DOSSIER : Détentions arbitraires – Pratique fréquente, douleur et injustice au Mexique
15/12/2023Activités du SIPAZ (De mi-août à mi-novembre 2023)
15/12/2023
Si l’on partait de ces premiers droits, peut-être que dans quelques années le recensement ne serait plus remis en question car la naissance d’une personne d’ascendance africaine serait, à partir de là, la ‘resignification’ de son identité et de sa vie
L a XXIVe Rencontre des peuples noirs, afro-mexicains et d’ascendance africaine s’est tenue en novembre à Tamiahua, Veracruz.
L’objectif de la réunion était « d’analyser les progrès et les défis de la représentation effective des Afro-Mexicains et de leur inclusion dans le recensement de la population ». Cet événement a été organisé par différentes organisations, parmi lesquelles México Negro A.C., Afro Tamiahua A.C., l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH), entre autres.
Des personnes originaires d’états tels que Oaxaca, Guerrero, Chiapas, Guanajuato, Veracruz, Morelos, État de Mexico, Coahuila, Baja California Sur et de pays comme le Brésil, l’Équateur, la Colombie, le Honduras, Cuba et les États-Unis, se sont rassemblées afin de nourrir l’espoir, de comprendre les défis et de concevoir des stratégies qui permettent l’avancement des peuples Noirs. Ce furent deux jours où l’art dans ses multiples expressions a permis de suivre un parcours historique, à travers différents échantillons de peinture, de danses typiques, d’artisanat et de livres. Une autre histoire a été racontée, dans laquelle les Afro-Mexicains sont des auteurs et des protagonistes. Garçons, filles et adolescents ont montré leur joie d’en apprendre davantage sur leurs racines.
La première journée de la réunion a commencé par un rituel afro-mexicain dédié aux personnes touchées par l’ouragan Otis à Guerrero. Ce fut un moment de réflexion, de gratitude et de joie qui s’est terminé par une offrande de fleurs lancées dans la lagune de Tamiahua, en signe de l’unité et du lien qui existent entre les Noirs dans toutes les régions du monde. Les couleurs, les sons et la musique ont ensuite inondé les rues de Tamiahua. Les voisins sont sortis de leurs maisons pour observer la marche et certains se sont joints à la manifestation. Les tambours ont accompagné l’hymne afro-mexicain.
Le 14 mars 1997, la première réunion de noirs au Mexique s’est tenue au Oaxaca. Pendant 5 jours, des personnes de différents états ont partagé la réalité qu’ils vivaient dans leurs communautés et ont vu l’importance de se rencontrer, de parler, de rire, de planifier et de rêver ensemble d’une réalité différente pour les Noirs. Depuis lors, chaque année (sauf pendant la pandémie), ils se réunissent pour constater les progrès et les défis, continuer à construire des agendas collectifs et soutenir les processus qui se développent dans les différents états. Comme le mentionne l’hymne afromexicain : « Nous, les afro-descendants, sommes discriminés et nous ne sommes pas écoutés, ces deux dirigeants qui nous ont donné notre patrie, les afro-descendants Morelos et Guerrero, ils se sont battus pour nous donner notre liberté, dont nous devons maintenant en profiter » (Catalina Rosaelia Peñaloza).
À Tamiahua, l’historien Gabriel C. Reyes était l’un des intervenants invités. Il a partagé le thème de la visibilité des peuples afro-mexicains, en parlant de l’importance et de l’évolution qu’ils ont eues au cours de l’histoire, en soulignant également le racisme et l’abandon institutionnel auxquels ils ont été confrontés pendant de nombreuses années : « Aujourd’hui, les choses changent et ce sont les mêmes peuples Noirs qui se chargent de leur donner la place et la reconnaissance qu’ils n’ont jamais eues », a-t-il remarqué.
« Nous avons parlé un peu de l’identité qui nous vient de nos frères, arrivés d’Afrique, venant de Java, de Guinée, de Mandingue, d’Angola. Après un voyage dans des conditions très difficiles sur des navires maritimes, en passant par les côtes de Carlobento et du Mer des Caraïbes, ils sont arrivés à Tamiahua au début de la conquête pour renforcer les centres de population côtiers de Tampamachoco et Tamyamja. Ici, ils étaient libres et sont venus pour avoir leurs propres villages avec des pêcheries et quelques autres sont allés travailler dans les champs de canne à sucre et les moulins à sucre, propriétés des éleveurs de bétail des montagnes », a-t-il expliqué.
Selon Reyes, rappelant la légende orale transmise de génération en génération, de nombreux ancêtres esclaves des peuples afro-mexicains provenaient des régions aujourd’hui connues sous le nom d’Afrique équatoriale et de Sierra Leone. « Voilà l’histoire des noirs de Tamiahua, la Toujours Belle, une ville où, par coutume, on nous q appris à aimer les gens sans faire de distinctions en fonction de la couleur de leur peau », a-t-il conclu.
Différentes tables thématiques ont également été organisées : 1) la représentation effective et les pleins droits du peuple afro-mexicain ; construire l’agenda législatif 2024 ; 2) Jeunesse – Afroactivisme, leadership national, défis et opportunités ; 3) Femmes – droits politiques et électoraux des femmes afro-mexicaines ; 4) Recensement 2020 – résultats et problèmes, en route vers le recensement intercensitaire de 2025 ; 5) Droits et défis de la communauté afro-mexicaine LGBTIQ+ ; et 6) Le dialogue international, l’action positive et le problème de l’appropriation identitaire des peuples et communautés afro-mexicains, une représentation efficace comme garantie de politiques publiques légitimes.
Sergio Peñaloza, premier représentant fédéral afro-mexicain, a partagé l’importance de la représentation dans les espaces d’incidence. C’est une voie qui s’ouvre pour gérer des processus de progrès qui contribuent au développement des capacités du peuple afro-mexicain, a-t-il exprimé. C’est un défi qui commence par la reconnaissance de sa propre identité, l’acceptation de l’héritage ancestral et la force de créer et de promouvoir des processus de revendication. De même, il a remercié le soutien qu’il a reçu au cours de son administration et a réaffirmé son engagement envers les causes de la communauté afro-mexicaine.
Les participants internationaux ont partagé les problèmes vécus par les noirs en Amérique latine et dans les Caraïbes. Parmi les principaux, citons : le racisme structurel, la paupérisation, le manque d’accès à des droits tels que la santé et l’éducation, la dépossession qui conduit à des déplacements forcés, le fait que les communautés d’ascendance africaine sont situées dans des territoires caractérisés par leur richesse en ressources naturelles ce qui les convertit en objectif de différentes entreprises nationales et internationales. Le rôle des enfants et des jeunes en tant qu’acteurs principaux dans les processus de transformation a également été souligné, considérant qu’ils ne représentent pas l’avenir, mais le présent des personnes noires.
Le dernier jour, un atelier de coiffure a eu lieu, chargé d’un élément historique, où les gens, en plus de changer l’apparence de leurs cheveux, ont pu découvrir certaines techniques qui faisaient que les tresses étaient un élément fondamental pour indiquer le chemin des peuples vers la liberté. En effet, à travers celles-ci, des voies d’évacuation étaient indiquées et les graines utilisées pouvaient être plantées en arrivant à destination. Pour beaucoup de ceux qui ont participé à cet événement, il était important de connaître les processus que les personnes d’ascendance africaine vivent dans différentes parties du monde. C’était aussi un espace de joie, une opportunité pour savourer des plats typiques, se retrouver, s’embrasser avec leur âme et avec leurs regards, en se rappelant que sur le chemin ils ne sont pas seuls, que la lutte continue et que des progrès très significatifs ont été réalisés.
Finalement, ils se sont dit au revoir au milieu de danses typiques des différentes régions et le lieu de la prochaine réunion a été défini : ce sera à Temixco, Morelos.