ACTIVITÉS DE SIPAZ (De début avril à fin juin 2016)
19/09/2016DOSSIER: et droits de l’Homme: entre business y spoliation
24/01/2017De juillet à septembre, le mouvement des enseignants qui s’opposent à la réforme de l’éducation approuvée en 2013 a fait jour après jour la Une des journaux mexicains. Après les actes de répression à Nochixtlan, au Oaxaca, qui ont fait 8 morts et des dizaines de blessés, des négociations entre le Ministère de l’Intérieur et des représentants de la Coordination Nationale des Travailleurs de l’Éducation (CNTE) ont été ouvertes début juillet.
Le CNTE a exigé la « suspension définitive de la réforme, la construction d’un modèle intégré de l’éducation et la réparation immédiate des conséquences néfastes de la réforme. » Dans ce cadre, quatre enseignants de la Section 22 de la CNTE du Oaxaca ont été transférés d’une prison de Sonora (NDT : au nord du Mexique) à une au Oaxaca. Ils avaient été arrêtés en juin accusés de blanchiment d’argent. Les membres de leurs familles affirment que les procès à leur encontre ont été ouvert « sur la base de crimes inventés, avec pour seule intention de les faire prisonniers ».
En juillet, les barrage et campement maintenus par la CNTE au Chiapas à la sortie de San Cristobal de Las Casas et au début de l’autoroute en direction de Tuxtla Gutierrez, ont été détruits « par un groupe de 150 personnes armées ». Selon les enseignant(e)s, les assaillants appartiennent à « deux groupes de choc : l’ALMETRACH (Association des locataires des marchés traditionnels du Chiapas), qui travaille pour le maire de San Cristobal de las Casas, Marco Cancino- et un groupe dirigé par le maire de San Juan Chamula ». Ces groupes « de choc et la police municipale sont arrivés avec l’intention d’attaquer, ils ont utilisé (…) des armes à feu et des gaz lacrymogènes, respectivement. » Au bilan : cinq blessés (quatre enseignants et un journaliste).
La rentrée des classes étaient programmée pour le 22 août, mais la CNTE a décidé de rester en grève et de maintenir des barrages routiers et de différentes zones commerciales, principalement au Chiapas et au Oaxaca. La CNTE a dénoncé de nouvelles menaces de licenciements et de baisses de salaires contre les manifestant(e)s. Ils ont également signalé publiquement que des organismes gouvernementaux menaçaient les parents qui reçoivent des programmes d’aide sociale afin qu’à leur tour ils fassent pression sur les enseignants. Suite à l’annonce d’une intensification des actions de leur part peu avant le quatrième rapport présidentiel en septembre, des centaines de policiers fédéraux ont été envoyés au Oaxaca et au Chiapas.
Le 19 septembre, les enseignant(e)s dissident(e)s ont repris le cycle scolaire au Chiapas, après quatre mois de grève. La section 22 au Oaxaca avait fait la même chose depuis le 7 septembre. Les dirigeants du mouvement enseignant ont expliqué que la décision de reprendre les cours souhaite permettre de «renforcer la phase de réorganisation, miser davantage sur la voie législative pour répondre à notre demande d’abrogation de la réforme éducative et de poursuivre la construction d’une proposition d’éducation alternative ». Aurelio Nuño, Ministre de l’Éducation Nationale a déclaré qu’il y aurait un dialogue au Michoacan, Guerrero, Oaxaca et Chiapas « pour régler les problèmes locaux dans ces quatre états; c’est-à-dire les problèmes administratifs ». Il a rappelé qu’en aucun cas, il n’y aura des négociations visant à discuter l’abrogation de la réforme.
Quatrième Rapport du gouvernement: Peu de résultats
Le quatrième rapport du gouvernement a été rendu public le 1er septembre. En août, un sondage publié par le journal Reforma a informé que seulement 23 % des mexicain(e)s approuvaient l’administration du gouvernement d’Enrique Peña Nieto. Peu avant la publication du rapport, différents médias ont critiqué ses résultats, en critiquant, entre autres, la recrudescence de la violence, les scandales politiques, les violations des droits de l’Homme et les mauvaises performances économiques du Mexique.
Le Ministre de l’Intérieur, Osorio Chong, a présenté le rapport du gouvernement auprès du Congrès, en soulignant le fait que les relations entre les pouvoirs exécutif et législatif ont rendu possible un dialogue efficace qui a permis l’approbation des «réformes que le Mexique exigeait ». Les législateurs de l’opposition ont cependant critiqué le manque de résultats. Pour sa part, Enrique Peña Nieto a eu une réunion avec environ 300 jeunes. Il a insisté sur la baisse des prix des services d’Internet et des téléphones portables; la création de 2 millions d’emplois, et le fait que le Mexique est un pays attractif pour le tourisme et les investissements étrangers. Toutefois, si les chiffres qu’il utilise pour parler de l’emploi sembleraient indiquer une amélioration, le «taux de conditions critiques de l’emploi» (population active occupée ayant touché des revenus inférieurs au salaire minimum) a augmenté d’environ la même quantité depuis 2014.
Les jeunes ont interrogé Enrique Peña Nieto au sujet de la visite au Mexique du candidat à la présidence des États-Unis, Donald Trump, peu auparavant (il a répondu que cela « lui aura permis de se rendre compte de l’importance du Mexique pour les États-Unis » »; sur les accusations de plagiat de sa thèse (il a dit qu’il s’agissait d’une «erreur méthodologique»); et sur l’augmentation du prix de l’essence (il a dit « ne jamais avoir promis qu’elle n’allait pas augmenter »). En ce qui concerne les violations des droits de l’Homme, il a affirmé qu’un engagement a été pris pour que le Bureau du Procureur Général de la République (PGR) y donne suite. Il a souligné qu’il y a eu des avancées et que les cas impliquant les forces armées et les institutions de sécurité publique ont diminué.
L’Affaire Ayotzinapa : Justice en suspens
Le 10 septembre, la mise en place du Mécanisme de suivi de l’Affaire Ayotzinapa a été approuvée. Ce Mécanisme faisait partie des recommandations du Groupe Interdisciplinaire d’Experts Indépendants (GIEI), celles-ci se trouvant énoncées dans ses rapports sur l’affaire de la disparition forcée de 43 étudiants de l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa la nuit du 26 et 27 septembre 2014 à Iguala, au Guerrero. Toujours en septembre, le GIEI a présenté son deuxième rapport à la sous-commission des Droits de l’Homme du Parlement européen et a demandé que « les droits de l’Homme soient pris en compte dans le cadre des négociations qui se tiennent actuellement entre l’Union européenne (UE) et le gouvernement mexicain en vue de la « modernisation » de leur Accord de Libre-Échange. » Plusieurs médias ont signalé en revanche que les intérêts européens sont un « exemple du néolibéralisme des plus crus» (Proceso 2072).
Peu après, le Centre des droits de l’Homme Miguel Agustin Pro Juarez a déclaré avoir reçu des menaces via Twitter, ceci juste avant le début de la manifestation organisée dans le cadre du second anniversaire de l’Affaire Ayotzinapa. Il a reçu le message suivant accompagné d’une photo de balles: « J’espère que vous ne vous arrêterez pas à 16h00 devant la statue de l’Ange [NDT : point de départ ou passage de la plupart des manifestations à Mexico] si vous ne voulez pas que votre sang soit versé. Ordre du Patron ». L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme a affirmé que «ce tweet attire particulièrement l’attention car il fait référence au « Patron », un nom qui figure dans les dossiers de l’enquête sur Ayotzinapa, ce qui montre que la personne qui l’a écrit connaît les détails de l’affaire. Le même profil Twitter à l’origine de ces menaces a également envoyé des messages menaçants à plusieurs journalistes ». De leur côté, les membres des familles des 43 disparus, ainsi que des milliers de voix au Mexique et dans le monde entier, ne cessent d’exiger vérité et justice.
Communiqué de l’EZLN et du CNI « Et que tremble en ses centres la terre »
Du 9 au 13 octobre, dans le cadre du 20ème anniversaire du Congrès National Indigène (CNI), le cinquième Congrès national indigène s’est tenu à San Cristobal de Las Casas. Environ 500 délégué(e)s de 32 peuples autochtones du Mexique, ainsi que des membres et des bases de soutien de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) entre autres invité(e)s y ont assisté.
À la fin de l’événement, le CNI et l’EZLN ont émis un communiqué intitulé « Et que tremble en ses centres la terre» (paraphrasant ainsi l’hymne national mexicain). Ils ont dénoncé 27 situations d’injustice auxquels les peuples autochtones du pays font face. Ce qui a fait le plus de bruit a été l’annonce du début d’un processus de consultation à leurs bases de soutien pour voir s’ils nomment un conseil autochtone du gouvernement et invite une femme indigène à les représenter aux élections présidentielles de 2018. Le communiqué affirme que « notre lutte n’est pas pour le pouvoir, nous ne cherchons pas à l’obtenir ; mais nous inviterons les peuples autochtones et la société civile à s’organiser pour mettre fin à la destruction, pour fortifier notre résistance et notre rébellion (…) Le temps est venu de la dignité rebelle, de construire une nouvelle nation pour toutes et pour tous, de renforcer le pouvoir de ceux et celles d’en bas [NDT : de la hiérarchie sociale], de la gauche anti-capitaliste. Le temps est venu que ceux qui causent autant de souffrances pour les peuples de ce Mexique multicolore payent pour leurs actions ».
La controverse a été alimentée autant par les personnes critiques que par les partisanes. Parmi ceux qui appartiennent à des partis politiques, Andres Manuel Lopez Obrador, leader du Mouvement de Régénération Nationale (MORENA), a reconnu que l’EZLN a le droit de participer à la vie politique du pays. Toutefois, il a jugé que cette proposition était une manœuvre « pour jouer le jeu du gouvernement.» Francisco Garate, du Parti Action Nationale (PAN) a considéré l’initiative comme une «idée sans queue ni tête» et «absurde» : «aujourd’hui la population autochtone du pays représente moins d’un pour cent du total et elle se trouve disséminé de Sonora au Yucatan ».
Dans le communiqué «Questions sans réponse, réponses sans question, conseils avec un c et avec un s” (NDT: en espagnol, consejo avec un s signifie conseil dans le sens d’opinion, avis, recommandation ; avec un c, assemblée élue), l’EZLN s’est prononcée sur les critiques contre la proposition. Elle s’interrogeait, entre autres choses, «dans quelle mesure proposer qu’un conseil de gouvernement indigène (avec un « c »), c’est-à-dire un collectif et non un individu, soit responsable de l’exécutif fédéral, peut renforcer-le-présidentialisme, se-fait-complice-de-la-farce-électorale, contribue-à-consolider-la-démocratie-bourgeoise, joue-le-jeu-de-l’oligarchie-et-de-l’impérialisme yankee-chinois-russe- judeo-islamiste-millénariste, -et, qui plus est, trahit-les-hauts-principes-de-la révolution-prolétarienne-mondiale? (…) Quelle est la force du système politique mexicain (…), s’il suffit pour que l’hystérie règne que quelqu’un dise publiquement qu’il pense quelque chose, et qu’il demande à ses égaux ce qu’ils pensent de ce qu’il pense? ». Le processus de consultation se terminera fin décembre, lors d’une nouvelle session du CNI qui aura lieu au Chiapas, au cours de la Rencontre « Les zapatistes et les ConSciences pour l’humanité » (sic).
CHIAPAS: conflits post-électoraux entre partis politiques
Depuis les dernières élections municipales, la victoire du Parti Vert Écologiste Mexicain (PVEM) a déclenché plusieurs conflits dans des régions auparavant dominées par le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI). Dans les cas les plus graves, en juillet, le maire de San Juan Chamula, Domingo Lopez, a été assassiné. Il avait été maire pour le PRI, et avait obtenu son second mandat pour le PVEM. Durant sa campagne électorale, il avait promis d’augmenter la bourse que les artisanes locales reçoivent annuellement. Il a commencé à distribuer 7.000 pesos à chaque femme dans certaines communautés, mais il n’avait pas assez de fonds pour faire de même dans toutes celles qui forment la municipalité, d’où un conflit qui a conduit à son assassinat.
En août, le Tribunal Fédéral Électoral (TEPJF) a ordonné la restitution de Rosa Pérez Pérez (PVEM) au poste de maire de la municipalité de Chenalhó. En mai dernier, après des semaines de manifestations, un groupe important d’habitants qui s’opposaient à sa victoire, a kidnappé le président du Congrès étatique et un député local comme moyen de pression. Devant la décision du Tribunal Électoral, l’évêque coadjuteur du diocèse de San Cristobal, Enrique Diaz Diaz, a exprimé que l’église catholique n’est «pas d’accord avec les moyens violents qui ont conduit à sa destitution, mais que la décision de la rétablir génère de la peur. » Il a également affirmé que le cas de Chenalhó « est vicié depuis le début » parce que « nous ne pouvons pas dire que les élections ont été complètement libres ».
En septembre, le Tribunal Électoral a également ordonné la restitution de Maria Gloria Sánchez Gómez (PVEM) comme maire de la municipalité d’Oxchuc. Celle-ci avait été contrainte de démissionner en février dernier. En apprenant la nouvelle, plus de 500 indiens Tseltales ont bloqué la route San Cristobal-Ocosingo pendant plusieurs heures. Le groupe qui s’oppose à son accès au pouvoir accuse Sanchez Gomez d’avoir instauré un caciquat avec son mari vu que cela fait plusieurs mandats que si l’un n’est pas maire, c’est l’autre. Avant sa démission, de nombreuses situations violentes se sont produites à Oxchuc, y compris la prise en otage de fonctionnaires ainsi que l’incendie de maisons et de véhicules.
Droits de l’homme: la violence structurelle derrière des cas spécifiques
En septembre, des organisations civiles ont informé que le jeune Maximilien Gordillo Martinez, porté disparu depuis le mois de mai, quand il avait été arrêté à un contrôle de l’immigration à Tabasco, était réapparu. Elles ont dénoncé que «depuis son arrestation (…) jusqu’au jour où on l’a retrouvé (…) il a été victime de délits et de violations graves des droits de l’Homme, qui sont la responsabilité de l’État mexicain. (…) Ce que Maximiliano a vécu révèle l’ampleur de la violence structurelle, institutionnelle et sociale subie par les Mexicains et les gens d’autres pays au cours de leurs déplacements et destinations migratoires au sein de notre pays. »
En octobre, Margarita Gomez Lopez et David Hernandez Gomez, indigènes tzotziles, arrêtés en 2014 et victimes d’un procès inéquitable ont été libérés. Le Centre des Droits de l’Homme Fray Bartolomé de Las Casas a fait valoir que leur cas « représente un exemple des violations des droits de l’Homme que les populations autochtones, particulièrement celles en situation d’extrême pauvreté, subissent systématiquement ; elles ne reçoivent aucune protection face à un système qui utilise la torture comme méthode de fabrication de coupables». Peu après, la paroisse de Teopisca, à laquelle le couple appartient, a organisé une célébration eucharistique devant la prison de San Cristobal pour dénoncer la «mauvaise administration de la justice au Mexique», en particulier dans le cas de Roberto Paciencia Cruz, actuellement incarcéré dans cette même prison.
Terre et territoire: les conflits actuels, les conflits à venir
Depuis la fin septembre, plusieurs communautés d’Acacoyagua et Escuintla, dans la région de Soconusco, ont organisé un barrage routier pour empêcher l’exploration et l’exploitation minière, ainsi que pour dénoncer la pollution des rivières et les problèmes de santé qu’elles ont causés. La société mexicaine El Puntal SA de CV, qui maintient une mine à ciel ouvert, appelée Casas Viejas, à Acacoyagua est l’entreprise la plus montrée du doigt car elle se trouve seulement à 200 mètres du système de collecte de l’eau qui approvisionne la municipalité. « Malheureusement Casas Viejas est seulement l’un des quatre projets miniers en activité dans la municipalité, dans laquelle on compte un total de 13 concessions minières (plus de 36.000 hectares) ; à cela il faut ajouter huit concessions dans la municipalité voisine d’Escuintla (plus de 15 mille hectares) », a dénoncé l’organisation Otros Mundos (Autres mondes).
En octobre, le Ministère de l’Énergie a lancé un processus de consultation auprès des communautés Zoques dans les municipalités de Francisco Leon, Ixtacomitan et Pichucalco afin d’ouvrir douze puits d’hydrocarbures (projet en appel d’offres qui affecteraient environ 80 mille hectares). Le Mouvement des Peuples Autochtones en Résistance (Mopor) a déclaré que la plupart des communautés de la région s’opposent à ce projet.
GUERRERO: Entre la violence et l’impunité
En août, on a fêté le 22ème anniversaire du Centre des Droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan . Son directeur, Abel Barrera, a parlé de la violence au Guerrero en ces termes: « Ici, nous avons une moyenne de 6,8 assassinats par jour (…) du fait de la violence et l’indolence des autorités, qui travaillent main dans la main avec le pouvoir criminel qui a tout infiltré au cours des trois dernières décennies ».
En octobre, environ 2.000 personnes appartenant à diverses organisations sociales ont organisé une manifestation à Chilpancingo. Elles ont demandé, entre autres exigences, la libération du promoteur de la police communautaire de Tixtla, Gonzalo Gonzalez Molina, du policier communautaire de Maison de Justice de Zitlaltepec, Samuel Ramirez Galvez; ainsi que celle du conseiller de la Maison de justice de El Paraiso, Arturo Herrera Campos. Peu après, la Coordination Régionale des Autorités Communautaires – Police communautaire (CRAC-PC) a fêté ses 21 ans. Elle a demandé aux autorités que les services de police communautaire soient respectés et que ses prisonniers « injustement accusés d’enlèvement » soient libérés. Ils ont rappelé que plusieurs traités internationaux reconnaissent le droit des peuples autochtones d’avoir leur propre système de justice et de sécurité,
En octobre, environ 100 personnes ont organisé une cérémonie à Atoyac, trois ans après l’assassinat de Rocio Mesino Mesino, ex dirigeante de l’Organisation Paysanne de la Sierra du Sud (OCSS). A la fin de la commémoration, l’OCSS a exigé qu’une alerte pour violence de genre soit déclaré au Guerrero, suite à l’augmentation des féminicides. Plus tôt ce mois-ci, une autre illustration de l’impunité : l’organisation Réseau de Solidarité Décennie contre l’impunité a dénoncé que l’État mexicain a demandé à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) de déclarer « irrecevable » l’affaire du massacre de 11 Indiens et d’un étudiant à El Charco, municipalité d’Ayutla, par des soldats mexicains en 1998.
OAXACA: Les actes de répression récents ne représentent pas une situation isolé
En juillet, plusieurs organisations civiles ont présenté le «Rapport préliminaire sur les violations des droits de l’Homme, le 19 juin à Oaxaca » pour « faire connaître la chronologie des événements et les violations des droits de l’Homme qui ont eu lieu à Nochixtlan, et à proximité de la ville de Oaxaca » dans le cadre de la répression contre les manifestations d’enseignant(e)s. Selon la revue Proceso, ces actes répressifs ne représentent pas des cas isolés, quand, au contraire, au Oaxaca, « au cours des cinq dernières années et demi, on rapporte au moins 44 exécutions extrajudiciaires, 12 disparitions forcées, 220 arrestations arbitraires et 29 attaques sous diverses formes. Il s’agit d’environ 300 attaques, la majorité d’entre elles dirigées contre les leaders d’organisations qui s’opposent publiquement aux projets du gouvernement, d’infrastructures ou de politique publique ».
Le thème “Terre et territoires” reste le principal moteur de nombreuses manifestations sociales. En juillet, les autorités agricoles, diverses communautés et les organisations civiles et sociales se sont réunis à Oaxaca pour instaurer la Journée Étatique contre l’exploitation minière. Elles ont exprimé « leur détermination à lutter ensemble pour que ces abus cessent et pour renforcer leurs propres façons de vivre et de se gouverner. » En octobre, plus de 500 personnes provenant de sept municipalités de l’isthme de Tehuantepec se sont prononcées contre la mine à ciel ouvert que des entreprises canadiennes ont l’intention d’installer sur 30.000 hectares de la région, y compris 19.000 hectares de forêt dans les Chimalapas. Elles ont pris la décision, à l’unanimité, de former un comité régional pour la défense contre les mines et ont dénoncé que le gouvernement a vendu des permis d’exploitation sans consultation préalable.
Par ailleurs, on comptabilise 75 cas de féminicides cette année. L’organisation Consorcio Oaxaca a enregistré 500 féminicides pendant l’administration du gouverneur Gabino Cué Monteagudo, presque le double par rapport aux six années précédentes. Le Groupe d’études des femmes Rosario Castellanos dénonce pour sa part que le «discours de gouvernement en est resté aux formalismes en dépit des engagements que le gouverneur avait pris avec les organisations sociales. »
En octobre, Juan Macario Bautista Ramirez a été arrêté aux États-Unis comme l’un des responsables présumés de l’assassinat de Bety Cariño et Jyri Jaakkola (Finlande), alors qu’ils participaient à un convoi humanitaire à San Juan Copala dans la région Triqui en 2010. Karla Michell Salas, avocate dans cette affaire, a affirmé à la revue Desinformémonos, que «le contexte politique actuel au Oaxaca est préoccupant avec le retour du PRI au gouvernement de l’état et la nomination récente de René Juarez Cisneros, politicien du PRI et ancien gouverneur du Guerrero (…) en tant que nouveau secrétaire du gouvernement au Ministère de l’Intérieur, ce qui pourrait influer sur l’issue des procès des cinq personnes arrêtées à ce jour ainsi que sur la possibilité de réaliser les huit arrestations qui n’ont pas encore été effectuées ».