ACTUALITE : Mexique – des perceptions et des contrastes
25/03/2020ARTICLE : 25 ans des Brigades Civiles d’Observation au Chiapas – “Quand la solidarité se manifeste”
25/03/2020Au début du XVIème siècle, l’espagnol Hernán Cortés cherche lors de plusieurs expéditions la meilleure façon d’acheminer les marchandises et matières premières vers l’Espagne. Le roi Charles Quint ordonne que les trois zones les plus étroites du continent soient explorées : le Darién, le Nicaragua et l’Isthme de Tehuantepec[1]. Au niveau de ce dernier, aucune voie fluviale ne permet le passage des navires d’un océan à l’autre.
L’intérêt des Etats-Unis pour l’Isthme
Au milieu du XIXème siècle, l’Isthme de Tehuantepec éveille les intérêts des Etats-Unis : c’est un passage potentiel pour les marchandises. Le pays tente plusieurs fois de se l’approprier. La première en 1850 avec le Traité de Tehuantepec, par lequel le gouvernement mexicain garantissait à la Tehuantepec Railway Company les conditions pour son projet de voie ferrée à travers l’Isthme. La protection des entrepreneurs et des employés de la compagnie revenait au Mexique pendant la construction. L’accord fut toutefois annulé 2 ans plus tard, et les techniciens chargés de l’étude de reconnaissance contraints de quitter le pays.
A force de pressions la “Louisiana Tehuantepec Company” obtint en 1857 le permis de construire une voie de communication dans l’Isthme, mais le gouvernement mexicain garda la main sur les ports de commerce du Golfe du Mexique et du Pacifique. Deux ans plus tard, le traité McLane-Ocampo fut signé à Veracruz. Moyennant 4 millions de dollars, le Mexique concédait aux Etats-Unis un droit de passage dans l’Isthme à perpétuité, acceptait leur présence militaire, et s’engageait à n’accorder à aucun autre pays de tels privilèges. Malgré l’annulation du traité par les Etats-Unis un an après, les concessions octroyées pour construire la route interocéanique resteront en vigueur jusqu’en octobre 1866.
Le réseau ferroviaire sous Porfirio Díaz
Visant la prospérité économique du pays, Porfirio Díaz (1876-1911) accorda une multitude de concessions à des entrepreneurs européens, afin de contrer les tentatives d’intimidations des Etats-Unis. Weetman Pearson, de l’entreprise londonienne Pearson and Sons, fut par exemple employé pour construire le Puerto México (aujourd’hui Coatzacoalcos) et la voie ferrée reliant Veracruz à Mexico. Il participa également à la rénovation de la voie ferrée, dont les travaux, commencés en 1859, furent achevés en 1907.
Une période de crise suivit l’essor économique lié à la politique extérieure de Díaz (mais dont le peuple mexicain ne profita aucunement). L’ouverture du Canal de Panamá en 1914 qui “accapara une grande partie du transport passant auparavant par l’Isthme”[2] en fut l’une des causes, l’Isthme comme zone de passage entre les 2 océans perdant de son intérêt.
La relance du projet transocéanique
Durant la présidence de Gustavo Díaz Ordaz (1964-1970), la remise en fonction des voies ferrées de l’Isthme de Tehuantepec avait été évoquée. Ce n’est pourtant que sous le gouvernement d’Ernesto Zedillo (1994-2000) que le projet se concrétisa. Alors qu’un élargissement du Canal de Panamá était discuté, Zedillo lança le Programme Intégral de Développement Economique de l’Isthme de Tehuantepec, qui prévoyait le développement de 11 zones. Le Corridor de Transport Interocéanique de Salina Cruz (Oaxaca) à Coatzacoalcos (Veracruz) en faisait partie. Il devait permettre à la région d’accéder au commerce international.
Son successeur Vicente Fox (2000-2006) présenta le Plan Puebla-Panamá, signé en mars 2001 et qui concernait les états de Puebla, Veracruz, Tabasco, Campeche, Yucatán, Quintana Roo, Guerrero, Oaxaca et Chiapas au Mexique, ainsi que le Guatemala, le Belize, le Honduras, le Salvador, le Costa Rica et le Panamá. L’objectif affiché était d’améliorer les infrastructures de la région en construisant et rénovant les routes, voies ferrées, aéroports, ports, barrages hydroélectriques et installations pétrolières. Il visait la création d’emplois grâce à l’installation de petites industries et la promotion de l’articulation de projets et de stratégies communes de développement entre le sud-est du Mexique et les pays d’Amérique Centrale.
En 2007, sous le mandat de Felipe Calderón (2006-2012), le Système Logistique de l’Isthme de Tehuantepec fut lancé. Son objectif était la réalisation d’un réseau multimodal de transport fonctionnant en complément du Canal de Panamá grâce à la modernisation des routes, des voies ferrées et des ports situés dans l’Isthme.
Aucun de ces trois projets ne connut finalement la réussite espérée, pour différentes raisons, dont des conditions économiques défavorables et la résistance indigène dans l’Isthme. Ces 35 dernières années, la revue Milenio évalue en effet à plus de 15 milliards de dollars les pertes dues aux actions contre l’installation de projets dans la région, qu’elle considère être un “cimetière pour les projets”.
Le projet prit encore plus d’ampleur avec Enrique Peña Nieto (2012-2018) et son Plan Isthme Porte de l’Amérique. L’entreprise ne concernait plus uniquement le transport de marchandises, mais aussi la transformation sur place de matières premières pour l’exportation. En 2016, le président présentait les Zones Economiques Spéciales (ZEE) censées réduire la pauvreté grâce à l’industrialisation, en permettant l’accès aux services de bases.
Sept zones furent déclarées Zones Economiques Spéciales dans plusieurs états du pays : Lázaro Cárdenas-La Unión (Michoacán et Guerrero), Coatzacoalcos (Veracruz), Salina Cruz (Oaxaca), Puerto Chiapas (Chiapas), Progreso (Yucatán), Seybaplaya (Campeche) et Dos Bocas (Tabasco). Ces ZEE impliquaient la création d’un corridor industriel reliant les côtes pacifique et du Golfe du Mexique. Le projet Isthme de Tehuantepec fut la première étape, pour laquelle la Chambre des députés débloqua 100 millions de pesos en 2018.
En avril 2019, le nouveau président mexicain, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), annonça la “disparition” des ZEE, considérant qu’elles n’avaient pas rempli leur rôle. Il justifia sa décision : “C’était soi-disant pour aider, mais ils n’ont rien fait pour aider ; ils ont fait du commerce, acheté des terrains et gaspillé des ressources”. Il a expliqué que son administration prioriserait les projets de développement régional comme le Train Maya, la raffinerie Dos Bocas et le Corridor Transisthmique.
Le Projet Transisthmique aujourd’hui
Le 14 juin 2019, cinq siècles après Charles Quint, un décret lançait le Programme pour le Développement de l’Isthme de Tehuantepec, initié par le gouvernement d’AMLO. L’axe central en sera le Corridor Multimodal Interocéanique qui permettra aux marchandises de passer d’un océan à l’autre en traversant l’Isthme. Le Programme comprendra le développement de différents moyens de transport ainsi que celui de l’industrie de la région, afin d’être compétitif sur les marchés mondiaux de transport de marchandises.
Dans une lettre adressée au président états-unien à l’été 2018, AMLO évoque son projet pour la première fois : “Un corridor économique et commercial sera construit dans l’Isthme de Tehuantepec. […] Il s’agit d’un corridor de 300 kilomètres où une ligne de chemin de fer sera construite pour le transport de conteneurs. Ce projet consiste à profiter de la situation stratégique de cette bande du territoire national pour relier le Pacifique à l’Atlantique, et par là faciliter le transport de marchandises entre les pays d’Asie et la côté est des Etats-Unis.”
Rafael Marín Mollinedo, anciennement responsable des Zones Economiques Spéciales, a été nommé Directeur Général du projet transisthmique. Il considère le développement de l’Isthme de Tehuantepec comme “une tâche urgente”, en raison de son “retard économique et de sa marginalisation sociale”.
L’avenir de l’Isthme selon le gouvernement
Le 23 décembre 2018, le projet fut officiellement présenté durant une visite de travail du président de la République à Oaxaca. Il y a affirmé que l’un des objectifs principaux était l’impulsion d’un nouveau modèle de croissance économique, la protection de la biodiversité, de l’eau, du sol et de l’air, ainsi que le renforcement de la culture et de l’identité régionale des peuples originaires.
Selon le gouvernement, le Corridor Interocéanique sera la “colonne vertébrale” du Programme pour le Développement de l’Isthme. Dans un premier temps, le projet s’appuiera sur ce qui existe déjà : la ligne ferroviaire de 304 km reliant les ports de Salina Cruz (Oaxaca) et Coatzacoalcos (Veracruz) sera modernisée, et certains virages et pentes rectifiés afin d’augmenter la vitesse de 40 à 60-80 km/h. Ces travaux prendront 3 ans. Il est aussi prévu d’agrandir les ports sur les 2 côtes, pour permettre l’accostage de cargos. La construction d’une nouvelle autoroute le long du corridor est également envisagée, ainsi que la modernisation de routes, dont la MEX-185.
En matière d’industrie, la réhabilitation des raffineries de Minatitlán et de Salina Cruz devrait permettre d’augmenter la production des dérivés du pétrole. L’oléoduc de 220 km transportant le gaz naturel, régulièrement entretenu, alimentera les industries et les communautés de la région. Pour garantir la fourniture d’énergie électrique et des moyens de communications aux communautés de l’Isthme et aux industries qui s’y installent, des centrales éoliennes (incluant 5 sous-stations électriques) seront construites, et la fibre optique installée. Il a également été annoncé qu’en 2020 l’Isthme de Tehuantepec sera déclaré zone franche, ce qui signifie une baisse d’impôts pour les entreprises du territoire et des aides fiscales pour attirer les investissements créateurs d’emploi.
Mollinedo décrit le Corridor Interocéanique comme “le fer de lance” de plusieurs autres projets alentour, dont six zones industrielles. Les matières premières y seront transformées dans l’objectif de générer de la valeur ajoutée et de consolider l’économie. Alejandro Murat, gouverneur de l’état de Oaxaca, a de son côté déclaré “que ce projet représente pour Oaxaca et le sud-est du Mexique le Traité de Libre Commerce à son époque. […] Oaxaca est en fête”.
Fixer la population
Pour Rafael Marín Mollinedo, le retard économique et la pauvreté dans l’Isthme sont dus aux faibles investissements publics et privés, qui continuent de baisser, et à la fragilité des marchés locaux et des structures économiques, peu diversifiées. La modernisation et la construction d’infrastructures physiques et digitales devraient attirer les investissements privés, ce qui permettra à l’Etat d’“orienter l’économie vers l’amélioration des conditions de vie ” de la population. Mollinedo affirme que le projet bénéficiera avant tout aux groupes les plus vulnérables et les moins favorisés de la population.
Comme évoqué par AMLO dans sa lettre à Donald Trump, l’un des objectifs est la création d’emplois afin de fixer la population dans la région et éviter “que les jeunes de la région continuent d’émigrer vers le nord à la recherche de travail”. Précisons que la zone franche de l’Isthme de Tehuantepec correspond à la zone de contention définie dans le Programme Frontière Sud pour contrôler la migration. Le Plan National de Développement du gouvernement en place vise à ce que “les projets régionaux de développement fonctionnent comme des “filets” pour capter le flux migratoire vers le nord”.
En termes logistiques, il est beaucoup plus rapide d’acheminer des marchandises par la route interocéanique de l’Isthme de Tehuantepec que par le Canal de Panamá, où on compte environ 10 jours d’attente. “Le Canal de Panamá est saturé, cela peut donc être une soupape pour la demande à laquelle le Canal de Panamá ne peut répondre”, a commenté Mollinedo.
Le Corridor et les projets associés
Le Corridor Transisthmique est étroitement lié au Train Maya et à la raffinerie Dos Bocas. Ces trois grands projets du gouvernement d’AMLO pour le sud du pays ont été pensés pour s’articuler.
Les travaux de la raffinerie de Dos Bocas, dans l’état de Tabasco, s’achèveront en 2022. 84% des réserves de pétrole du pays se trouvent dans cette zone. Le Train Maya traversera la péninsule du Yucatán de Cancún à Palenque, servant d’attraction touristique le jour et de train de marchandises la nuit. Ensemble, les 3 mégaprojets allient l’industrie extractiviste, la marchandisation des ressources et l’exportation vers les marchés d’Asie, d’Europe et des Etats-Unis.
Le Collectif Geocomunes révèle que les entreprises installées dans la zone franche de l’Isthme de Tehuantepec “contrôleront le droit de passage ” sur leurs territoires ce qui leur permettra “de restreindre les déplacements des personnes en fonction de leurs intérêts”. Selon Geocomunes cela signifie que “cet espace marquerait le seuil de la Nouvelle Frontière sud”.
Des consultations indigènes discutées
Quand le projet fut annoncé, Rafael Marín Mollinedo assura que le respect de l’opinion des communautés et des peuples indigènes de l’Isthme serait l’un des critères de base. Il s’est alors engagé à “ne rien faire sans consultation” mais a également affirmé qu’il était sûr “que les gens seront en faveur de ce projet”.
En novembre 2018, une première consultation citoyenne avait déjà eu lieu. Environ 946.000 Mexicain.es de tout le pays ont donné leur avis sur 10 projets du nouveau gouvernement : le train de Tehuantepec a reçu 90% de votes favorables.
La Consultation des peuples originaires de l’Isthme s’est déroulée les 30 et 31 mars 2019. Fin avril, AMLO soutenait “la consultation a eu lieu et les gens sont pour le projet transisthmique ; parce que les gens veulent qu’il y ait du travail et de meilleures conditions de vie”. Il a déclaré que 3 397 personnes y avaient participé (plus d’un million d’Indigènes vivent dans la région de l’Isthme). Les militants et défenseur-es communautaires ont critiqué le fait que seuls quelques représentants des communautés aient été invités. De plus la majorité des présents ont dû donner leur avis sous pression : ils risquaient de voir leurs demandes (travaux et autres besoins de la communauté) refusées s’ils n’approuvaient pas préalablement le projet de voie ferrée.[3]
“Aucun mégaprojet ne peut être approuvé sans avoir été discuté en assemblée, sans savoir quels en seront les impacts positifs et négatifs”, a prévenu Carlos Beas, conseiller d’UCIZONI (Union des Communautés de la Zone Nord de l’Isthme). Il a ajouté « il n’existe aucune information concrète à propos du mégaprojet de l’Isthme” et considère grave que “les populations consultées résident à 80 km du projet, mais celles vivant au bord de la voie ferrée n’ont pas été consultées”.
Du 19 au 30 août dernier le gouvernement fédéral a organisé des réunions, menées par le Bureau du Procureur Agraire et Rafael Marín Mollinedo, dans 31 ejidos situés sur le passage du train qui traversera l’Isthme. Pendant ces réunions, les habitant.es ont été informé.es sur le mégaprojet et ses impacts en à peine 15 minutes. La responsable d’UCIZONI, Juana Ramírez Villegas, a dénoncé le fait que l’information donnée aux personnes concernées était “vague et d’ordre général”.
L’Isthme de Tehuantepec est une zone de forte organisation communautaire en défense de la terre et du territoire ; en effet, outre le Corridor Transisthmique, la région compte 47 000 hectares de concessions minières et 28 parcs éoliens. UCIZONI, l’une des nombreuses associations s’opposant au mégaprojet, réunit aujourd’hui 84 communautés et quartiers de 9 localités de l’état de Oaxaca situées dans l’Isthme.
Le Congrès National Indigène (CNI) et l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) ont récusé la consultation dès le lendemain, la considérant comme “un simulacre pour imposer le mégaprojet de mort”. Par la campagne “L’Isthme est à nous” les peuples indigènes de l’Isthme ont exprimé leur “refus catégorique” du mégaprojet par le biais d’une déclaration en avril 2019.
Le mégaprojet affectera 80 communes de l’Isthme (49 dans l’état de Oaxaca et 31 à Veracruz), la plupart habitées par des indigènes chontales, huaves, mixes, zapotèques, zoques, nahuas et popolucas. Soulignons également que l’Isthme de Tehuantepec est l’une des régions du Mexique et du monde qui abrite encore entre 30% et 40% de la biodiversité totale de la planète. Elle fournit 40% de l’eau du pays et renferme les trois types de forêts tropicales du territoire (feuillue, sub-humide et humide). Cette grande richesse rend importantes la réalisation et la présentation d’études d’impact environnemental du Corridor.
Après la consultation indigène, AMLO a accusé ses adversaires de « vouloir continuer à voler, c’est ce qu’ils veulent et c’est pour cela qu’ils ne veulent pas que nous réussissions, mais ils n’y arriverons pas”. Des défenseurs de l’environnement et des Droits humains ont dénoncé que leur travail soit ainsi discrédité car ils sont décrits comme “conservateurs” opposés au “progrès”, ce qui peut les exposer à des risques plus importants. “Ils font face à des attaques systématiques, comme la criminalisation, la diffamation, le harcèlement, les arrestations arbitraires et les assassinats”, alerte le Consortium pour le dialogue parlementaire et l’équité, une association féministe de Oaxaca.
Quel futur ?
Les membres d’UCIZONI ont souligné que les consultations organisées en mars et août 2019 ne respectent pas les standards établis dans la Convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), selon laquelle les consultations doivent être organisées de façon préalable, libre et éclairée en respectant les cultures indigènes. En janvier 2020, UCIZONI a déposé une plainte devant la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) pour violation des droits des peuples indigènes. Dagoberto Toribio, son président, a indiqué que “l’information était insuffisante et biaisée, elle n’a pas été préalable et elle n’a pas été libre puisque l’acceptation du mégaprojet Corridor transisthmique conditionnait l’accès aux programmes sociaux”.
Ils ont demandé au Ministère de l’Environnement et des Ressources Naturelles qu’une autre consultation publique sur l’impact écologique de la modernisation de la voie ferrée soit réalisée. Lors du forum “Nature, Droits indigènes et souveraineté nationale dans l’Isthme de Tehuantepec” organisé le 11 février dernier, le Ministre, Víctor Manuel Toledo, a déclaré que même si le gouvernement considère le “respect de la richesse bioculturelle” comme important, “les trains avanceront”.
Remarques :
[1] Amauri Vierira Orozco, Corredor Transístmico de Tehuantepec como alternativa al Canal de Panamá (2018)
[2] Teresa de Jesús Portador García, Claroscuros en el futuro energético de América Latina: el corredor eólico en el Istmo oaxaqueño (2009)
[3] La Jornada, Les ONG récusent les consultations sur le corridor transisthmique et le mégaprojet éolien (15/07/2019)
Sources :
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- El Tren Maya. Un nuevo proyecto de articulación territorial en la Península de Yucatán
- Tren Maya como nueva infraestructura de articulación de los capitales agroindustriales y turísticos inmobiliarios en la península
- DECRETO por el que se crea el Corredor Interoceánico del Istmo de Tehuantepec.
- PLAN Nacional de Desarrollo 2019-2024.
- Palabras del Lic. Rafael Marín Mollinedo, en la Presentación del Programa para el Desarrollo del Istmo de Tehuantepec
- Programa para el Desarrollo del Istmo de Tehuantepec (PDIT)
- Animal Político: AMLO anuncia inversión de 8 mil mdp para el proyecto del Istmo de Tehuantepec; obras iniciarán en 2019
- Istmopress: El Corredor Transístmico, la historia inconclusa
- Sinembargo: Somos los dueños de la tierra y del Corredor Transístmico ni nos informan, dicen en Juchitán
- Razon.com: Historia del Corredor Transístmico
- Poresto.net: Zedillo privatizó sistema ferroviario de México
- La Jornada: El Istmo es nuestro
- La Jornada: Corredor transístmico
- Newsweek México: Corredor Transístmico: a recuperar el auge económico
- Plumasatomicas: A pregunta de la consulta de Corredor Transístmico, AMLO responde: ‘la verdad es de Cristo’
- Somoselmedio: Consulta del proyecto Corredor Transístmico, una simulación: EZLN
- Desinformemonos: Consultas para aprobar Corredor Transístmico han sido “amañadas”: UCIZONI
- Informador: Corredor Transístmico, sometido a consulta: López Obrador
- Animal Político: “Se les fue”: AMLO dice que ya consultó a indígenas sobre corredor transístmico; dará resultados mañana
- La Jornada: Rechazan ONG consultas sobre corredor transístmico y megaproyecto eólico
- La Coperacha: Planean en el Istmo 6 parques industriales y zona libre; hay respaldo de comunidades, según Gobierno Federal
- Amauri Vierira Orozco: Corredor Transístmico de Tehuantepec como alternativa al Canal de Panamá
- La Jornada Veracruz: Zonas Económicas Especiales
- Expansión: Esta es la carta completa que envió López Obrador a Trump
- Teresa de Jesús Portador García: Claroscuros en el futuro energético de América Latina: el corredor eólico en el Istmo oaxaqueño
- El Economista: AMLO pone fin a Zonas Económicas Especiales
- La Jornada Maya: El Corredor Transístmico viola derechos de indígenas, acusa Ucizoni
- El Universal: Pueblos indígenas de Oaxaca denuncia “consultas de 15 minutos” sobre Tren Transístmico
- El Universal: Pueblos presentan queja ante CNDH por consulta sobre Proyecto Transístmico
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