2018
10/01/2019DOSSIER : La réalité de la violence à l’égard des mineur-e-s au Mexique : quelles solutions ?
08/04/2019Le 1er décembre, Andrés Manuel López Obrador (AMLO) est devenu le nouveau président du Mexique.
Il a triomphalement remporté les élections avec 30 millions de voix et 53% des suffrages. Son parti Morena (Mouvement de Régénération Nationale) est devenu la première force politique du pays, 4 ans seulement après sa création. La coalition “Ensemble nous ferons l’Histoire”, menée par Morena, a remporté la majorité des sièges dans les deux chambres parlementaires.
Dans son discours d’investiture, il a reproché au gouvernement sortant : “Rien n’a plus nui au Mexique que la malhonnêteté des gouvernants et de la minorité qui ont abusé de leur influence”. Il a proposé d’en finir avec la corruption et l’impunité, sans toutefois lancer de poursuites judiciaires contre les anciens fonctionnaires publiques. “Il n’y aura pas assez de tribunaux ni de prisons. Nous créerions une fracture dans le pays”, a-t-il déclaré. Il a annoncé qu’il n’y aurait désormais plus aucune tolérance à l’égard de la corruption. Sa première mesure a été la mise en place d’un plan de lutte contre les huachicoleros, ces voleurs d’hydrocarbures, dont le commerce a représenté en 2018 58 000 barils par jour (soit plus de 66,3 milliards de pesos). Elle a entraîné une pénurie de carburants dans plusieurs états, mais la majorité de la population continue d’approuver cette décision.
Conformément à sa politique d’’austérité républicaine”, AMLO a renoncé au palais et à la flotte de véhicules présidentiels, et a annoncé des coupes budgétaires dans les salaires des fonctionnaires. En décembre, des magistrats ont dénoncé être victimes d’une “ingérence illégitime” qui touche à la division des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire. “Le maintien de notre salaire n’est pas un privilège, mais l’une des garanties de l’indépendance de la magistrature (…) un pays ne peut se revendiquer comme démocratique s’il n’existe pas de contrepoids entre pouvoirs”, dit leur déclaration. Le nouveau barème de rémunération prévoit une baisse de 40% des salaires des magistrats.
AMLO a répété son engagement de gouverner “d’abord avec les pauvres” et promis, entre autres, d’augmenter le salaire minimum, les retraites, d’ouvrir des universités publiques, et de ne pas augmenter les impôts. Avec le Programme National des Peuples Indigènes et afromexicains, il a annoncé que les programmes sociaux pour ces populations seraient prioritaires, dont celui pour les jeunes et celui de bourses scolaires. L’allocation aux personnes âgées indigènes et afromexicaines sera versée dès 65 ans au lieu de 68. Il a insisté sur le fait que ces aides seraient octroyées directement aux bénéficiaires, et annoncé une réforme constitutionnelle “pour mettre la législation du pays en conformité avec les avancées du droit au niveau international”. Des critiques s’élèvent toutefois contre l’aspect assistancialiste de ses propositions.
La Garde Nationale au cœur de la polémique
La création d’une Garde Nationale destinée à prévenir et combattre la violence est la proposition la plus polémique. En décembre, le Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’Homme au Mexique a déclaré que “aujourd’hui il n’y a plus de doute sur l’effet désastreux de la militarisation de la sécurité publique au Mexique en termes de droits de l’Homme”. Le Bureau a alerté sur le fait que “remplacer la corporation fédérale civile par une nouvelle structure militaire, de plus par le bias d’un changement constitutionnel, serait une décision irréversible”.
Au début des débats à l’Assemblée, des audiences publiques ont été organisées. Des gouverneurs, des maires, des législateurs, des fonctionnaires, des spécialistes et des représentants d’organisations civiles y ont participé. Le collectif #SécuritéSansGuerre, formé de plus de 300 associations et personnes différentes, a questionné le fait que les débats aient commencé après le début du processus de recrutement des effectifs pour la Garde Nationale : “Si les temps ont effectivement changé et que les personnes au pouvoir sont différentes, on ne peut continuer à agir de la même façon, utilisant le Parlement comme s’il n’était qu’un guichet administratif ”. AMLO a déclaré que le but était de ne “pas perdre de temps” mais les députés de l’opposition considèrent cela comme un “manque de respect” envers le Pouvoir législatif.
En janvier, la Chambre des députés a approuvé la réforme constitutionnelle permettant la création de la Garde Nationale. Le Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’Homme au Mexique considère cette décision “inquiétante”, même après modifications, en raison de son organisation, avec une direction militaire ;le manque de définition légale quant à portée de la juridiction militaire et quant à la mise à disposition des personnes arrêtées. “Cela constitutionnalise la présence militaire et la rend permanente dans les tâches de sécurité, dans la continuité d’une politique qui a provoqué plus de violence et a augmenté les violations graves des droits de l’Homme (…) Tout ceci, dans un contexte de contrôle limité, avec des mécanismes de redevabilité inefficaces et un niveau alarmant d’impunité”, a-t-il alerté. Quelques semaines plus tard, le Sénat en séance plénière a approuvé à l’unanimité la réforme constitutionnelle créant la Garde Nationale, après des modifications importantes du projet de loi. Parmi les changements : son caractère civil, et des procès tenus par une juridiction civile en cas de délits commis par son personnel. Les militaires actuellement affectés à des missions de sécurité publique le resteront pendant la création de la Garde Nationale et pour un délai maximum de cinq ans.
Les mégaprojets et l’extractivisme, sources d’inquiétude
En novembre une consultation a été organisée à propos de projets économiques prioritaires pour le nouveau gouvernement. 1098 bureaux de vote ont été installés dans 538 communes du pays. 946.081 personnes y ont participé et 89,9% ont voté pour le “Train Maya”, qui relierait les principaux sites archéologiques de 5 états du sud-est du Mexique. Plus de 90% des votants se sont prononcé pour le développement du Train de l’Isthme de Tehuantepec (Oaxaca) et de la raffinerie de Dos Bocas (Tabasco). Des universitaires et des associations ont soulevé l’impact écologique de ces projets, et critiqué que les personnes qui seront le plus affectées, la plupart indigènes, n’aient pas été consultées en priorité. Ces dernières doivent l‘être selon des modalités particulières, entérinées dans des traités internationaux ratifiés par le Mexique.
Parmi les projets prioritaires, la plantation d’un million d’hectares d’arbres fruitiers et d’essences forestières, principalement dans le sud-est du pays, a été critiqué pour son caractère assistentialiste. En outre l’attribution d’allocations individuelles pourrait entraîner des divisions dans les ejidos et les communautés indigènes.
La tendance extractiviste du nouveau gouvernement fait également l’objet de critiques. En février, AMLO a répété qu’il n’y aurait pas de fracturation hydraulique (fracking) pour l’extraction des hydrocarbures. Mais quelques jours auparavant, le Ministre de l’Energie avait annoncé que la technologie de moindre impact serait utilisée. L’utilisation du fracking est envisagée dans le budget 2019, et il n’est pas prévu de stopper les méthodes de fracturation d’ores et déjà employées dans 7.879 puits du pays. “Jusqu’à ce que la loi l‘interdise, le fracking continuera au Mexique”, alerte l’Alliance Mexicaine contre le Fracking.
Les défenseurs des Droits de l’Homme et les journalistes toujours aussi vulnérables
En novembre, le Red TdT(Réseau Tous les Droits pour Tous et Toutes) a annoncé que 161 défenseurs des droits de l’Homme et 40 journalistes avaient été assassinés pendant le mandat d’Enrique Peña Nieto. Le Réseau pointe que 3% seulement de ces meurtres font l’objet d’enquêtes judiciaires et que ces dernières “ne tiennent en général pas compte de l’activité des victimes comme mobile”. 42 des défenseurs appartenaient à un peuple indigène. Le Red Tdt a dénoncé que la réponse de l’Etat “se soit limitée au Mécanisme de Protection pour les Défenseur.es et les journalistes (…), qui ne dispose que de mesures réactives et ne répond pas aux besoins spécifiques des bénéficiaires”.
En janvier, le Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’Homme a condamné les meurtres de deux défenseurs des droits de l’Homme au Chiapas, et de celui d’un journaliste en Basse Californie du Sud. Deux des victimes faisaient l’objet de mesures de protection par le Mécanisme en question, ce qui “doit amener à une profonde réflexion sur son efficacité. (…) En outre, ces crimes doivent être élucidés, car n’oublions pas que la meilleure mesure de protection dans ces dossiers est une enquête rapide et efficace qui rende justice aux victimes ; c’est aussi une façon de s’assurer que cela ne se reproduira pas”. « Le Mexique doit de toute urgence inverser la tendance, car les risques encourus par les professionnel.les du journalisme et de la défense des Droits de l’Homme sont en augmentation”, a-t-il conclu.
CHIAPAS: Rutilio Escandón est élunouveau gouverneur
En décembre, Rutilio Escandón Cadenas est devenu gouverneur du Chiapas, élu par la coalition qui a mené AMLO à la victoire. Il a déclaré que son administration appuierait les projets fédéraux comme la vaste campagne de reforestation (200.000 hectares au Chiapas, qui pourraient créer, selon certains calculs, plus de 80.000 emplois permanents) et le Train Maya, et qu’il appliquerait la politique d’austérité républicaine. Il a également assuré qu’il concentrerait ses efforts sur l’obtention du permis pour la construction de l’autoroute San Cristóbal de las Casas-Palenque.
Il succède à Manuel Velasco Coello, du PVEM, le parti écologiste, qui quitte le pouvoir sous les critiques d’une large frange de la population, bien qu’il avait été élu avec 68% des suffrages. Des associations, citoyen.nes et médias se rejoignent sur le fait que ce mandat a été caractérisé par un vide de pouvoir, la corruption et l’impunité. Des fournisseurs, prestataires et des milliers de travailleurs de l’éducation et de la santé n’ont pas été payés, et 15 plaintes sont en cours contre le gouvernement de Velasco pour mauvaise utilisation de fonds publics. Le Chiapas reste l’état le plus pauvre du pays (plus de 70% de pauvreté). Les délits graves et crimes y sont en augmentation : 300 féminicides ont été enregistrés et 12 défenseurs des droits de l’Homme ont été assassinés sous le dernier sextennat.
Trois assassinats de défenseur.es de droits humains en un mois
En janvier, Sinar Corzo Esquinca a été assassiné à Arriaga. Ce défenseur des droits de l’Homme faisait partie du Comité citoyen de défense des droits de l’Homme Coloso de Piedra. Il avait déjà dénoncé des attaques, menaces de morts et détentions arbitraires depuis 2013. Plus de 150 organisations civiles ont déclaré assister “avec inquiétude à ce symptôme de la situation de vulnérabilité des défenseurs des droits de l’Homme dans l’état”. En février, un juge a délivré un mandat d’arrêt contre l’ancien maire d’Arriaga (destitué par le congrès car considéré comme l’auteur intellectuel présumé de l’assassinat). Quatre mandats d’arrêt avaient déjà été exécutés dans cette affaire.
Deux semaines après, les corps de Noé Jiménez Pablo et José Santiago Gómez Álvarez ont été retrouvés à Amatán avec des signes de torture. Les hommes étaient respectivement membres du MOCRI-CNPA (Mouvement Paysan Révolutionnaire Indépendant de la Coordination Plan de Ayala) et du Mouvement pour le bien-être, la paix et le bien commun d’Amatán. Ces deux organisations tenaient un sit-in contre les “caciques” Wilbert et Manuel de Jesús Carpio Mayorga, sit-in qui avait été dispersé par un commando armé. Peu après, le maire d’Amatán et le Conseil municipal ont démissionné et le Congrès de l’état du Chiapas a nommé un nouveau conseil municipal pour Amatán.
Les déplacements forcés continuent de déchirer les communautés des Hauts Plateaux du Chiapas
En décembre, le Centre des Droits de l’Homme Fray Bartolomé de Las Casas a dénoncé la destruction, après des agressions par l’Administrateur Municipal, de neuf camps de personnes déplacées à Chalchihuitán. Selon l’association, les autorités communautaires ont menacé d’attacher et brûler les représentants des personnes déplacées, et interdit l’entrée de l’aide humanitaire. Au moins 1.237 personnes sont toujours déplacées à Chalchihuitán car des groupes armés (originaires) de Chenalhó tirent des coups de feu dans une zone englobant leurs terres.
Mi-janvier, la CNDH a adressé aux autorités du Chiapas des recommandations pour les manquements dans la prise en charge des situations de déplacement forcé de Chalchihuitán et Chenalhó. Elle a aussi mentionné la situation de 971 personnes de Colonia Puebla (commune de Chenalhó), déplacées malgré elles depuis les violences post-électorales de 2016. L’organisation a signalé que dans les deux cas des droits fondamentaux avaient été bafoués.
Les violences entre les communes voisines d’Aldama et Chenalhó continuent. En cause : un vieux conflit portant sur 60 hectares de terre. En février, le “Comité de Bon Gouvernement” d’Oventik a fait savoir que ce conflit a fait plus de 20 morts parmi les personnes indigènes, des dizaines de blessés et entraîné le déplacement forcé de plus de 2.000 personnes. Des maisons et des champs ont été incendiés, et les échanges de coups de feu sont quotidiens. Ils rendent le gouvernement responsable de ce qu’il pourrait arriver, soulignant que “les gouvernements passés et actuels, à leurs trois niveaux, sont responsables des divisions, des affrontements, de la peur et de la détérioration de la vie communautaire. Ils n’ont jamais voulu résoudre pour de bon cette affaire, (…) et amènent les autorités des villages partisans de certains partis politiques manipulés et victimes de pressions à réclamer la présence militaire, pour que la population s’habitue à la militarisation”.
La militarisation comme seule réponse à la violence
En janvier, le Ministre de la Défense a ordonné l’installation d’une base militaire à Aldama pour éviter de nouveaux affrontements. Le même mois, les autorités de la commune de Chilón ont accepté l’installation d’un détachement militaire après des échanges de tirs entre des groupes armés et la police municipale. Deux personnes sont mortes et deux policiers ont été blessés. Le Centre des Droits indigènes CEDIAC considère comme “alarmante et dangereuse” “la décision unilatérale prise par le maire”. Il doute que la décision ait été “validée par l’ensemble des administrés”, et a alerté sur le fait que “l’histoire du Chiapas (…) prouve que l’intervention de l’armée n’a jamais garanti la paix ni la stabilité sociale”.
En février, le Réseau pour la Paix au Chiapas a dénoncé un enchaînement d’événements violents dans l’état depuis le changement des autorités au pouvoir : “Ce contexte de violences et de conflits confirme le fait que les familles chiapanèques qui détiennent le pouvoir économique et politique, ont simplement changé de noms et de parti pour maintenir au pouvoir les mêmes mafias”. L’organisation a signalé que “loin de traiter les conflits de manière globale”, elles poursuivent leur stratégie sécuritaire armée, “occupant les territoires et contrôlant la vie politique”.
Des voix s’élèvent contre les propositions du nouveau gouvernement
Dans le cadre du 25ème anniversaire du soulèvement armé, l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) a annoncé qu’elle s’opposerait aux différents projets “de destruction” du nouveau président : “Ils auront beau chercher à nous humilier par la répression, comme avec la Garde Nationale, nous ne cesserons de défendre notre Terre-Mère car c’est elle qui nous voit naître, vivre et mourir”. AMLO a rétorqué “nous ne répondrons pas aux provocations”. En revanche des milliers d’utilisateurs des réseaux sociaux ont durement attaqué les Zapatistes. Des sympathisants de l’EZLN ont à leur tour dénoncé l’“ignorance”, les “mensonges” et “calomnies” qui circulent.
Soulignons que l’EZLN n’est pas la seule organisation critique envers le nouveau gouvernement fédéral. Le Congrès National Indigène (CNI) a déclaré que “nous ne croyons pas le nouveau contremaitre du capitalisme qui prétend gouverner le Mexique, et nous n’accepterons aucune des prétendues consultations par lesquelles ils veulent légitimer le vol des territoires indigènes et paysans, notre extermination et l’intensification de la guerre qu’ils mènent contre nous”. En janvier, le Peuple Croyant du Diocèse de San Cristóbal de Las Casas a dénoncé : “selon les autorités tout s’est arrangé, mais en réalité c’est le peuple qui ressent et subit l’injustice, les abus, la corruption et l’impunité“. Ils exigent la résolution de plusieurs conflits socio-politiques ; l’arrêt de la militarisation et de la paramilitarisation ; et que les défenseurs et gens d’église ne soient pas menacés pour leur combat pour le bien commun. Ils se sont positionnés contre les grands projets qui “sont des stratégies de la guerre de basse intensité, qui nous divisent et sont sources de conflits et de spoliation”.
GUERRERO: Les Droits de l’Homme restent problématiques malgré des avancées dans le dossier Ayotzinapa
En novembre, la Commission Nationale des Droits de l’Homme a émis une recommandation sur les faits survenus en 2014 à Iguala. 43 étudiants de l’Ecole Normale Rurale (Institut de Formation des Maîtres) d’Ayotzinapa sont toujours portés disparus et 6 personnes sont décédées. Elle y indique que “ce qui est arrivé à Iguala ne doit pas être considéré comme un cas isolé ; ces événements reflètent la situation de plusieurs régions du pays, où la possibilité d’un événement similaire et de même ampleur est un risque latent ”. Elle indique que l’enquête a prouvé “que les autorités ont violé le droit à la vérité des victimes et de la société”.
En décembre, l’une des premières actions du nouveau président fut de signer le décret créant la Commission pour la vérité du dossier Ayotzinapa. Les proches des étudiants ont déclaré que ce décret leur donne de l’espoir même si “la confiance se méritera”. Le Centre ProDH a souligné que le décret incite l’administration fédérale à collaborer, “puisque par le passé, le gouvernement fédéral faisait obstruction”. Devant la résidence présidentielle, les proches d’autres disparus ont exigé l’emploi des dispositifs de recherche et d’investigation dans tous les cas de disparition, et pas seulement en ce qui concerne Ayotzinapa.
Le Mouvement pour la Liberté des Prisonniers Politiques de l’état de Guerrero a de son côté dénoncé les poursuites dont font l’objet les membres du CECOP (Conseil des Ejidos et Communautés Opposées au barrage de La Parota) et de la CRAC-PC (Coordination Régionale des Autorités Communautaires-Police Communautaire). 19 d’entre eux sont détenus depuis janvier 2018, au motif qu’ils défendent leur territoire. En février, des parlementaires européens ont signalé que “de plus, les avocats et membres du Centre des Droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan ont été l’objet de diffamations (…) lorsqu’ils ont décidé de donner un suivi à cette affaire”.
En février, Obtilia Eugenio Manuel et Hilario Cornelio Castro, membres de l’Organisation des Peuples Indigènes Me´ Phaa (OPIM) ont disparu. La première fait également partie du Conseil des Autorités Communautaires d’Ayutla. Ils ont été retrouvés quatre jours après, présentant “des traces visibles de torture”.
Début décembre, la revue Proceso a par ailleurs dénoncé “le climat de harcèlement, les menaces et intimidations à l’égard du journalisme indépendant dans l’état du Guerrero”, citant en particulier le cas de son correspondant au Guerrero, harcelé sur les réseaux sociaux. En février, le journal El Sur a vu la directrice de ses bureaux à Mexico être menacée de mort.
En novembre, Tlachinollan a placé le Guerrero à la “première place en ce qui concerne les morts violentes de femmes avec présomption de féminicide”, avec au moins 213 femmes assassinées en 2018. Dans cet état, prévalent le déni, l’incompétence, l’absence de perspective de genre, le manque d’intérêt et de volonté politique pour garantir le droit des femmes à une vie sans violence. Aucune avancée notable n’a eu lieu malgré la déclaration d’Alerte de Violence de Genre dans 8 communes en 2017.
OAXACA: Encore beaucoup à faire
En novembre, des femmes ont bloqué l’entrée du Bureau du Procureur de l’état, pour dénoncer “le simulacre d’application de l’alerte de genre, sans que justice ne soit faite, et sans assistance aux victimes”. Selon l’organisation Consorcio, depuis le début du mandat du gouverneur Alejandro Murat Hinojosa 406 disparitions de femmes, 238 féminicides, 153 délits sexuels, 229 cas de violences conjugales et 47 suicides causés par des violences basées sur le genre ont été enregistrés, des cas qui s’ajoutent aux 30 affaires de violence politique liée au genre.
En décembre, sept journalistes de Oaxaca ont dénoncé avoir collectivement reçu une menace par la page Facebook du journal Noticias Voz e Imagen (Actualité Voix et Image). Ils se disent indignés par ce climat de violence qui met en danger leur travail, leur intégrité physique et celle de leurs familles. Plus de 70 plaintes ont été déposées par des professionnels de l’information sous le mandat du gouverneur Murat Hinojosa. Leurs revendications : que l’exercice de leur liberté d’expression et la liberté de la presse soient garanties, et que les affaires en cours de même nature soient résolues. L’association pour la liberté d’expression Artículo 19 a souligné que toutes les victimes “relaient des informations sur les dépenses publiques, des affaires politiques et de corruption”.
En décembre, les communautés et organisations plaignantes du “Procès Populaire Communautaire contre l’Etat et les Entreprises minières en Oaxaca” ont publiquement rendu leur verdict, qui recommande l’annulation des 322 concessions et des 41 projets miniers en cours dans l’état (voir Article).
En février les Rencontres en défense du Territoire, des Biens Communs et des Droits des peuples ont eu lieu à Santa María Atzompa. “Le gouvernement actuel ne répond pas aux besoins du peuples et des organisations sociales, au contraire il met en place des méga-projets qui sont source de pillage et une stratégie de prédation du territoire”, ont souligné les participants. Ils considèrent que bien que le nouveau gouvernement présente une vision de la nation aux côtés du peuple, les faits sont dans la continuité du projet néolibéral.
En février, COPUVO (la Coordination des Peuples Unis de la Vallée d’Ocotlán) a alerté sur les risques de violences à San José del Progreso, face à “l’autoritarisme et l’abus de pouvoir [du maire] Servando Díaz Vásquez, avec son entêtement de vouloir ouvrir par la force le bâtiment de la Mairie”. L’organisation affirme que “des groupes paramilitaires” pourraient intervenir pour freiner leur lutte contre le projet minier San José, de la compagnie Fortuna Silver Mines. La COPUVO occupe la mairie depuis 2009, année d’arrivée de Fortuna Silver Mines dans la communauté. L’organisation pour la Défense des Droits Humains du Peuple de Oaxaca a appelé les autorités et la population au dialogue pour résoudre le problème.