DOSSIER : Les municipalités autonomes au Chiapas, la pierre dans la chaussure du gouvernement mexicain
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29/12/1998DOSSIER III : Désastre dans le sud du Chiapas
Au cours de la première semaine de septembre, le sud du Chiapas, principalement les zones Costa et Fraylesca, a fait l’objet d’un désastre consécutif à six jours de pluies incessantes. Ces pluies ont causé des inondations et des éboulements qui ont détruit des routes, des ponts, des maisons et des communautés entières. Dans un document confidentiel du 15 septembre, le gouvernement estimait le nombre des morts à plus de 400, à 850 le nombre de disparus et à plus de cent mille le nombre de sinistrés. Selon ce document, 44 municipalités et 616 communautés avaient été touchées, parmi lesquelles 350 sont restées isolées durant plus de 10 jours.
Quelques ONG qui apportent un soutien à la région donnent des chiffres plus élevés que les chiffres officiels soit des milliers de disparus et jusqu’à 1 200 000 sinistrés. Le médecin Salvador Perés López – de Huixtla – qui travaillait dans la zone sinistrée, nous a affirmé: « Le gouvernement manipule les chiffres. Il parlait le 9 octobre de 290 morts, mais c’est un mensonge. Ils doivent être plus de mille ».
La zones sinistrée représente plus de 20 000 km2, avec presque mille kilomètres de routes impraticables et des dizaines de ponts détruits. La région se situe loin de la zone de conflit bien qu’elle comprenne une partie de la municipalité autonome zapatiste «Terre et Liberté».
Les violentes pluies de la fin septembre ont détruit à nouveau des parties de l’infrastructure provisoirement rétablies. Selon Perés López: « En quelques endroits, on a dû réparer les ponts trois ou quatre fois ». Selon les autorités, la reconstruction des dommages subis devrait durer au moins jusqu’au printemps 1999.
Plus de 8 000 militaires ont été mobilisés pour venir en aide aux personnes isolées par les eaux, installer des abris, distribuer des vivres et des médicaments aux survivants et réparer provisoirement les dommages. La ‘société civile’ s’est généreusement mobilisée de sa propre initiative pour aider les sinistrés. Cependant, cinq semaines après l’arrêt des pluies, des dizaines de communautés étaient encore isolées sans avoir reçu aucune aide. Salvador Perés López nous a dit le 10 octobre : « Dans la seule municipalité de Motozintla, il y a encore 20 ou 30 communautés isolées. Les gens doivent marcher quatre à huit heures pour obtenir des vivres. Malgré cela, l’aide gouvernementale par voie aérienne est déjà dans sa phase terminale et l’armée se retire ».
Selon le communiqué du sous-commandant Marcos daté du 15 septembre, l’EZLN a envoyé « une partie de son fond de guerre pour contribuer à soulager les conditions difficiles » dans la zone affectée. Il existe dans cette région une forte présence de sympathisants des partis d’opposition du PAN et du PRD. Ces partis, avec quelques ONG, des organismes des droits humains et l’EZLN ont dénoncé une série d’incidents selon lesquels l’aide apportée par le gouvernement aurait été distribuée en contrepartie d’achat de votes ou aurait bénéficié aux seuls militants du PRI. Lors d’un de ses nombreux voyages dans la zone sinistrée, le président Zedillo a condamné cette supposée utilisation politique de l’aide humanitaire. Mais, d’un autre côté, il a exprimé des doutes concernant le travail humanitaire de la Croix Rouge Mexicaine et de la ‘société civile »: « Je n’ai pas vu un seul kilo d’aide pouvant être directement distribuée » a-t-il dit, commentaire qui fut fortement critiqué par cette même Croix Rouge et par les ONG.