DOSSIER: Un projet de loi de Sécurité Intérieure polémique suite à 10 années de guerre contre le trafic de drogue
06/07/2017ACTIVITÉS du SIPAZ (De début février 2016 à mi-mai 2017)
06/07/2017“La lutte est un cercle : on peut commencer n’importe où, mais elle ne termine jamais.”
Du 12 au 15 avril, le Séminaire de réflexion critique “Les murs du capital, les brèches de la gauche” a eu lieu au Cideci-Unitierra (Université de la Terre) à San Cristóbal de las Casas, à l’initiative de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Les conférenciers étaient des Zapatistes, des intellectuels mexicains et étrangers, et des membres du Congrès National Indigène (CNI).
Les allocutions concernaient les failles et les manquements du système capitaliste néolibéral d’aujourd’hui et du futur. On a aussi abordé les résistances et possibilités ouvertes par la proposition de former un Conseil Indigène de Gouvernement et de désigner une candidate indigène pour les élections présidentielles de 2018 puisque, dans la situation actuelle, “nous n’avons pas d’autre option que de faire trembler la Terre jusqu’en son centre”, selon les affirmations du journaliste Gilberto López y Rivas.
Le premier jour, le Sous-Commandant Insurgé Moisés, porte-parole de l’EZLN, a expliqué que le monde capitaliste ressemble à une « finca » (exploitation agricole)¹: le gouvernement soumis au monde du capital, le “Patron”, rappelle l’esclavage dans la ferme avec son organisation Patron-Caporal-Majordome-Contremaître qui opprime les travailleurs-esclaves.
A propos des phénomènes migratoires actuels, il a souligné que, “les migrants n’ont pas pris la route parce qu’ils et elles en avaient envie, mais parce qu’il leur était impossible de rester dans leur finca, en l’occurrence leur pays”. Il a annoncé qu’en “puisque dans leurs poches elles n’ont pas trouvé d’euros, les communautés zapatistes ont décidé de travailler ensemble et rassemblé 3 915,5 kg de café torréfié pour l’envoyer à leurs frères et sœurs migrantes, pour qu’ils s’organisent eux-mêmes et décident comment transformer le café en résistance et en rébellion”. Il a précisé : “Nous autres d’en bas avons besoin de nous entraider, pour prouver que nous n’avons pas besoin de ceux qui nous apportent une aide sous conditions”, faisant référence aux programmes et cadeaux du gouvernement et des partis politiques.
Le Sous-Commandant Galeano a pour sa part appelé à s’organiser et lutter collectivement car “la tempête arrive et ce que l’on voit aujourd’hui n’en est même pas le point culminant ”, puisque “le pire est à venir et les individualités, aussi brillantes et compétentes qu’elles se sentent, ne pourront survivre qu’avec d’autres”. Il a ajouté que “le zapatisme en tant que système de pensée libertaire ne reconnaît pas le Río Bravo² et le Río Suchiate³ comme limites à son aspiration à la liberté”, puisque “la lutte contre le capital n’a pas de frontière”.
Faisant référence au contexte électoral imminent au Mexique, il a répété que “parmi toutes les options, notre position a toujours été claire : il n’y a pas de bon contremaître ; mais nous comprenons que certaines personnes, pour se consoler, distinguent les mauvais des pires. (…) Nous ne voulons pas choisir entre un patron cruel et un gentil : nous ne voulons pas de patron du tout”.
Il a ajouté : “Je vous conseillerais de profiter de ce que va faire le Congrès National Indigène (CNI) à partir du mois de mai. Nous espérons vraiment que le CNI assumera les fonctions pour lesquelles il a été élu et ne basculera pas dans la recherche de votes et de pouvoir, mais qu’il prêtera une oreille fraternelle à ceux et celles d’en bas. Qu’il soulagera leur douleur et leur solitude et les encouragera à s’organiser”. Il a déclaré “Approchez-vous en tant que frères et sœurs pour que, quand viendra le temps où personne ne saura où aller, ces originaires, ceux et celles qui aujourd’hui sont méprisés et humiliés, sachent où aller et où regarder, ils sauront quand et comment le faire. Ils sauront en somme répondre à la question la plus urgente et la plus importante à ce moment-là : Qu’est ce que nous allons faire ?”.
A la fin du Séminaire, le Sous-Commandant Insurgé Moisés a conclu “Vous avez entendu nos paroles. C’est maintenant à vous de choisir lesquelles vous sont utiles pour vous organiser, travailler, et lutter selon où vous vivez. (…) La seule chose qu’il nous reste à faire est de nous organiser et de jouer le tout pour le tout (…) Peuples d’en bas : organise-toi, lutte et travaille en résistance et rébellion”.
1 Après l’indépendance du Mexique, les “fincas”, exploitations agricoles de plusieurs hectares en général, appartenaient à de grands propriétaires terriens qui conservaient des relations de domination sur les indigènes. Plus d’informations sur les fincas au Chiapas :
– http://www.jornada.unam.mx/2002/08/19/oja64-chiapas.html
– http://www.sinembargo.mx/29-10-2012/412809
² Le fleuve río Bravo marque la frontière entre le sud des Etats-Unis et le nord du Mexique.
³ Le fleuve río Suchiate marque la frontière entre le Mexique et le Guatemala