publique, le groupe d’historiens mayas Chuunt’aan Maya, du Yucatán, a déclaré qu’« il y a beaucoup de choses qui continuent : on continue à déboiser les montagnes pour y planter du soja, on continue à nous voler les montagnes et cenotes(puits) que nous avons défendus. Cette demande de pardon peut être l’occasion de s’asseoir et de dialoguer », a-t-il ajouté. De leur côté, les groupes indigènes du Yucatán, organisateurs de la campagne U Jeets’el le ki’ki ‘kuxtal (Pour une vie digne), ont rejeté la demande de pardon, estimant qu’elle allait de pair avec la dépossession et les violations des droits humains. « Celui qui demande pardon perpétue le racisme, la discrimination et le mépris », ont-ils accusé. Ils ont fait valoir que la colonisation persiste, « chaque jour avec plus de violence et d’intensité », avec l’imposition de mégaprojets.
MÉGAPROJETS : Visions contradictoires
En février, trois nouvelles suspensions provisoires ont été accordées pour la section trois du Train Maya. Des demandes légales avaient été déposées contre la manifestation d’impact environnemental (MIA), accordée au Fonds national pour la promotion du tourisme (Fonatur). Elles avaient été présentées par l’Assemblée des défenseurs du territoire maya « Múuch ‘Xíinbal » et le collectif Chuun t ‘aan Maya. Ils ont fait valoir la violation du droit à l’information, à une participation adéquate et l’omission d’une évaluation environnementale régionale complète et non divisée par sections. Fonatur a assuré que ces demandes ont un intérêt politique, et qu' »elles ont été conçues, écrites et présentées par des organisations de la société civile » qui ne représentent pas les peuples autochtones.
En mars, Fonatur a annoncé que le ministère de la Défense serait en charge de l’exploitation de « l’ensemble du train maya, et pas seulement des sections 1, 6 et 7 comme initialement prévu ». Cette annonce suppose que « tous les bénéfices iront directement à l’armée » pour financer les retraites des marins et des soldats et pour « garantir la sécurité dans la région ». Avec cette décision, un soutien « sans précédent » est apporté à une institution « qui accumule chaque jour plus de pouvoir et le perpétue en tant qu’agent économique et politique pour les gouvernements suivants« , a déclaré l’analyste en sécurité Alejandro Hope.
L’EZLN entame sa « Traversée pour la Vie – Chapitre Europe »
Sept zapatistes forment la fraction maritime de la délégation qui se rendra en Europe. Quatre sont des femmes, deux sont des hommes et un est “autre”. 4, 2, 1. Escadron 421. En avril, la commission maritime a commencé sa « Traversée pour la Vie – Chapitre Europe », avec plusieurs actes d’adieu dans des territoires zapatistes du Chiapas. « La délégation a reçu le mandat des peuples zapatistes d’emmener loin nos pensées, c’est-à-dire nos cœurs. Non seulement pour embrasser ceux qui se rebellent et résistent sur le continent européen, mais aussi pour écouter et apprendre de leurs histoires, géographies, calendriers et formes de travail », a déclaré l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN).
Le 2 mai, l’escadron 421 a quitté Isla Mujeres, Quintana Roo, à bord de La Montaña, le navire qui les conduira en Europe après une traversée de 6 à 8 semaines. Il devrait arriver à Madrid le 13 août, date qui marquera 500 ans depuis la chute de Tenochtitlán, capitale de l’empire aztèque aux mains des Espagnols. L’objectif est de faire le chemin inverse à celui des conquistadors et de « se battre pour la vie, s’organiser, se défendre, mais ensemble », a déclaré le sous-commandant insurgé Moisés. L’EZLN a annoncé des activités dans 30 pays européens.
Migration : le changement de président aux USA ne marque pas une différence significative pour l’accès aux droits humains des migrants
En mars, le Collectif d’observation et de suivi des droits de l’homme dans le sud-est mexicain a exprimé son inquiétude et son rejet face au « déploiement d’opérations de confinement migratoire à la frontière sud ». Il a également rappelé que ces mesures « ont été rendues publiques dans le cadre de négociations avec les États-Unis pour accéder aux vaccins contre le COVID-19 ».
Les organisations ont reconnu « des signes positifs de la part du gouvernement des États-Unis visant à restaurer et à améliorer le système d’asile et l’intention annoncée de développer une stratégie pour s’attaquer aux causes de la migration centraméricaine et de renforcer l’accès à la protection internationale au niveau régional. ” Cependant. “ les détails spécifiques ne sont pas encore connus et on ne sait pas non plus dans quelle mesure le gouvernement mènera de réelles consultations avec les organisations de la société civile dans la région ”, ont-elles souligné. Elles ont dénoncé qu’à ce jour, « dans la pratique, le Honduras, le Salvador, le Guatemala et le Mexique maintiennent une stratégie sur les déplacements forcés centrée sur la sécurité nationale ».
En avril, les États-Unis, le Mexique, le Honduras et le Guatemala ont annoncé un accord pour renforcer leurs frontières, ce qui impliquera un déploiement de 10 000 fonctionnaires, dont la Garde nationale, à la frontière sud du Mexique.
CHIAPAS : Un contexte préélectoral très conflictuel
En mars, face aux élections proches, les évêques du Chiapas se sont adressés aux citoyens, quelles que soient leurs convictions religieuses, pour les encourager à voter de manière responsable, informée et critique, en pensant toujours au bien commun de la société. Ils ont constaté que « tout au long des derniers processus électoraux, des divisions et des affrontements ont été générés, qui ont entraîné la violence et la mort ». Ils ont regretté que « la recherche de la satisfaction des intérêts personnels ou collectifs prévale » dans les partis politiques. Ils craignent également que « certains groupes de pouvoir, liés à des activités criminelles, infiltrent des partis politiques ou les contraignent en finançant des candidatures afin de bénéficier de protection et d’impunité ».
Fin mars, l’enregistrement des candidats à la présidence des mairies, en tant que députés fédéraux et locaux ainsi que comme membres des conseils municipaux s’est achevé au Chiapas. Les militants de Morena dans différentes municipalités ont protesté contre l’imposition de candidats d’autres partis, en particulier du Parti écologiste vert du Mexique. Ils ont accusé les dirigeants étatiques de Morena d’avoir « falsifié l’ensemble du processus de sélection interne des candidats », « en laissant de côté les vrais militants ».
Au milieu de ce conflit, plusieurs conflits violents se sont maintenus avec peu ou pas d’attention de la part des autorités actuellement préoccupées par le contexte électoral. Premier exemple, le vieux conflit agraire entre Aldama et Santa Martha, Chenalhó, qui a déjà fait plus de 20 morts et plusieurs blessés des deux côtés, reste irrésolu. Bien que des accords de paix aient été signés en 2019 et 2020, les agressions armées n’ont pas pris fin. En avril, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) a indiqué qu’elle avait accordé des mesures de protection en faveur de 12 communautés d’Aldama. En mai, un nouvel assassinat a eu lieu à Aldama, celui-ci ayant survenu alors même que des éléments de la Garde nationale et de la police étatique se trouvaient dans la communauté.
Dans une autre partie de l’état, en mai, le différend agraire sur la possession de milliers d’hectares de Venustiano Carranza a de nouveau augmenté entre les membres de l’organisation paysanne Emiliano Zapata, OCEZ – Casa del Pueblo et San Bartolomé de Los Llanos, faisant au moins deux morts. Les deux organisations se considèrent comme le groupe attaqué par l’autre. Face à la situation, le diocèse de San Cristóbal de Las Casas et le Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba) ont lancé un « appel urgent à la paix et au dialogue ».
En avril, deux membres du Frayba ont été kidnappés alors qu’ils se rendaient à Palenque. Après 40 heures de détention, ils ont été libérés. Selon les médias, la rétention découlait d’un accident de voiture avec le véhicule dans lequel ils voyageaient . Le Frayba a démenti ces informations et s’est dit préoccupé par le fait que ces versions « minimisent le contexte de violence dans la région et par conséquent le risque élevé que courent les défenseurs des droits humains, déformant les attaques dont nous sommes constamment la cible, les faisant passer pour des actes sans rapport avec notre travail ».
OAXACA : un processus électoral marqué par la violence
Début mai, 15 dossiers d’enquête pour violences électorales étaient déjà ouverts, dont six pour violences politiques basées sur le genre. Deux des cas les plus graves ont été le meurtre d’Ivonne Gallegos, candidate indépendante à la présidence municipale d’Ocotlán de Morelos ; et le cas de la disparition de Claudia Uruchurtu alors qu’elle manifestait contre la présidente municipal d’Asunción Nochixtlán qui briguait sa réélection.
Une autre source de conflit continue d’être le projet du corridor interocéanique de l’isthme de Tehuantepec (CIIT). Ce programme comprend, outre la réhabilitation des voies ferrées et la modernisation du port de Salina Cruz, la construction de parcs industriels. En mai, la phase d’information de la consultation indigène concernant l’installation desdits « pôles de développement » a commencé à San Blas Atempa et Santa María Mixtequilla. A Mixtequilla, les personnes présentes ont dénoncé le « manque d’information » et la manière « injuste et avantageuse » que le gouvernement utilise pour monopoliser la terre. Il y a eu des voix en faveur et d’autres contraires, et plusieurs critiques face à la « précipitation » pour installer une assemblée. De leur côté, les membres de la communauté de Puente Madera, qui fait partie de l’agence municipale de San Blas Atempa, ont bloqué la route fédérale panaméricaine, une manifestation organisée pour exprimer leur rejet face à la consultation. Peu de temps après, le président López Obrador a annoncé que le corridor interocéanique sera administré par le ministère de la marine de guerre du Mexique (Semar).
Un autre centre de préoccupation a été la municipalité de Santiago Jamiltepec, une référence en matière de résistance pacifique contre les mégaprojets hydroélectriques. En mars, Jaime Jiménez Ruiz, ancien agent municipal de Paso de la Reyna et membre du mouvement de défense du Río Verde, a été assassiné. Avec cette affaire, les meurtres contre des acteurs sociaux liés à ladite défense en 2021 s’élèvent à cinq. L’organisation Services pour une éducation alternative (Educa) a mis en garde contre « l’autoritarisme des caciques et l’impunité » à Paso de la Reyna. « Cette vague de violence grandit parallèlement à l’inefficacité totale des autorités étatiques et fédérales », a-t-elle déclaré.
D’autre part, en février, Consorcio Oaxaca a présenté un rapport au Comité des Nations Unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) sur la situation au Oaxaca. Il a mis en garde contre la « simulation qui existe autour de la politique publique de genre« . L’organisation affirme que le budget accordé à l’état pour mettre en œuvre des actions sur cette question n’a pas été affecté. De plus, depuis 2017, la Commission nationale des victimes aurait dû être instaurée, ce qui n’a pas été fait. Consorcio a également évoqué l’ignorance totale du Secrétariat de la sécurité publique d’Oaxaca (SSPO) en la matière. En outre, Consorcio a fourni des données qui expliquent le peu d’utilisation du type criminel de féminicide, ainsi que la différence dans les cas enregistrés.
GUERRERO : Augmentation exponentielle de la violence
En avril, le Centre des droits humains de la montagne « Tlachinollan » a lancé la « Campagne pour la vie : Mer d’injustices, Montagne de détresses », pour dénoncer « l’augmentation exponentielle des violences perpétrées par des groupes criminels organisés qui agissent en collusion avec les forces de sécurité et autres autorités locales ». Dans ce contexte, il a souligné que depuis le début de la pandémie, il a relevé 20 cas de féminicides, 20 de violences sexuelles, 80 de violences physiques et 85 de violences économiques et qu’« entre 2007 et 2018 le nombre de plaintes pour disparition forcée a été multiplié par 20 (…), sans qu’il n’y ait une seule sentence dans aucun de ces cas ».
Tlachinollan a également déclaré que « le Guerrero est confronté à une grave crise des droits humains qui s’est aggravée avec l’urgence sanitaire de COVID-19. La présence du crime organisé, la violence structurelle et l’impunité ont fait des milliers de victimes de violations des droits humains. (…) En 2018, il y avait au moins 13 groupes criminels organisés qui contestaient le contrôle territorial sur la plantation et le transfert de drogue dans l’entité. Cette présence du crime organisé a déclenché une augmentation des homicides, des enlèvements et des extorsions ».
Signaler cette triste réalité met quiconque le fait en danger. En avril, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a exprimé sa préoccupation suite aux déclarations de l’ancien gouverneur, Ángel Aguirre Rivero, concernant le membre de Tlachinollan, Vidulfo Rosales Sierra, également avocat des parents des 43 normalistes d’Ayotzinapa disparus en 2014. L’ancien gouverneur accuse le défenseur d’être « l’un des principaux promoteurs de la campagne de Morena au Guerrero ». « Cette déclaration constitue une atteinte directe à la défense des droits humains, et montre un schéma systématique (…) pour discréditer le travail du défenseur (…), qui a fait l’objet à plusieurs reprises d’attaques et de menaces », a détaillé la CNDH.
En mai, le Conseil d’administration du Mécanisme de protection des défenseur.e.s des droits de l’Homme et des journalistes s’est dit préoccupé « par les conditions rencontrées pour l’exercice de la défense des droits de l’Homme et du journalisme ». Il a expliqué que « tout au long du mois d’avril, il y a eu divers incidents impliquant un risque : blocage des voies de communication, suivis, harcèlement de la part des autorités, harcèlement numérique, harcèlement lors de la couverture de notes journalistiques, menaces contre l’intégrité physique et la possibilité de réaliser leurs activités librement».
Toujours en mai, une Mission Civile d’Observation dans la Montagne a déclaré avoir constaté « un sérieux manque d’attention de la part des institutions publiques ». En outre, il a affirmé que les problèmes se sont aggravés pendant la pandémie, « en raison de la fermeture des établissements publics, de la réduction des effectifs et du budget des différentes agences publiques qui s’occupent de ces problèmes, ainsi que des mesures de confinement elles-mêmes qui ont exacerbé la violence de genre”.
Finalement, le contexte préélectoral a été marqué par la polémique. La candidate de Morena, Evelyn Salgado Pineam, est la fille de celui qui était initialement candidat du parti au pouvoir et qui après de nombreuses pressions locales et nationales a dû se retirer pour avoir deux plaintes de viol contre lui. De plus, elle est mariée à Alfredo Alonso, fils de Joaquín Alonso Piedra El Abulón, opérateur financier du cartel Beltrán Leyva à Acapulco, celui-ci ayant été arrêté en 2016.