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15/06/2021ARTÍCLE : 8M – Faire face au « virus » de la violence contre les femmes au Mexique
15/06/2021“Environ deux milliards de personnes vivent dans des pays touchés par des conflits, des violences ou des situations de fragilité ; parmi celles-ci, plus d’un tiers sont des jeunes entre 15 et 24 ans”
S elon le rapport Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse (2020), le monde abrite la plus grande génération de jeunes de l’Histoire avec 1,8 milliard de personnes, dont environ 90 % vivent dans des pays en voie de développement. Au Mexique, il y a 30,7 millions de jeunes, soit 24,6% de la population totale.
Dans le cadre du projet Jeunesse, Paix et Sécurité du Partenariat Mondial pour la Prévention des Conflits Armés (GPPAC), le Service International pour la Paix (SIPAZ), l’Initiative Whitaker pour la Paix et le Développement (WPDI) et la Commission de Soutien de l’unité et la Réconciliation Communautaire (CORECO) ont réalisé une série de questionnaires destinés à des jeunes du Mexique, des États-Unis et du Canada, dont l’objectif était de connaître leur perception de la violence, des conflits et de la paix.
Les résultats ne sont pas représentatifs de toute la jeunesse de la région. Cependant, ils nous ont permis d’approfondir notre réflexion sur le sujet et de croiser cette information avec la situation sanitaire actuelle. Les réponses aux questionnaires ont été réalisées en ligne par 93 jeunes entre 16 et 36 ans, au cours du premier semestre 2021. Pour des raisons pratiques et méthodologiques, cet article se concentre sur les réponses de la jeunesse mexicaine, du Nuevo León au Chiapas. Ce texte n’est qu’une première approche des expériences et perspectives des jeunes sur la situation actuelle du pays, l’état de leurs conditions de vie et leur perception des possibilités de construire des alternatives en faveur de leur bien-être et de la paix.
Que signifie être jeune ?
Les Nations Unies (ONU) définissent les jeunes comme des personnes ayant entre 15 et 24 ans. Au Mexique, la tranche d’âge va de 15 à 29 ans selon l’Institut Mexicain de la Jeunesse (Imjuve). Cependant, la notion de jeunesse est nuancée en fonction de facteurs socioculturels, institutionnels, économiques et politiques variables selon le pays, et, y compris, d’une région à l’autre. Au Mexique, par exemple, pour construire cette définition, il faut considérer tous les espaces occupés par cette tranche d’age: éducation, emploi, culture et politique. Leurs capacités, leurs opportunités, mais aussi leurs besoins et les violations des droits de l’’Homme auxquels ils font face doivent être identifiés. Pour cette raison, chercher à limiter toutes les complexités liées au fait d’être jeune dans un concept défini uniquement par l’âge nous maintient dans une lecture linéaire où la jeunesse est réduite à une étape de transition, « le passage d’une condition d’enfants à adultes », une « période de vie fragile et temporaire”.
L’Imjuve parle de la jeunesse comme du moment de la vie où une personne commence à établir son identité à partir de différentes formes de comportement, un moment de projection dans le futur, de création d’attentes et de rêves. Cependant, les actions que les gouvernements et la société conçoivent et mettent en place pour le bien-être des jeunes restent souvent contradictoires: un discours qui parle de centralité et de l’importance de ce secteur d’une part; peu d’efforts et de ressources en faveur de leur développement d’une autre. Cette contradiction contribue à entraver l’accès des jeunes à leurs droits humains fondamentaux.
Bien que de nombreux jeunes interrogés s’alignent sur la conceptualisation de la jeunesse basée sur le critère de l’âge, ainsi que sur la « possibilité ou potentiel d’action dans le futur », nombre d’entre eux s’identifient comme des sujets actifs, participatifs et avec des capacités leur permettant d’influencer positivement leur environnement.
Jeunesse et violence
Selon l’article d’Animal Político « La réalité des jeunes au Mexique : pauvreté, discrimination et non-respect de leurs droits », publié en 2018, au Mexique, les situations de violence qui affectent les jeunes sont principalement la discrimination, le manque d’accès à des droits humains fondamentaux et la pauvreté. Cependant, les jeunes qui ont participé au questionnaire perçoivent l’insécurité et la délinquance comme les principales formes de violence qui affectent leur vie quotidienne.
1) Insécurité et criminalité
Les jeunes interrogés ont identifié les vols, les agressions physiques, les enlèvements et les meurtres comme les formes de violence les plus courantes dans leur environnement. L’insécurité généralisée a été décrite comme leur plus grand risque. Une écrasante majorité a exprimé avoir « peur » de sortir pour effectuer des activités quotidiennes comme aller à l’école, travailler ou profiter des espaces publics. La rue a été identifiée comme l’un des espaces les plus dangereux, tandis que la criminalité de droit commun et le crime organisé ont été identifiés comme les principaux auteurs à l’origine de ces violences.
Les diverses expressions de la violence sexiste ont également figuré en bonne place dans les réponses. Les participants, hommes et femmes, se sont dit préoccupés par l’incidence élevée du harcèlement dans la rue et le risque d’être agressés. En particulier, les femmes ont affirmé ne pas se sentir en sécurité pendant tout le temps qu’elles passent dans les espaces publics et les transports. La peur de « sortir et qu’il m’arrive quelque chose » ou la possibilité de « sortir seule et de ne pas revenir chez moi» sont apparues à plusieurs reprises parmi les réponses.
2) Discrimination
Selon l’article « Jeunes mexicains : violence structurelle et criminalisation » (Urteaga et Moreno, 2020), la discrimination à laquelle sont confrontés les jeunes en raison de leur âge les désavantage pour s’intégrer dans la vie professionnelle et participer politiquement. Ceci est lié à la « subordination des jeunes » dans l’imaginaire social qui attribue à la jeunesse une perception essentiellement d’irresponsabilité, de manque d’ambition et d’engagement. Ceci favorise « des pratiques discriminatoires systématiques qui excluent cette frange de la population et la placent dans une situation de grande vulnérabilité ».
Les questionnaires reflètent clairement ce type d’exclusion. Les participant.e.s ont affirmé être confrontés à diverses formes de discrimination en fonction de leur âge directement liées à la perception de manque de capacités ou d’irresponsabilité. Des expressions que les adultes pensent : « tu ne peux pas », « on ne te prend pas au sérieux », « ils pensent que tu es stupide » et « ils ne te font pas confiance » reviennent à plusieurs reprises. Certains ont également exprimé que comme jeunes, ils ne sont pas écoutés ou pris au sérieux dans le cadre de leur travail : « ils ne me laissent pas participer et c’est comme si ce que je dis n’avait aucune valeur », « il n’y a pas d’emplois bien rémunérés”, “au travail en tant que jeune on n’apprécie pas mon travail ».
Les jeunes de la région sud-est ont aussi évoqué le racisme comme l’une des expressions de violences auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Leur pauvreté, la couleur de leur peau et leurs origines ont été citées plusieurs fois. Ceux qui appartiennent à un peuple indigène ont dit que c’est parce qu’ils sont jeunes et indigènes, ils n’ont pas accès à un travail décent et que dans certains cas, les gens supposent que « parce que je suis jeune ou indigène, je veux les voler ».
De leur côté, les jeunes femmes ont assuré qu’il y a une inégalité entre les sexes puisqu’elles ne sont pas autorisées à faire ce qu’elles veulent ou doivent faire face à des conflits si elles n’acceptent pas les rôles qui leur sont imposés. Elles observent des expressions de misogynie sur leur lieu de travail, leurs salaires sont plus bas et elles doivent accepter une charge de travail domestique plus élevée.
3) Pauvreté et chômage
Selon le Conseil national pour la prévention de la discrimination (Conapred), « près de la moitié des jeunes au Mexique vit dans la pauvreté ». Cette situation les place comme un secteur très vulnérable, quand ils sont par ailleurs perçus comme une menace pour la cohésion sociale, les excluant des espaces et opportunités de travail ou d’éducation.
Bien que les jeunes aient reconnu la sécurité-tranquillité comme le premier élément nécessaire pour vivre en paix et atteindre le bien-être, le deuxième facteur le plus cité a été l’accès et la garantie des droits humains fondamentaux. Une grande majorité des réponses se concentre sur les moyens de subsistance et un travail stable comme condition sine qua non pour une vie décente. « Avoir les moyens nécessaires pour avoir une vie décente et une santé physique, mentale et socio-émotionnelle » et « avoir une stabilité économique qui me permette de couvrir tous mes besoins » sont quelques exemples des opinions exprimées.
4) Manque d’accès aux services d’éducation et de santé
D’un autre côté, l’absence et l’abandon de la scolarité continuent d’être un défi pour les jeunes au Mexique, surtout en raison des écarts sociaux qui affligent les plus pauvres, en particulier dans les zones rurales. C’est le cas de l’état du Chiapas, où le pourcentage de jeunes entre 15 et 24 ans qui vont à l’école est de 35%, le plus bas au niveau national, tandis que le plus élevé se présente à Mexico avec 55% de jeunes scolarisés, ceci selon le recensement de la population et de l’habitat 2020 de l’INEGI.
Les temps de trajet excessifs, les plans d’études qui excluent les jeunes ayant des capacités différentes ou les indigènes, ainsi qu’un pourcentage élevé de jeunes qui n’ont pas accès à l’éducation en raison du manque d’argent, sont quelques-uns des problèmes les plus visibles.
De plus, 5,2 millions d’étudiants et d’étudiants de tous niveaux ont interrompu leurs études en raison de la crise générée par la pandémie de COVID-19. Ces élèves âgés de 3 à 29 ans « ne se sont pas inscrits à l’année scolaire 2020-2021 », selon l’Enquête pour mesurer l’impact du COVID-19 sur l’éducation (ECOVID-ED) 2020. D’autre part, on constate que sur le total des jeunes au Mexique, seulement 32,3% ont accès à la sécurité sociale.
L’accès à l’éducation et à la santé sont deux thèmes très présents dans l’analyse que les jeunes ont menée sur leur réalité. Même si ces questions ont été moins souvent évoquées, des aspects tels que la peur de tomber malade et de ne pas pouvoir payer les traitements médicaux, le souci pour leur propre santé et de celle des membres de leur famille, ainsi que le désir de vivre dans un environnement sain, sont été des éléments qui apparaissent dans les questionnaires.
La perception des jeunes comme auteurs de violence
Malgré toutes les formes de violences auxquelles les jeunes sont confrontés au quotidien, historiquement l’accent mis sur les adultes et les stéréotypes générationnels ont contribué à construire l’image des jeunes comme auteurs de violence ou agresseurs. De ce fait, la condition juvénile reste « compromise et vulnérable » dans une identification des victimes de violence qui permettrait des réponses qui leur donne la priorité.
Urteaga et Moreno soulignent que la présomption selon laquelle les jeunes « doivent être combattus parce qu’ils sont coupables de violence » tend à les incriminer, à justifier les actes de persécution et à établir un cadre juridique dans lequel les jeunes – criminels – peuvent être tués sans que cela implique commettre un délit.
En 2019, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a mené une étude sur les crimes dus à la violence sexiste, aux gangs et à d’autres types de meurtre. Le document révèle que les hommes de plus de 9 ans représentent plus de 50% des victimes selon les données de 41 pays. Il affirme que la probabilité qu’un enfant soit assassiné « augmente avec son âge », établissant la période entre 15 et 29 ans comme celle présentant le risque d’homicide le plus élevé dans le monde.
En Amérique, on estime que 46 victimes sur 100 000 ont entre 18 et 19 ans. Une information intéressante présentée par cette publication est le fait que « les niveaux les plus élevés de violence sont associés aux jeunes hommes, autant comme victimes que comme agresseurs ».
En ce sens, les résultats des questionnaires montrent que les hommes sont perçus comme les principaux agresseurs, tandis que les femmes occupent la première position dans la catégorie des victimes. À la question « où vous situez-vous sur l’échelle victime-agresseur ? » une écrasante majorité s’est identifiée comme « victime » et dans certains cas comme « victime/agresseur », mais aucune ne s’est identifiée exclusivement comme « agresseur ».
Le document de l’International Peace Institute (IPI) Youth Participation in Global Governance for Sustaining Peace and Climate Action (2021) montre comment les mouvements de jeunesse jouent un rôle de plus en plus important en participant à des initiatives visant à construire la paix dans leurs communautés. Cependant, dans les forums mondiaux d’élaboration des politiques, les jeunes continuent d’être marginalisés suivant les stéréotypes d’âge et de genre: les hommes continuent d’être identifiés comme auteurs de violence tandis que les jeunes femmes sont présentées comme des victimes passives.
La stratégie actuelle du gouvernement mexicain vis- à-vis de la jeunesse mexicaine
Compte tenu des conditions de manque d’accès aux droits humains vécues par les jeunes mexicains, des organisations telles que Conapred ont souligné la responsabilité des différents niveaux de gouvernement à l’heure de garantir « l’accès à un emploi formel, bien rémunéré avec des bénéfices sociaux ; l’accès à des services de santé et d’éducation de qualité à tous les niveaux, et la lutte contre la violence dans les foyers, les écoles et les communautés (principalement le crime organisé, les crimes de droit commun et la traite des êtres humains) ».
En janvier 2019, le gouvernement fédéral a lancé le programme social Jeunes construisant le Futur, qui offre 4 310 $ par mois (plus sécurité sociale), en mettant en relation 301 003 jeunes entre 18 et 29 ans avec une entreprise, une institution ou un atelier. Ceci afin de « développer ou renforcer des habitudes de travail et des compétences techniques pour augmenter leurs futures possibilités d’employabilité ». Au Chiapas, 30 299 jeunes font partie de ce programme, dont 54,7% sont des femmes et 45,3% sont des hommes. Différents secteurs de la société ont toutefois critiqué ce programme car, bien qu’il ait un alignement multiple en termes de droits sociaux, les boursiers ne peuvent participer qu’une seule fois et à la fin de la période de formation, « le lieu de travail n’a aucune obligation » de les embaucher (Rapport de l’Organisation de gestion sociale et de coopération, Gesoc, 2019).
En contrastant les opinions exprimées dans les questionnaires, il est possible d’observer que bien qu’il existe des politiques qui cherchent à aborder des questions prioritaires telles que l’accès aux droits à l’éducation, au travail et à la santé, les préoccupations dominantes de la jeunesse mexicaine restent sans réponse concrète ni programme spécifiquement dirigée vers ce secteur.
Ce que signifie vivre en paix pour la jeunesse mexicaine
Dans le cadre du Forum des Nations Unies sur la mise en œuvre de l’agenda Jeunesse, Paix et Sécurité, Jayathma Wickramanayake a souligné la nécessité de percevoir les jeunes comme membres de tous les efforts, en particulier ceux en faveur de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix. Les stéréotypes et les mythes de violence qui les entourent continuent en effet de contribuer à leur marginalisation.
« Ces perceptions erronées peuvent conduire les décideurs politiques à adopter une approche sécurisée (sic) de la jeunesse, de la paix et de la sécurité et à négliger les efforts des jeunes artisans de la paix. Dans certains cas, la perception que les jeunes militants sont une menace pour la sécurité nationale peut aussi les mettre en danger », mentionne l’organisation International Peace Institute.
À son tour, Jayathma Wickramanayake affirme que « les jeunes résistent, protestent, organisent et mettent en œuvre des initiatives de consolidation de la paix dans leurs communautés et pays pour restaurer les valeurs démocratiques, la bonne gouvernance et les institutions transparentes dans les lieux où ils vivent », ceci malgré les préjugés et opinions qui considèrent les jeunes comme problématiques ou victimes passives.
A la question « qu’est-ce que cela signifie pour vous de vivre en paix ?”, la réponse la plus fréquente des jeunes a été « vivre sans peur ». Une grande majorité a exprimé ouvertement son désir de vivre sereinement, sans peur ni inquiétude : « c’est ne pas avoir à se soucier de sa sécurité », « sortir et ne pas avoir peur », « pouvoir se promener librement dans les rues, sachant que tes proches sont sains et saufs à l’intérieur de la maison ou qu’un enfant peut se rendre au magasin sans craindre d’être kidnappé; vivre en paix c’est vivre en harmonie et en tranquillité dans l’espace où l’on vit avec ses voisins ».
De plus, les jeunes femmes ont répondu que pour elles, cela signifie « pouvoir réaliser mes activités et mener ma vie sans peur, sans peur d’être agressée, sans peur d’être violée et rentrer saine et sauve chez moi », « c’est ne pas avoir à se soucier de savoir si je rentrerai ou non chez moi. »
Outre l’insécurité, nombreux sont ceux qui identifient d’autres facteurs qui pourraient contribuer à une vie souhaitable et digne, parmi lesquels on trouve : la garantie des droits humains fondamentaux, le respect et la solidarité, la fin de la corruption et l’accès à la justice. Pour eux, vivre en paix, c’est aussi : « avoir la santé », « la stabilité économique », « un travail décent », « une vie bien remplie », « un monde où on me respecte et où je peux garder ma famille sans angoisse et sans avoir à quitter l’état pour chercher du travail ailleurs»,« un mode de vie où il y existe un respect entre tous les individus sans aucun type de discrimination »,« être calme, avoir une vie bien remplie, avec la facilité d’obtenir justice ».
Dans le cas de ceux qui appartiennent à des peuples autochtones, en particulier dans le sud du pays, vivre en paix comprend également la résolution pacifique des conflits liés à la terre et au territoire, ainsi qu’« avoir le droit à une consultation préalable et éclairée sur tout ce qui porte atteinte à la vie».
Faire écho de l’exigence « Être libre et vivre sans peur »
La profonde inquiétude face aux niveaux croissants de violence et d’insécurité ainsi que la précarité progressive de la vie des jeunes mexicains ont été les principales motivations qui ont conduit le SIPAZ, WPDI et CORECO à les consulter directement sur ces questions. Cet exercice de consultation nous a permis d’approfondir notre connaissance des réalités diverses et contrastées que les jeunes vivent.
Cet exercice était un moyen pratique pour nous d’établir une communication avec les jeunes au milieu de la crise générée par la pandémie de COVID-19. Bien qu’il s’agisse d’un exercice de communication satisfaisant et enrichissant, il a également suscité des inquiétudes quant au besoin croissant de ce secteur de la population de recevoir une attention directe, spécifique et contextualisée. Nous avons écouté attentivement leur profonde préoccupation pour leur sécurité et leur survie, ainsi que celles de leur entourage. Nous notons également leur exigence de justice et la garantie urgente de leurs droits humains fondamentaux.
Nous sommes frappés par le fait que certaines questions que les universités et les organisations de la société civile considèrent comme centrales apparaissent avoir peu d’importance dans les résultats obtenus, par exemple : les migrations, les abus d’autorité par les fonctionnaires et les forces de l’ordre, ainsi que les déplacements et les disparitions forcées, entre autres. Nous savons que cela peut être dû à des limitations méthodologiques, mais nous considérons également que le sentiment d’urgence et le besoin prédominant de survie face au COVID-19 ont relégué certains besoins et demandes au second plan.
Bien qu’un tiers des participants se soient identifiés comme des acteurs capables d’agir de manière positive et non violente face aux conflits, nous sommes particulièrement préoccupés par la perception quasi généralisée du manque d’alternatives et d’outils pour agir, ainsi que le sentiment implicite de manque de perspective future.
Ce document est une invitation à réfléchir sur le rôle que nous jouons dans chacun des contextes et aspects de la vie des jeunes, et comment nos actions et nos paroles permettent ou entravent le plein exercice de leurs droits, ainsi que leur confiance en eux-mêmes pour transformer positivement leur environnement.
Enfin, nous nous joignons aux voix diverses des jeunes dans leur demande de reconnaissance, d’appréciation, de respect, de justice, de garantie de leurs droits, de sécurité alimentaire, de sécurité climatique et de protection de leurs territoires. Mais surtout, et fidèle à leur formulation, nous nous joignons à leur revendication de vivre dans un pays sans violence, un pays où on peut « être libre et vivre sans peur ».