Activités de SIPAZ (Mars – Avril 2000)
31/05/2000SYNTHÈSE : Actions Recommendees
30/11/2000ACTUALITÉ I : Mexico, Nouvelle Donne Politique Au Mexique
Vicente Fox, nouveau président de la République
Le 2 juillet, Vicente Fox, candidat pour le Parti d’Action Nationale (PAN) et le Parti Vert Ecologiste du Mexique (PVEM) a gagné les élections à la Présidence de la République avec 43,43% des votes. Il est suivi par Francisco Labastida du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) et, en troisième position, par Cuauhtémoc Cardenas du Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD), Parti du Travail (PT) et autres forces politiques de gauche avec 17%. Après 71 ans au pouvoir, le PRI laisse la présidence de la République. Ce même jour, dans la nuit, le Président Zedillo a reconnu le triomphe de Fox, de même que les autres candidats. L’Alliance pour le Changement, représentée par Fox, a également obtenu la majorité des sièges à la Chambre des députés, le PRI l’emportant quant à lui au Sénat (Pour plus de détails voir le tableau des résultats):
Principaux résultats des élections du 2 juillet:
Présidence de la République :
- Vicente Fox (Alliance pour le Changement) 43,30% des votes
- Francisco Labastida (PRI) 36,80% des votes
- Cuauhtémoc Cardenas (Alliance pour le Mexique) 17,00% des votes
Chambre des Députés :
- Alliance pour le Changement 223 sièges
- PRI 209 sièges
- Alliance pour le Mexique 68 sièges
Sénat:
- PRI 60 sièges
- Alliance pour le Changement 51 sièges
- Alliance pour le Mexique 17 sièges
Une importante participation citoyenne a caractérisé cette journée électorale : 63,97% des 58.789.209 inscrits ont voté. Cette fête civique n’a pas été assombrie si ce n’est que par quelques incidents enregistrés dans plusieurs lieux de vote, surtout ceux dits «spéciaux» qui avaient été mis à la disposition des personnes ne se trouvant pas dans leur lieu habituel de vote. Ces urnes «spéciales» se sont vues débordées par une affluence massive d’électeurs (leur capacité se limitant à 750 bulletins), générant des protestations dans différents lieux du pays.
Les organisations civiles avalisent les élections
Dix organisations civiles et 860 observateurs internationaux ont reconnu la validité des élections fédérales du 2 juillet. Selon eux, les 350 dénonciations qu’ils ont reçues (la majorité en zones rurales) ne changent pas les résultats obtenus. Le travail de l’Institut Fédéral Electoral (IFE) a reçu l’éloge de ces organismes, bien qu’ils aient aussi proposé de perfectionner la législation électorale afin de réduire les irrégularités et punir plus sévèrement les délits électoraux.
Réaccomodements post-électoraux
A l’intérieur du PRI, les réactions ne se sont pas fait attendre, et, fait historique, des membres éminents du parti (y compris des anciens Ministres de l’Intérieur) ont critiqué ouvertement le Président Zedillo, le donnant pour responsable de la défaite électorale.
De son côté, Fox a exprimé sa volonté de former un gouvernement ouvert et pluriel, quelques-unes de ses déclarations laissant entrevoir que les partis qu’il représentait durant la campagne électorale n’auront qu’une importance relative dans la formation de son cabinet.
Chiapas : Irrégularités dans les élections fédérales
A la fin mai, un groupe d’observateurs des Etats Unis et du Canada a visité le Chiapas. Dans leur rapport, ils ont souligné que l’excessive militarisation de l’état (de 30.000 à 50.000 soldats, selon les sources) pourrait inhiber la participation. Postérieurement, l’IFE a exigé que les soldats retournent à leurs casernes et que les 50 barrages routiers soient retirés le jour du vote, ce qui a été respecté.
Le 23 juin, dans un communiqué, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) a déclaré qu’elle n’entraverait pas la réalisation des élections, ni la mise en place des bureaux de vote en zone d’influence zapatiste et que les zapatistes étaient libres de voter.
Au bout du compte, trois bureaux de vote n’ont pas pu être installés dans le 3° district du chef lieu de Ocosingo, considéré zone d’influence zapatiste. Selon un sondage réalisé dans les municipalités de ce district, une grande partie de la journée électorale a été marquée par la présence dans la rue de militaires vêtus en civil. Un autre fait a également fait l’objet de dénonciation : deux jours avant les élections, des chèques du programme d’aide à l’agriculture (PROCAMPO, un programme du gouvernement) datés du 26 mai ont été répartis. Les communautés de ce lieu ont protesté devant la claire intention d’induire le vote.
De même, différentes irrégularités ont été signalées par l’autorité locale de l’IFE quant au retard dans l’installation de bureaux de vote, ainsi que différents problèmes occasionnés par la présence de propagande politique du PRI dans certains lieux de vote.
Violence dans les Hauts Plateaux du Chiapas
Le 6 mai passé, à Chenalhó, à proximité de la communauté de Tzanembolom, une embuscade a occasionné trois morts et deux blessés ; deux d’entre eux étaient priistes et le dernier un jeune de la société civile «les Abeilles». Des effectifs de l’armée et de la Police ont encerclé le campement de déplacés de Polhó (municipalité autonome zapatiste) pour «chercher les assassins». Le Secrétariat du Gouvernement a déclaré que ce fait n’était pas de la compétence de la Police Fédérale Préventive (PFP ; voir l’article dans ce bulletin), mais quelques jours après le Ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi de centaines de membres de la PFP sur les lieux.
Les Sénateurs du PRD faisant partie de la Commission pour la Concorde et la Pacification (COCOPA) ont qualifié l’entrée de la PFP dans les Hauts Plateaux du Chiapas comme une alternative répressive et quelques organismes civils ont manifesté leur inconformité avec ce procédé.
Emilio Rabasa, coordinateur pour le Dialogue au Chiapas, a souligné que ces opérations n’avaient aucune relation avec une supposée attaque contre l’EZLN, mais que leur objectif était de désarmer et de surveiller les sentiers et chemins. Dans ce même contexte, le dirigeant de la Confraternité Nationale des Eglises Chrétiennes Evangéliques (CONFRATERNICE), Arturo Farela, a affirmé que les assassins étaient des «zapatistes déclarés». De son côté, l’évêque de San Cristóbal, Felipe Arizmendi a déclaré que cette embuscade était un fait isolé mais lamentable.
Trois personnes impliquées dans le massacre d’Acteal ont d’autre part été condamnées à huit ans de prison (un général à la retraite et deux officiers de la Police).
Le 13 juin, sept policiers ont été assassinés dans une embuscade dans la communauté de Las Limas, municipalité de El Bosque. La présence militaire a augmenté en conséquence dans ce chef lieu et dans les communautés à proximité, en particulier à Unión Progreso où trois paysans zapatistes considérés comme suspects dans cette affaire ont été recherchés. Les militaires ont aussi encerclé les communautés de Las Limas et Los Angeles. La PFP a alors déclaré qu’elle réaliserait un travail d’intelligence militaire dans la zone afin de déterminer l’identité des agresseurs. L’EZLN a affirmé n’avoir rien à voir avec l’embuscade.
Suite à l’arrestation d’Alberto Pathistan, un instituteur de tendance priiste suspect dans l’assassinat, les priistes du chef lieu ont occupé l’édifice de la présidence municipale pour exiger sa libération.
La présence de la PFP a également été dénoncé dans les communautés zapatistes de Ojo de Agua, Amador Hernández et Flor de Cacao, où un campement a été installé dans chaque communauté. Finalement, on a pu déterminer la participation de ce corps policier dans des barrages situés dans la municipalité de Tila où ils contrôlent les documents d’identité.
L’évêque Felipe Arizmendi : premières activités
Après sa prise de possession, le 1° mai, l’évêque Felipe Arizmendi a visité plusieurs communautés du diocèse. Il a ratifié la majorité des postes des différents vicariats, manifestant ainsi une continuité avec la ligne de ses prédécesseurs. En diverses occasions, l’évêque a exprimé que la présence de l’armée était excessive. Quelques jours avant les élections il a fait un appel à voter. Plus tard, il a invité à accepter le résultat des élections quel qu’il soit et il a salué l’attitude zapatiste comme une source d’espérance pour le pays.
En août : élections au Chiapas
Parallèlement à ces événements nationaux, au Chiapas, la campagne pour l’élection du gouverneur de l’état (prévue pour le 20 août) a pris plus d’ampleur, particulièrement celle du sénateur expriiste et aujourd’hui candidat de l’opposition, Pablo Salazar Mendiguchia. En même temps, le fait que le PRI ait triomphé au Chiapas dans ces élections fédérales (de Président de la République, les deux sénatoriales et 11 des 12 circonscriptions de députés) est une donnée importante à l’heure de faire des pronostiques pour les temps à venir.
Accords commerciaux
Le 1° juillet est entré en vigueur le Traité de Libre Commerce avec l’Union Européenne. Ce fait est passé relativement inaperçu dans la presse du fait de l’ambiance pré-électorale. Il faut signaler que suivant le modèle économique établi depuis plusieurs années, les accords de ce type se sont multipliés. Pour cette raison, le Président Zedillo a rencontré les présidents du Salvador et du Guatemala en vue de réaliser une ouverture commerciale vers ces pays.