Activités du SIPAZ (De mi-février à mi-mai 2021)
15/06/2021DOSSIER : Escazú dans le contexte environnemental mexicain
23/09/2021
Le Mexique a organisé le 6 juin dernier des élections considérées comme les plus importantes de l’Histoire du pays, puisque plus de 20 000 postes élus au suffrage universel ont été renouvelés: 500 membres de la Chambre des députés, les gouverneurs de 15 états et des milliers de postes dans les congrès locaux et les mairies. Selon les données du cabinet de conseil Etellekt, entre le 7 septembre 2020 et le 5 juin 2021, des cas de violence politique ont été enregistrés dans 525 municipalités et 910 attaques de différente nature ont été dénombrées ( menaces, attaques, enlèvements et homicides). En plus des 91 hommes politiques assassinés, 40 membres de leur famille et 14 collaborateurs ont également perdu la vie.
Ces élections étaient « intermédiaires« , coïncidant avec le milieu de la présidence d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO), raison pour laquelle il y avait une forte controverse entre les différents secteurs politiques et économiques sur la continuité de son projet appelé Quatrième Transformation (4T). Un autre élément à souligner a été la polarisation antérieure aux élections à proprement parler. Celle-ci a été exacerbée par les déclarations polarisantes du président lui-même, au point que l’Institut National Electoral (INE) a dû lui demander de s’abstenir de diffuser des propagandes gouvernementales et d’utiliser des expressions à contenu electoral durant ses conférences de presse du matin jusqu’au jour du scrutin. Enfin, « les cartels de la drogue ont participé activement aux élections en cours pour imposer ou opposer leur veto aux candidats étatiques et municipaux. Ainsi, dans de vastes régions du pays les votes de ce dimanche 6 impliquent non seulement le regroupement des forces politiques, mais aussi des criminels », a rapporté le Magazine Proceso.
Résultats des élections: nouveaux équilibres
Le 6 juin, la participation a finalement été de 52,6 %. A la Chambre des députés, le Mouvement de Régénération Nationale (MORENA) – parti actuellement au pouvoir – a perdu la majorité absolue. C’est cependant le parti qui conservera la plus forte représentation législative. Cela signifie toutefois qu’il aura 50 députés de moins qu’après les élections de 2018. MORENA pourra briguer la majorité absolue avec ses alliés, le Parti écologiste vert du Mexique (PVEM), qui quadruplera ses représentants; ou le parti travailliste. Même si MORENA et ses alliés continueront à mener la danse, ils auront besoin de 30 députés de l’opposition pour faire passer des initiatives constitutionnelles qui nécessitent une majorité qualifiée.
15 des 32 états de la Fédération votaient aussi pour élire leurs gouverneurs. MORENA a réussi à obtenir onze postes. Le grand perdant a été le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) qui gouvernait jusqu’à présent 8 des 15 états en jeu, puisqu’il n’en conservera aucun.
En ce qui concerne les municipalités, les résultats indiquent une plus grande variété, bien que dans diverses parties du pays, MORENA ait obtenu une certaine prévalence. A Mexico, territoire que la gauche domine depuis 24 ans, MORENA s’est replié (il a perdu un million de voix par rapport à 2018). Bien que l’idée de vote punitif ait été considérée comme explication, la vérité est que la campagne électorale n’a pas mobilisé les électeurs. L’opposition a perdu près de 900 000 voix par rapport à celles qu’elle avait obtenues en 2018, alors séparément.
Consultation populaire peu de temps après: résultats sans effets contraignants
L’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) a appelé à participer à la consultation populaire prévue pour le 1er août afin de permettre la création d’une commission pour la vérité et la justice. Elle a indiqué qu’elle cherchera à obtenir une réponse positive à la question de savoir s’il faut entreprendre un processus de clarification des décisions d’acteurs politiques dans le passé.
Selon l’Institut National Electoral (INE), seuls 7,11% des personnes inscrites sur les listes électorales y ont participé. 97,7% ont voté pour le Oui. Les résultats seront remis à la Cour Suprême de Justice de la Nation, qui déterminera les actions à suivre. Pour l’instant, la consultation ne sera pas contraignante, puisque les 40 % de participation requis par la Constitution n’ont pas été atteints. Cependant, AMLO et l’INE ont considéré qu’il s’agissait d’un exercice solide, professionnel et inclusif de démocratie participative. López Obrador a souligné que la possibilité de procès contre des politiciens du passé n’est pas exclue « tant qu’il existe des preuves et des éléments ».
De son côté, le sous-commandant Galeano a souligné que « l’INE n’a pas traduit la question en langues mayas à de nombreux endroits, il n’a pas expliqué de quoi il s’agissait et, dansplusieurs endroits, il n’a fait que laisser les urnes, sans expliquer aux habitants à quoi elles servaient ». De la part de la société civile, Jacobo Dayán a déclaré que cet exercice n’était pas suffisant « dans un pays avec 90 mille personnes disparues, 300 mille personnes exécutées et plus de 30 mille personnes torturées: le pays a besoin de plus que d’une action de justice symbolique ».
Défenseur.e.s des droits humains et journalistes: une vulnérabilité qui se maintient
En juillet, le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains et des journalistes appartenant au ministère de l’Intérieur a signalé que 68 défenseurs des droits humains et 43 journalistes avaient été assassinés depuis le debut du gouvernement d’AMLO. Le Mexique reste l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs et les journalistes.
Dans ce contexte, AMLO a inauguré la rubrique « Qui est qui dans les mensonges de la semaine » qui fera partie de ses conférences matinales et par le biais de laquelle il présentera des articles qui, selon lui, sont de fausses nouvelles. L’Association interaméricaine de la presse a déclaré que « dans le cas du Mexique, l’un des pays où le risque pour l’exercice du journalisme est le plus élevé, un discours direct depuis la présidence contenant des insultes contre les journalistes et les médias est doublement dangereux. C’est un type d’agression qui, comme l’expérience l’indique, a tendance à dégénérer en actes de violence ».
Autre préoccupation: l’augmentation de la militarisation
En juin, le Centre des droits de l’homme Miguel Agustín Pro Juárez (Centro Prodh) a présenté le rapport «Le pouvoir militaire, la Garde nationale et les risques de la nouvelle preéminence militaire» qui montre l’intense militarisation de ces dernières décennies. Il rappelle «qu’un processus de démilitarisation progressive de la vie publique s’impose d’urgence pour rendre les politiques de sécurité plus efficaces, réduire les violations des droits humains et réorienter la relation civile et militaire dans la logique propre d’une démocratie».
Il souligne que la Garde nationale (GN) n’est pas une corporation de sécurité civile comme mandaté dans le cadre de sa création constitutionnelle. Au lieu de cela, la militarisation « a atteint une portée juridique jamais vue auparavant. Les changements juridiques s’accompagnent d’un recours étendu aux forces armées pour des tâches autres que leurs fonctions constitutionnelles ordinaires: la participation de l’armée à la construction de travaux publics et à d’autres fonctions est devenue courante au cours du dernier mandat ». Par ailleurs, en juillet, AMLO a annoncé un budget supplémentaire de 50 milliards de pesos pour consolider la GN. Il a annoncé qu’il y aura une réforme constitutionnelle pour qu’il fasse partie du Ministère de la Défense Nationale (Sedena).
Mégaprojets: objet de rejet dans certains secteurs
En mai, les communautés du Oaxaca qui font partie de l’Assemblée des Peuples Indigènes de l’Isthme pour la Défense de la Terre et du Territoire (APIIDTT) ont rejeté la « simulation de consultations autochtones » pour imposer l’installation de parcs industriels dans le corridor interocéanique de l’isthme de Tehuantepec. Elles ont déclaré que la prise de décision était laissée aux mains des autorités municipales et agraires et qu’elles les tenaient pour responsables « d’utiliser leur fonction pour cautionner les processus de consultation et la dépossession des terres des peuples autochtones ». Le Programme de Développement de l’Isthme de Tehuantepec et du Train Interocéanique envisage, outre la réhabilitation des voies ferrées et le remodelage du port de Salina Cruz, la construction de six pôles de développement.
Concernant le Train Maya, une étude du journal El Universal a identifié des informations critiques liées à son itinéraire, la demande possible et les risques de sa construction, informations qui ont été cachées afin d’accélérer les travaux. Elle est issue de rapports préparés par le bureau d’études Price Waterhouse Coopers à la demande du Fonds national pour la promotion du tourisme (Fonatur). Les dangers potentiels liés aux problèmes environnementaux, à l’urbanisation désordonnée, à l’augmentation du tourisme prédateur et à la transformation des terres communales en hôtels ou centres touristiques ont été analysés. Fonatur a également contourné la législation environnementale pour commencer la construction, selon cette même étude. Enfin, on constate que certains tribunaux évitent les recours juridiques contre ce mégaprojet, ceci alors que les citoyens qui cherchent à les utiliser se sentent criminalisés.
Droits des peuples autochtones: réforme en cours
En août, l’Institut National des Peuples Indigènes (INPI) a lancé un projet visant à réformer la Constitution mexicaine sur les droits des peuples autochtones et afro-mexicains. Selon l’INPI, il est né des propositions et accords émanant de 62 assemblées régionales réalisées dans le cadre d’un processus de consultation en 2019. Cependant, il faut rappeler qu’à l’époque diverses organisations autochtones du pays s’étaient abstenues de participer, estimant qu’il s’agissait de « consultations imposées ».
Au Oaxaca, Tequio Jurídico A.C a déclaré que la consultation préalable, libre et éclairée « telle qu’elle est proposée, remet en cause l’autonomie des peuples, elle ne la respecte pas » ; en plus de cela, en matière environnementale, il indique « des concepts limités pour parler des territoires indigènes, (qui) ont été utilisés pour les commercialiser et imposer des projets énergétiques ». D’autre part, des organisations telles que le Centre des droits de l’Homme Tlachinollan et Services et Conseil pour la Paix (Serapaz) ont souligné que « faire avancer cette réforme implique de payer une dette historique » pour « céder la place à une relation de respect et d’égalité entre les peuples et l’État ».
EZLN : Début du « Voyage pour la Vie – Chapitre Europe »
En mai, la délégation maritime composée de sept zapatistes qui ont entamé en mai dernier leur « Voyage pour la Vie – Chapitre Europe » est arrivée dans le port de Vigo (Galice, Espagne). Depuis cette date, elle a participé à plusieurs activités tant en Espagne qu’en France.
Pendant ce temps, au Chiapas, une autre délégation zapatiste qui avait prévu de voyager en avion a eu des difficultés pour obtenir des passeports. Cela a été dénoncé par le sous-commandant insurgé Galeano dans un communiqué en juin. Il y mentionne des « obstacles scandaleux ». 177 délégués, dont le sous-commandant Moisés, devraient faire partie de ce groupe qui voyagera en avion en septembre (voir Article).
CHIAPAS : De la violence et encore de la violence
Lors de la journée électorale du 6 juin, 232 bureaux de vote n’ont pu être installés au Chiapas, en raison de conflits agraires ou de violences à caractère politique ou autre. Auparavant, onze paroisses tzotziles du diocèse de San Cristóbal de Las Casas avaient envoyé un écrit aux autorités fédérales, étatiques et électorales pour demander le report des élections dans la municipalité de Pantelhó. Elles y soulignaient également la violence excessive à Chenalhó, Aldama et Huitiupán. Au préalable, l’INE avait annoncé que, dans la municipalité de Venustiano Carranza, où le mois précédent six personnes avaient été tuées en raison de conflits agraires, 80 bureaux de vote n’allaient pas être installés. Il y a également eu plusieurs actes de violence pendant et après les élections dans diverses parties de l’état.
Le 6 juin, on devait élire au Chiapas les autorités municipales, 24 députés élus à la majorité relative et 16, à la représentation proportionnelle. Seule 50 % de la population du Chiapas est allé voter. En termes de résultats, MORENA a remporté les 13 postes de députés fédéraux et a également maintenu la majorité au sein du congès de l’état grâce à la coalition « Ensemble, nous ferons l’histoire ». Du côté des mairies, le principal vainqueur a été le Parti écologiste vert du Mexique (PVEM), qui augmentera sa présence pour gouverner 33 municipalités. MORENA passera de 29 à 25 communes, tout en conservant les deux villes les plus importantes de l’état. Un autre grand gagnant est le Parti travailliste (PT), qui a étendu sa présence de deux à 13 mairies. Ces résultats reflètent un conflit de pouvoir local complexe dans lequel l’appartenance à un parti politique ne permet pas une analyse substantielle.
Pantelhó, au centre des préoccupations
En juillet, le défenseur des droits humains et membre de l’organisation de la société civile Las Abejas de Acteal, Simón Pedro Pérez López, a été assassiné alors qu’il se trouvait à Simojovel. Il était originaire de la municipalité de Pantelhó où il travaillait comme catéchiste. Il a été assassiné neuf jours après que les habitants de Pantelhó ont déposé une plainte officielle auprès du secrétaire du gouvernement concernant la violence dans la región des Hauts-Plateaux en raison de la prise de contrôle de groupes criminels. Pérez López est la personne qui avait présenté cette plainte.
Après ce meurtre, les habitants de Pantelhó et Chenalhó ont décidé d’expulser les membres de groupes criminels qui ont tué au moins 12 personnes dans la région depuis mars de cette année. Dans un premier temps, l’incertitude a généré le déplacement forcé d’au moins 3 000 personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées des communes de Pantelhó et de Chenalhó.
Par la suite, 69 agents municipaux des 85 commautés de Pantelhó, quatre commissaires communaux, des représentants de différentes confessions religieuses et entre 3 000 et 4 000 habitants, ont pris position sur la situation et exigé la démission du maire par intérim, Delia Yaneth Flores Velasco, et la présidente municipale élue, Raquel Trujillo Morales, ancien compagnon de la première, tous deux issus du Parti de la Révolution Démocratique (PRD). Ils ont déclaré que « l’émergence de groupes d’autodéfense à Pantelhó et due à la présence du crime organisé, à l’absence totale des gouvernements fédéral et étatique, ainsi qu’aux menaces et aux meurtres ». Les groupes d’autodéfense “El Machete” ont déclaré publiquement : « nous sommes intervenus parce que nous ne voulons plus de morts » mais une fois que Pantelhó sera libéré du crime organisé, ils se retireront.
Après plusieurs semaines très tendues, début août, une première table de dialogue s’est tenue entre les représentants des 86 communautés et 18 quartiers de Pantelhó avec les autorités étatiques et fédérales. Les représentants ont fait six requêtes y compris: justice pour les victimes et punition pour les coupables; être reconnu comme peuple autochtone et respecter la désignation des autorités par la voie des usages et coutumes ; que la mairesse actuelle démissionne, et que le maire élu n’assume pas son poste. Il convient de mentionner que les représentants du groupe d’autodéfense populaire El Machete n’ont pas participé au dialogue ; uniquement les autorités des communautés et des quartiers de Pantelhó. Progressant en réponses aux accords, à la mi-août, la commission permanente du Congrès de l’État du Chiapas a reconnu le nouveau conseil municipal de Pantelhó, avec Pedro Cortés López (qui était le porte-parole des 86 communautés) comme président.
Les risques de la lutte en défense de la terre et du territoire
En mai, s’est tenue la conférence de presse « La criminalisation de la lutte pour la terre et le territoire dans la ville Tseltal de Chilón, Chiapas ». Les participants ont exigé la fin de la criminalisation des défenseurs communautaires des terres et du territoire des ejidos de San Jerónimo et de San Sebastián Bachajón, ceci après la construction d’une caserne de la Garde nationale, sans l’autorisation des ejidatarios, et après la détention arbitraire de deux personnes qui avaient participé à une manifestation contre sa présence en octobre de l’année dernière.
De même, en mai, les personnes qui formeront le nouveau Conseil du gouvernement communautaire de la municipalité de Chilón, ont été présentés publiquement. Il s’agit d’une structure qui, depuis trois ans, a été l’une des expressions de leur lutte pour l’autodétermination. Les personnes nommées ont reconnu que leur position « a ébranlé les intérêts du pouvoir factuel », ce qui a conduit à de multiples intimidations, attaques et diffamations à leur encontre. Peu de temps après, sept conseillers et une conseillère du nouveau gouvernement communautaire de la municipalité de Sitalá ont aussi été nommés.
Oaxaca : troisième état avec le plus grand nombre de cas de violence politique
Selon les données d’Ekellekt, Oaxaca était le troisième état présentant le plus de cas de violence politique lors des élections de juin. En termes de résultats, MORENA a concentré 31,7% des voix, remportant plusieurs villes dont la capitale de l’état. Le même jour de l’élection a été violent dans au moins six municipalités avec destruction de bulletins de vote, achat de voix et intimidation, et en faisant un mort, un blessé et dix détenus.
En dehors du contexte électoral, en juin, le Centre pour la justice et le droit international, CEJIL, a souligné que les conditions de risque pour les défenseurs et les journalistes se sont aggravées au Oaxaca dans le contexte de l’urgence, en détaillant une recrudescence des violences féminicides, la suspension des pouvoirs judiciaires, recours sanitaire et autres outils pour la défense de la terre et du territoire.
En juin, le reporter Gustavo Sánchez Cabrera a été assassiné à Santo Domingo Tehuantepec. En janvier, le journaliste avait reçu une menace via un appel téléphonique du président municipal de Salina Cruz (MORENA). Le journaliste avait déjà été victime d’un attentat en 2020.
En juin, Soledad Ortiz Vásquez, membre du Comité pour la défense des droits des mixtèques, a reçu des menaces de mort. En juillet, le Comité pour la défense des droits des peuples du Oaxaca (Codepo) a dénoncé des menaces contre Patrocinio Martínez López, indigène mixtèque et fondateur dudit Comité. Codepo « participe activement à la diffusion et à la défense des droits humains des peuples du Oaxaca » et il présume que ces activités sont à l’origine du harcèlement.
En juillet, plus de 60 organisations et le Réseau des défenseurs communautaires des peuples du Oaxaca (REDECOM) ont publié la déclaration : « ALARMANTE AUGMENTATION DES AGRESSIONS CONTRE LES DÉFENSEURS AU MEXIQUE » dans laquelle ils ont déclaré que « la défense des droits de l’homme et des territoires est de plus en plus complexe en raison de l’intervention des pouvoirs locaux en place, des caciques et du crime organisé dans les territoires, ainsi qu’en raison de l’absence de réponse de l’État mexicain ».
De même, en juillet, REDECOM et le Conseil des peuples unis pour la défense du Rio Verde, COPUDEVER, ont publié la déclaration « 6 mois à demander justice à Paso de la Reyna » dans laquelle ils ont exprimé que leur demande de justice pour leurs cinq compagnons défenseurs tués reste toujours sans réponses près de six mois après les événements.
Terre et territoire : continuer à défendre en dépit des risques
En juin, la communauté zapotèque de San Antonino Castillo Velasco, qui fait partie de la Coordinadora de Pueblos Unidos por la Defensa del Agua (Copuda), a approuvé un règlement intérieur pour protéger l’eau. Il avait déposé une plainte contre la Commission nationale de l’eau (Conagua). Une consultation a ensuite été menée et a abouti à ce nouveau règlement qui prévoit une résistance à l’entrée de projets extractifs dans la zone.
En juin, plus de 3 000 membres de la communauté zapotèque de San Pedro Quiatoni ont manifesté devant les bureaux du pouvoir judiciaire fédéral, en rejet des filiales minières de la société américaine Gold Resource Corp (GRC). Ceci face à la lenteur de la justice qui n-a toujours pas résolu le recours judiciaire qu’ils ont présenté en 2020.
En juillet, le “Front Non aux Mines, pour un Avenir pour Tous et Toutes” a annoncé que le Ministère de l’Environnement et des Ressources Naturelles (Semarnat) avait refusé un deuxième permis environnemental demandé par la société Fortuna Silver Mines (FSM) pour son projet « San José II ». ”. Il a rappelé que depuis septembre 2020 le Front avait demandé à l’agence fédérale « de refuser ladite autorisation, car, depuis dix ans, FSM ont systématiquement violé le droit humain à un environnement sain ».
Guerrero : la violence qui ne s’arrête pas
Avec une participation citoyenne de 52,10%, la candidate pour MORENA, Evelyn Salgado Pineda, a gagné le poste de gouverneure de l’état lors des élections de juin. Fille de Félix Salgado Macedonio qui était initialement le candidat du même parti, mais qui a dû se retirer suite à des plaintes pour viol, ce sera l’une des rares femmes gouverneures du pays. Elle a annoncé qu’elle maintiendrait une politique de tolérance zéro en matière de corruption. Bien que l’actuel gouverneur, Héctor Astudillo Flores, ait affirmé que l’élection s’était déroulée dans le calme, Tlachinollan a relevé des actes de violence dans plusieurs municipalités.
Pendant ce temps, la situation des droits de l’homme continue d’être critique. Dans les aspects inquiétants, dans l’affaire emblématique d’Ayotzinapa (disparition forcée de 43 étudiants en 2014), en juin, le commandant de la police ministérielle du bureau du procureur général de l’état du Guerrero (FGE), Humberto Velázquez Delgado, a été exécuté à Iguala. Les parents des élèves disparus avaient demandé qu’il soit interrogé car ils le considéraient comme le chef du groupe criminel Guerreros Unidos. AMLO a exclu qu’il y ait eu une campagne pour faire taire des personnages clés de l’affaire.
Défenseurs et journalistes : une longue liste de griefs
En mai, Marco Antonio Arcos Fuentes, défenseur forestier et commissaire de Jaleaca de Catalán, a été assassiné par un groupe armé. En février dernier, il avait dénoncé le vol de bois et l’entrée d’un groupe armé à Jaleaca sans obtenir de réponse. Le Collectif contre la torture et l’impunité (CCTI) a déclaré que cet homicide « révèle une augmentation alarmante de la violence contre les défenseurs des droits de l’homme et du territoire, et l’état d’impuissance dans lequel ils se trouvent ».
En juin, Julio César Coctecón, commissaire d’Acatempa, municipalité de Tixtla, faisant également partie de la Coordination Régionale des Autorités Communautaires-Police Communautaire (CRAC-PC) a été assassiné. « Le contexte social dans lequel les communautés et les peuples autochtones vivent actuellement dans l’état du Guerrero est caractérisé par une énorme violence structurelle et une profonde injustice sociale. Les violations des droits humains sont une constante et les habitants ont un sentiment d’impuissance totale et d’abandon cyclique en matière de sécurité et de justice où l’impunité prolifère. La présence du crime organisé collaborant avec les autorités gouvernementales et la corruption sont devenues une pratique systématique de la vie », a détaillé le Comité pour la liberté des prisonniers politiques au Guerrero.
En juillet, des policiers étatiques ont pénétré au domicile du directeur du quotidien, Julio Zubillaga, sans son autorisation. Ils ont pris un téléphone portable en plus de fouiller la maison et les véhicules. C’est ce que détaille une déclaration de journalistes d’Iguala qui ont insisté sur la nécessité d’une protection de la part des sociétés de sécurité fédérales, car « la police de l’état a été responsable à plusieurs reprises, non seulement d’agressions ( …), mais ont aussi entravé notre travail ».
En août, Vicente Suástegui Muñoz, membre du Conseil des Ejidos et des Communautés opposées au barrage de La Parota (CECOP), a disparu. Tlachinollan a rapporté que, peu de temps auparavant, Vicente avait dénoncé que « des membres du ministère de la Marine ont tenté d’entrer chez lui de manière violente ». Il a rappelé à quel point la lutte de ce mouvement a été criminalisée et « a pour but de décimer la force d’opposition de la CECOP ».