Activités du SIPAZ (De mi-novembre 2012 à mi-février 2013)
24/02/2013DOSSIER : L’insoutenabilité du modèle d’extraction minière
27/05/2013Début mai, le président Enrique Peña Nieto a rencontré pour la première fois en tant que chef du pouvoir exécutif fédéral le président des Etats-Unis, Barack Obama. Lors de cette première rencontre entre les deux mandataires plusieurs thèmes de l’agenda bilatéral ont été abordés, et des propositions de mécanismes de collaboration dans les domaines de l’économie et de l’éducation sont apparues, ce qui fut interprété – a posteriori- comme une tentative de « dénarcoïser » l’agenda.
De façon générale, bien que le gouvernement fédéral ait annoncé des changements de stratégie en matière de sécurité et la baisse du nombre de soldats chargés de la sécurité publique, l’armée est toujours dans les rues. Dans le cadre de la lutte contre le crime organisé, une polémique est apparue sur les assassinats commis depuis l’arrivée au pouvoir de Peña Nieto. Le Ministère de l’Intérieur a mis en avant une diminution des homicides comparé à la période du gouvernement antérieur, fait remis en question par les médias et les organisations civiles. Fin avril, selon les chiffres officiels, on comptabilisait 5296 homicides présumés liés à la délinquance organisée commis depuis le début du sextennat.
Début mai également, la visite au Mexique du Rapporteur Spécial pour l’Organisation des Nations-Unies (ONU) sur les exécutions extrajudiciaires, Christof Heyns, s’est terminé. A la fin de son séjour, il a pointé le manque d’efficacité dans l’application des lois existantes comme source principale d’impunité et de méfiance de la part de la population envers les autorités. Heyns a souligné que les cas passés doivent être résolus pour pouvoir rompre avec le cercle de la violence. Il s’est également prononcé sur la création de la Gendarmerie Nationale, projet du gouvernement fédéral, alertant sur le fait qu’on en sait peu sur cette initiative, qu’une loi spéciale devrait être votée pour son fonctionnement, et que cette entité devrait avoir une direction civile et des mécanismes de reddition de comptes.
L’Etat mexicain qui, octobre prochain, sera évalué en matière de Droits de l’Homme dans le cadre de l’Examen Périodique Universel (EPU) de l’ONU, devra également se présenter cette année devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), pour plusieurs cas survenus lors des administrations passées. L’un d’entre eux est celui de plus de 20 femmes torturées et violées durant l’intervention des forces fédérales, étatiques et municipales, en mai 2006, à San Salvador Atenco, dans l’Etat de Mexico. On a mis en accusation des fonctionnaires de police, mais aucune responsabilité n’a été retenue contre les policiers de grade plus élevé, ceci alors même que la Cour Suprême de Justice de la Nation (SCJN) a reconnu les viols commis par les autorités des différents niveaux. La particularité de ce cas réside dans le fait qu’à ce moment-là, l’actuel Président de la République était justement gouverneur de l’Etat de Mexico.
Le risque que courent les journalistes au Mexique continue d’être élevé. Des données présentées fin avril révèlent que 84 d’entre eux ont été assassinés depuis l’an 2000. Dans seulement 12 cas une peine a été prononcée contre les agresseurs. On compte de plus, entre 2005 et avril 2013, 20 disparitions de journalistes et 30 attentats commis contre des installations de médias. Une autre profession dont les membres sont souvent victimes de harcèlement et d’agressions est celle des défenseurs des Droits de l’Homme en général, avec une multiplication des cas à l’encontre des défenseurs de migrants. En mars, Rubén Figueroa et Fray Tomás González, respectivement collaborateur et directeur du Foyer Refuge pour Migrants « la 72 » à Tenosique, Tabasco, ont été menacés de mort, par le crime organisé suppose-t-on.
Réformes structurelles de Peña Nieto, et opposition à ces mêmes réformes
Le gouvernement d’Enrique Peña Nieto a avancé sur différents points de son agenda politique, qui ont été remis en question par la société et entrainé des protestations. Parmi les thèmes inscrits dans le « Pacte pour le Mexique » par les trois grands partis politiques – le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), le Parti d’Action Nationale (PAN) et le Parti de la Révolution Démocratique (PRD)-, la réforme du travail et la réforme éducative ont déjà été votées, et les réformes financière et énergétique sont en cours de négociation.
La « Croisade Nationale contre la Faim », initiative lancée en janvier par le gouvernement de Peña Nieto dans la municipalité chiapanèque de Las Margaritas, a réuni une nouvelle fois en avril une partie du cabinet fédéral et des fonctionnaires chiapanèques à Navenchauc, municipalité de Zinacantán. Dans son intervention, Enrique Peña Nieto a demandé à Rosario Robles Berlanga, Secrétaire en charge du Développement Social, de « tolérer » les critiques de ceux « qui s’inquiètent des élections ». La veille, elle avait renvoyé le délégué au développement social de l’Etat de Veracruz, afin qu’il puisse faire l’objet d’une enquête sur l’utilisation présumée des ressources de la Campagne en faveur du PRI pour les élections à venir dans cet Etat. Les faits ont provoqué la suspension provisoire du Pacte pour le Mexique. Mais après s’être mis d’accord sur des mécanismes empêchant l’utilisation de programmes gouvernementaux à des fins électorales, les trois partis signataires ont publiquement relancé le Pacte en mai.
Soupçonnée par les analystes d’être un pas de plus vers la privatisation de l’éducation publique et considérée comme « une réforme du travail pour les enseignants », la réforme éducative, entre autres, établit comme obligatoire l’évaluation périodique du travail des enseignants. Quelques jours avant son vote, celle qui était jusqu’alors la dirigeante du Syndicat National des Travailleurs de l’Education (SNTE), Elba Ester Gordillo, a été arrêtée. Lors des sextennats précédents, elle avait réussi à négocier avec le pouvoir fédéral jusque sur des sujets totalement étrangers à l’éducation. Accusée de détournement de fonds et d’association de malfaiteurs, elle se trouve en prison, pendant que la procédure pour son procès est en cours.
Pendant ce temps, la nouvelle direction nationale de l’ordre enseignant et des sections dissidentes par rapport à la précédente se mobilisent pour que la réforme ne soit pas appliquée. Dans les mobilisations, les enseignants de l’état de Guerrero, regroupés en la Coordination Etatique des Travailleurs de l’Education de Guerrero (CETEG), se sont fait remarquer : ils ont bloqué à plusieurs reprises l’Autoroute du Soleil, qui relie Mexico à Acapulco. Ils ont également réalisé des marches et des manifestations auxquelles ont participé différents secteurs de la population locale, dont la Police Communautaire, ce qui a donné lieu à la formation du Mouvement Populaire de Guerrero (MPG). Le gouvernement de l’Etat a, à plusieurs reprises, amorcé le dialogue avec la CETEG, afin d’éventuellement inclure ses propositions dans la loi nationale en la matière. Il n’a cependant pas pu enrayer le mouvement de protestations et a même en certaines occasions été doublé par l’administration fédérale, qui a cherché à négocier directement avec la CETEG pour mettre fin aux manifestations.
Guerrero: entre mobilisations enseignantes et problèmes chroniques
Si dans les dernières semaines le thème le plus sensible et au plus grand écho médiatique fut la mobilisation enseignante et d’autres secteurs sociaux, d’autres tendances, reflets de problèmes chroniques dans l’Etat, restaient d’actualité. En mai, le secrétaire du Gouvernement, Humberto Salgado, renonça à sa fonction en raison de la crise à laquelle le gouvernement de l’Etat fait face devant l’intensification des conflits sociaux, dont les protestations du mouvement enseignant et la multiplication des groupes d’autodéfense citoyenne.
En avril, les deux policiers arrêtés pour le meurtre de deux étudiants survenu en décembre 2011 pendant la violente intervention des polices fédérale, de l’état et municipale, menée en réponse à une protestation étudiante pacifique à Chilpancingo ont été libéré. Le Centre des Droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan, qui s’occupe du dossier, considère que cette libération met en évidence le fort taux d’impunité en Guerrero. Des menaces de mort ont également été proférées publiquement à l’encontre de Obtilia Eugenio Manuel, présidente de l’Organisation du Peuple Indigène Me’phaa (OPIM), dont le siège est situé à Ayutla de los Libres. Elle et tous les membres de l’OPIM bénéficient de mesures de protection de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CoIDH) depuis 2009.
D’autre part, en février, dans le village de Los Huajes, la maison du fils de Julián Blanco, leader opposant au barrage La Parota, a été perquisitionnée par des militaires. Le Conseil des Ejidos et Communautés Opposantes au Barrage La Parota (Cecop) s’est en conséquence déclaré en alerte rouge. Il a prévenu que si l’Armée maintient sa présence dans la zone, il reprendra les barrages qui avaient été installés au début du mouvement. Il a souligné que le gouvernement fédéral avait attribué 1 milliard 500 mille pesos à la relance du projet La Parota, et déclaré que les abus des militaires dans la zone ne sont pas un hasard, étant donnés les intérêts en jeu dans l’édification du barrage. Il a également précisé que les paysans continueront leur lutte jusqu’à ce que le projet du barrage soit définitivement abandonné.
Oaxaca: Mobilisation enseignante et conflits dus aux mégaprojets
Tout comme la CETEG de Guerrero, les enseignants de la section 22 du Syndicat National des Travailleurs de l’Education (SNTE) se sont également mobilisés. En avril, après que les enseignants de l’Etat de Guerrero aient été délogés quand ils ont bloqué l’autoroute du Soleil, 200 éléments de la police fédérale sont arrivés à Oaxaca pour éviter les actions radicales de protestation que pourraient mener les professeurs de la section 22. Début mai, considérant les réponses à leurs demandes comme dérisoires, le corps enseignant décida d’envoyer 30% de ses membres dans la capitale afin de « renforcer la lutte sur le plan national ».
Le 1er mai, une marche commémorative de la Journée Internationale du Travail, pendant laquelle des affrontements ont eu lieu entre les manifestants et la police municipale, a été organisée dans la ville de Oaxaca. 34 personnes ont été arrêtées. Le Comité pour la Défense Intégrale des Droits de l’Homme Gobixha (CODIGO-DH), a indiqué que les policiers ont tiré au sol et en l’air près des manifestants. De plus, il a exigé la libération de Susana Ramírez Jiménez, membre du CODIGO-DH, qui a été arrêtée pendant qu’elle prenait des photos en enquêtant sur les abus commis par les autorités. Elle a été placée en isolement et n’a pas pu parler avec son avocat ni avec sa famille pendant les 14 premières heures de sa détention. Le CODIGO-DH a été victime de harcèlement tant avant qu’après ces faits : en avril, ses bureaux ont été perquisitionnés et en mai, sa coordinatrice, Alba Cruz Ramos, a reçu des menaces de mort. L’organisation met en lien ces agressions avec son travail d’accompagnement des défenseurs communautaires, beaucoup d’entre eux devant également affronter des intimidations à cause de leur travail.
La tension la plus forte en ce sens s’est développée dans l’Isthme de Tehuantepec, dont une partie de la population s’est organisée contre la construction de parcs éoliens dans la région. Il est également de notoriété publique que plusieurs radios communautaires de l’Isthme sont victimes de harcèlement. En mai, la Rencontre des Peuples en Résistance pour la Défense du Territoire s’est déroulée à Juchitán de Zaragoza : il a été décidé d’empêcher les travaux de construction du parc éolien Bi Hioxio, de l’entreprise espagnole Gas Natural Fenosa, et de réaliser une campagne pour ne pas voter dans l’Isthme lors des élections étatiques du 7 juillet prochain.
En mai, l’annonce du secrétaire du Tourisme et du Développement Economique du gouvernement de Oaxaca que Mareña Renovables n’allait finalement pas construire le parc éolien San Dionisio, et que le projet serait réalisé dans une autre zone de la région a été accueillie avec précaution : il fut annoncé que l’occupation de l’hôtel de ville de San Dionisio del Mar serait maintenue, tout comme le blocage de l’annexe municipale de Álvaro Obregón, et les barricades à la sortie de Juchitán contre la construction du parc Bii Hioxho, jusqu’à ce que les assemblées réfléchissent à l’annonce et que tout soit officialisé par écrit.
Pour ce qui concerne les mines, en mars, le premier anniversaire de l’assassinat de Bernardo Vásquez Sánchez s’est déroulée. Il était le porte-parole de la Coordination des Peuples Unis en Défense de la Vallée d’ Ocotlán (CPUVO), s’opposant à la mine de l’entreprise Minera Cuzcatlán, filiale de Fortuna Silver Mines Inc, située à San José del Progreso. Dans ce cadre, quelques 200 personnes ont organisé une cérémonie devant l’entrée de la mine. Selon le Centre des Droits de l’Homme Miguel Agustín Pro Juárez, à la fin de la cérémonie tout le groupe a été retenu par les membres d’un groupe lié à la mine qui, à bord de 5 camionnettes, ont bloqué tous les accès et tiré avec des armes à feu, avec l’intention d’intimider les organisations qui participaient à l’évènement.
Chiapas: Augmentation des conflits dans différentes régions de l’Etat
Les conflits se sont aggravés dans différentes régions de l’Etat avec pour bilan plusieurs morts et blessés. En février, le Centre des Droits de l’Homme Fray Bartolomé de Las Casas (CDHFBC) a alerté sur le « risque imminent » que, dans l’ejido de San Marcos Avilés, municipalité de Chilón, « s’opère pour la seconde fois un déplacement forcé des Bases de Soutien de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) par des habitants de ce même ejido affiliés à différents partis politiques ». En avril, le Réseau pour la Paix Chiapas a réalisé une Mission Civile d’Observation dans cette communauté, où les membres des différents partis ont menacé de voler leurs véhicules aux observateurs. Dans les jours précédents, le Comité de Bon Gouvernement (JBG) de Oventic avait également dénoncé les nombreuses agressions contre les bases de soutien [de l’EZLN] à San Marcos Avilés depuis juillet 2011.
Le 24 avril Juan Vázquez Gómez, ex-secrétaire général des adhérents de L’Autre Campagne à San Sebastián Bachajón, a été assassiné par des individus non identifiés. Le CDHFBC a condamné l’assassinat de Vázquez Guzmán « qui s’est fait remarquer pour sa participation active (…) face à l’expropriation par le gouvernement des cascades d’Agua Azul». Il a rappelé que, peu avant, les habitants de San Sebastián « avaient dénoncé publiquement que leur territoire était menacé par la politique officielle d’expropriation territoriale, pointant la continuité de la stratégie opérée par le gouvernement actuel de l’état ».
Le 5 mai, à Venustiano Carranza, des membres de l’Organización Campesina Emiliano Zapata-Casa del Pueblo (OCEZ-CP) et de l’Organización Campesina Emiliano Zapata – Chiapas (OCEZ-Chiapas), se sont affrontés, causant un bilan de deux morts et plusieurs blessés. Les deux groupes ont accusés leurs rivaux d’avoir initié la confrontation. En septembre dernier, des habitants dissidents à la OCEZ-CP, devenus membres de l’OCEZ Chiapas, ont occupé les bureaux et agressé les membres de la Casa del Pueblo, qui avaient exigé des explications sur du bétail perdu lors de l’administration précédente. L’OCEZ-CP a exigé l’expulsion du groupe dissident et initié les démarches devant le Registre Agraire National, qui n’a pas encore résolu l’affaire. Une personne est décédée et au moins six ont été blessés à Petalcingo, pendant un affrontement survenu également le 5 mai. Les différends entre les groupes rivaux se sont encore accentués après les élections municipales de juillet dernier.
Mouvements sociaux et perception d’un amoindrissement des espaces pour la critique
Le 26 février, des paysans et indigènes appartenant à 11 municipalités de la Montagne et de la Côte du Chiapas ont formé les « Gardes Civils d’Autodéfense », avec comme objectif de faire cesser le pillage des entreprises minières dans la région. Ils ont dit s’être vu obligés d’opter pour ce recours devant la complaisance des autorités locales et fédérales envers lesdites entreprises.
D’autre part, entre février et mars, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) a publié une série de communiqués faisant partie du « Ellos y nosotros VII- L@s más pequeñ@s » [Eux et nous VII- Les plus petits]. Le sous-commandant Moisés a plus tard annoncé pour août prochain le début des « écoles zapatistes », où les peuples autonomes rebelles transmettront leurs expériences de gouvernement collectif. Il a déclaré que jusqu’à cette date les zapatistes ne recevront ni caravanes ni brigades, et qu’ils n’accorderont pas d’entrevue.
En avril, différents médias ont rendu publique la tentative du gouvernement de l’Etat d’annuler le pèlerinage en cours d’organisation du Pueblo Creyente (Peuple Croyant) pour la libération du professeur Alberto Patishtán, car il coïncidait avec la visite d’Enrique Peña Nieto au Chiapas. Le CDHFBC a indiqué qu’« il est urgent [pour le gouvernement] d’annuler le pèlerinage (…) car il veut présenter un climat libre de toute protestation sociale, et que cela sera la première mobilisation massive dans la capitale de l’état pendant ce gouvernement. » Malgré tout, le pèlerinage a eu lieu avec la participation de quelques 8000 personnes. Il faut ajouter que les pressions exercées ayant été rendues publiques, le gouverneur en personne, Manuel Velasco Coello, a visité Patishtán en prison, et s’est engagé à agir en faveur de sa liberté, et de la révision des dossiers des autres prisonniers des organisations la Voz del Amate y Solidarios de la Voz del Amate.
Autre fait qui retient l’attention et qui dans un sens pourrait être attribué au gouvernement antérieur, puisqu’il n’y a pas eu de changement de cabinet au moment du passage de pouvoir, l’avocat Horacio Culebro Borrayas, qui en avril avait déposé une plainte contre l’ancien gouverneur Juan Sabines Guerrero et 50 membres de son cabinet, a dénoncé avoir été victime de menaces de mort. Culebro Borrayas a déposé devant le Procureur Général de la République (PGR) une plainte pour au moins une vingtaine de délits sanctionnés pénalement, comme association de malfaiteurs, délinquance organisée et délit d’initié.
Le 11 avril, les journaux du Heraldo de Chiapas ont été réquisitionnés. Ils titraient en première page : « le Chiapas au bord de l’effondrement à cause de l’inexpérience de Manuel Velasco ». Il a été rapporté qu’à Tuxtla Gutiérrez, des personnes portant des coupes de cheveux de style policier ont filé les vendeurs à la criée et les distributeurs pour leur « acheter » ou leur enlever les journaux. Deux vendeurs ont affirmé qu’ils ont été « mis en joue avec des pistolets par des policiers présumés qui ont opéré la confiscation des journaux ». A propos de la liberté d’expression également, début avril l’organisation Artículo 19 a publié un communiqué dans lequel il signale que la réforme approuvée le 7 mars incluant dans le Code Pénal du Chiapas un délit qui sanctionne l’obtention d’informations à partir de source policière ou judiciaire tend à « criminaliser l’accès à l’information et la liberté d’expression », ce qui rend encore plus risqué pour les journalistes d’enquêter sur le terrain, et pour le citoyen d’exercer son droit à l’accès à l’information publique.
Impunité : l’éternel dossier à traiter
16 personnes accusées pour le massacre d’Acteal (1997) ont été relâchées pendant la période couverte par ce bulletin. S’y ajoutent 73 indigènes laissés en liberté, non pour être innocents des faits mais pour violation du droit à un procès juste et équitable. A peine six personnes restent encore en prison. Dans un acte qui peut au contraire être considéré comme une lueur d’espoir face à l’impunité, un jugement de Mexico a prononcé une mesure de protection en faveur des familles des victimes du massacre. Grâce à cela, la demande d’immunité diplomatique sollicitée par le gouvernement mexicain en 2011 pour éviter que l’ex-président Ernesto Zedillo ne soit traduit en justice devant un tribunal du Connecticut, Etats-Unis, pour sa responsabilité présumée dans la tuerie a été invalidée.
Dans les dossiers des prisonniers libérés, le secrétaire du gouvernement, Noé Castañón, a annoncé que, comme il l’a été fait pour tous, un accord serait passé pour leur acheter des terres et qu’ils ne retournent pas à Chenalhó, afin d’éviter des problèmes dans la zone. Mais contrairement à ce qu’il avait affirmé, en février, la Société Civile Las Abejas a dénoncé que « les paramilitaires qui ont été libérés (…) ainsi que leurs familles vivent tranquillement, provoquant inquiétude et peur dans les communautés ». Des tirs en plein jour ont été rapportés dans différentes communautés.