DOSSIER II : Les élections au Chiapas – Le PRI a gagné grâce à un taux élevé d’abstentionnisme
30/11/1998ANALYSE : Chiapas, un pas en avant… un pas en arrière
26/02/1999Les déplacés de Chenalhó : faibles espoirs de retour
Le massacre d’Acteal a provoqué plus de 6 000 nouveaux déplacés dans la commune de Chenalhó, mais le drame du déplacement avait commencé avant les événements tragiques de décembre 1997: en septembre et octobre 1997, environ 4 000 paysans autochtones avaient déjà du fuir de leurs communautés en raisons des les menaces de mort qu’ils recevaient. Parmi les 10 000 déplacés dans la zone actuellement, 2 500 appartiennent au groupe de Las Abejas.
Le déplacement a constitué un événement traumatisant à bien des niveaux : le fait de recevoir des menaces de mort, les pertes matérielles (abandon ou destruction de leurs maisons, pertes de leurs propriétés, animaux, récoltes, etc.), la séparation avec certains parents et proches (tous n’ont pas fuit), l’impossibilité de travailler, etc.
Comme le souligne le Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de las Casas dans sa dernière parution (« Acteal: entre le deuil et la lutte »), à Acteal, s’ajoute encore le traumatisme du massacre qui a eu un effet tant au niveau individuel, que familial, commuanautaire et social. Dans les premiers temps qui ont suivi le massacre, les gens se sentaient abattus, ils ne savaient pas quoi faire et espéraient des autres qu’ils leur dictent leur ligne de conduite. Ils avaient l’impression qu’ils ne valaient pas grand chose. Mais, chaque personne et communauté disposent de ressources naturelles et culturelles qui leur ont permis de se remettre petit à petit : le temps qui passe, la sécurité, l’affection, la foi. Dans le cas des Abejas, la foi est un élément central : ils ont fréquemment des espaces de jeûne et de prière; et le 22 de chaque mois, ils célèbrent une messe qui leur permet de garder l’espoir en dépit de leurs difficultés.
Les conditions de vie dans lesquelles se trouvent les déplacés ne favorisent pas un développement digne. Même si elles se sont sensiblement améliorées depuis leur arrivée l’an passé, la situation sur le plan de l’hygiène (manque de latrines et d’eau potable) et de la santé (maladies multiples) laissent encore à désirer.
Les enfants déplacés souffrent aussi des conséquences du déplacement dans la mesure où ils ne peuvent aller à l’école. A Acteal, les Abejas en ont construit une avec des tôles mais ils manquent de fournitures scolaires et d’enseignants qui puissent donner les cours. Les enfants déplacés ont d’ores et déjà perdu un an de scolarité et, si rien ne change, ils en perdront un autre l’an prochain.
La situation des déplacés n’a rien d’évident, et peut être que le plus difficile est de devoir se faire à la dépendance que dite situation génère. Il y a plus d’un an, ils ont dû fuir de leurs communautés sans rien d’autre que les vêtements qu’ils portaient sur eux. Depuis, ils dépendent de l’aide humanitaire pour se vêtir, se protéger du froid, se nourrir et se soigner. Vicente, un représentant du groupe « las Abejas » nous a confié: « Nous avons honte de demander de l’aide, nous ne sommes pas habitués à faire l’aumône, nous n’avons jamais rien demandé lorsque nous étions dans nos communautés, pas même au gouvernement. Mais ce n’est pas parce que nous le voulions que nous sommes partis de nos communautés, ce n’est pas parce que nous le voulons que nous demandons de l’aide ». Certaines organisations humanitaires comme Caritas pensent que la phase d’urgence a désormais pris fin et que les déplacés doivent rechercher « l’auto-suffisance ». L’aide humanitaire peut également provoquer une certaine jalousie de la part d ceux qui n’en bénéficient pas. Le coordinateur de la CNDH pour le Chiapas nous a ainsi affirmé qu’il avait reçu de nombreuses lettres (à l’attention du gouverneur du Chiapas) rédigées par des personnes de Chenalhó affiliées du PRI qui se plaignaient de ne recevoir aucun soutien de la part du gouvernement de l’Etat alors qu’eux aussi ont des besoins et qu’ils ne reçoivent aucune aide.
En plus des conditions de vie difficiles, les déplacés souffrent d’une situation d’insécurité permanente quand certains des paramilitaires qui les menaçaient continuent à circuler autour des campements. Selon Vicente, environ 150 d’entre eux sont encore en liberté dans 10 communautés de la municipalité. Les déplacés ne peuvent en conséquence se rendre à leurs champs pour travailler. Au cours des deux derniers mois, certains déplacés des Abejas (de Los Chorros) se sont rendus à leurs champs en petits groupes de 10 pour préparer la récolte de café. Ils ont déclaré au Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de las Casas que les paramilitaires étaient en train de se réarmer et qu’ils préparaient une autre attaque contre les Abejas. Dans ces conditions, le retour à leurs terres d’origine est impossible dans la mesure ou leur sécurité ne peut être assurée.
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Actions recommandées
- Se joindre à la campagne de l’Assemblée National pour la Paix et envoyer des cartes de voeux par fax ou courrier électronique au Président de la République mexicaine, au Ministre de l’Intérieur et au Gouverneur de l’Etat du Chiapas en utilisant comme une partie de votre texte la phrase : « Acteal: Plus jamais un Noël sans nous ! ».
webadmon@op.presidencia.gob.mx
Lic. Roberto Albores Guillen
Gobernador del Estado de Chiapas
Fax. (int-52-961) 20917